>> ENGLISH VERSION   
N°25
AVRIL 2007

SOMMAIRE

white cube Éditorial
white cube Mutilations Génitales Féminines
white cube Coopération avec l'ONU
white cube Les femmes en politiques
white cube Entrevue avec M. Erman Suparno
white cube Droit de l'homme
white cube Coopération technique
white cube Évolution parlementaire
white cube Lu dans la presse

Previous issue Autres numéros
de la Revue

Next issue

AUSSI SUR CE SITE

white cube L'Union en bref
white cube Quoi de neuf ?
white cube Communiqués de presse
white cube Publications
white cube Base de données PARLINE
white cube Base de données PARLIT
white cube Questions et commentaires
white cube Recherche rapide

Le Monde des Parlements
Mutilations Génitales Féminines

"L'avis de l'Université Al-Azhar contre les mutilations sexuelles féminines est un pas important"

Le 6 février, Journée internationale de tolérance zéro contre les mutilations génitales féminines, le Président de l'UIP, M. Pier Ferdinando Casini, a appelé les législateurs à intensifier leur action pour combattre les mutilations génitales féminines, particulièrement dans les régions où cette pratique est largement répandue. "Des lois ne doivent pas seulement être adoptées mais aussi être mises en oeuvre dans tous les pays concernés. Mais réprimer ne suffit pas. Il est important de changer les mentalités et de travailler pour le développement. L'avis rendu en novembre 2006 par l'Université Al- Azhar au Caire, la plus haute autorité religieuse du monde islamique, est donc un pas important dans la lutte contre les mutilations génitales féminines". Pour le Directeur du Centre islamique pour la recherche et les études sur la population de l'Université Al-Azhar, cette déclaration aura un grand impact. Entretien.

"De nombreuses femmes feraient n'importe quoi pour donner satisfaction à leur mari"

Dr. Gamal Serour Q: M. Serour, l'université Al-Azhar, le plus haute autorité en matière de religion dans le monde islamique a émis un avis contre les mutilations génitales féminines. Quelle est son importance?
Dr. Gamal Serour:
Les mutilations génitales féminines n'ont aucune base religieuse, que ce soit dans le Coran ou dans les Hadiths authentiques, les citations attribuées au Prophète Mahomet. La science a démontré que ces mutilations nuisent à la santé des enfants et diminuent la qualité de leur vie. Elles sont dès lors interdites et ne devraient être pratiquées ni par des praticiens traditionnels ni par le corps médical. Cet avis, émis par le Recteur et le Grand Cheik de l'Université Al-Azhar a été inclus dans le livre que nous avons publié en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF).

Q: Quel impact cet avis peut-il avoir?
G.S. :
Il aura un grand impact, partout dans le monde, et plus particulièrement dans le monde islamique. Al- Azhar jouit d'un grand respect parmi les Musulmans du monde entier et un avis émis par cette université a une signification spéciale pour tous les Musulmans. Cet avis a été bien reçu par les participants de la conférence organisée au Sénégal, en décembre 2005, par l'Union parlementaire africaine (UPA) et l'Assemblée nationale du Sénégal, en collaboration avec l'UIP et l'UNICEF. Le Centre islamique de l'Université Al-Azhar et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) ont publié un autre document sur les mutilations sexuelles féminines en collaboration avec le bureau méditerranéen de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce document contient une analyse critique des mutilations sexuelles féminines et conclut qu'il n'existe aucune référence faisant foi concernant ces pratiques dans la loi islamique, qu'elles sont dangereuses pour les petites filles et par conséquent qu'elles ne doivent pas être appliquées.

Q: Combien de temps pensez-vous qu'il faudra pour éradiquer ces pratiques?
G.S. :
Des dizaines d'années seront nécessaires pour éradiquer les mutilations sexuelles féminines car cette pratique est profondément ancrée dans la culture de certains pays, particulièrement en Afrique et en Asie. Nous devons convaincre tous les gens, hommes et femmes, que cette pratique traditionnelle n'apporte aucun bienfait. C'est pourquoi il est très important de travailler en étroite collaboration avec les chefs religieux, les chefs coutumiers, et avec les présidents des comités chargés de l'éthique au sein de la Fédération internationale de gynécologie et d'obstétrique (FIGO). La FIGO a d'ailleurs publié des recommandations qui s'adressent au personnel médical et aux chefs religieux, ainsi qu'aux parlementaires.

Q: Il semble qu'après la Conférence de Dakar les choses avancent. Qu'attendez-vous des législateurs?
G.S. :
Je voudrais qu'ils continuent de travailler sur cette question, notamment dans les régions où les mutilations sexuelles féminines sont largement pratiquées. Je recommande qu'ils mettent en place des lois et veillent à ce qu'elles soient respectées.

Q: Est-il plus facile de convaincre un homme ou une femme d'abandonner les mutilations sexuelles féminines?
G.S. :
Nous devons convaincre les deux, car dans les pays en développement, les femmes souffrent de préjugés et de répression. De nombreuses femmes feraient n'importe quoi pour donner satisfaction à leur mari. Tant que leurs maris ne seront pas convaincus que ces pratiques sont nuisibles, les femmes continueront malheureusement de les appliquer. C'est parce que les femmes veulent satisfaire leurs partenaires, trouver un mari et être acceptées par la société, qu'elles continueront de se soumettre à ces pratiques nuisibles. Tant que nous ne pourrons pas convaincre les hommes et les femmes que ces pratiques sont dangereuses, nous ne pourrons pas gagner la bataille contre les mutilations sexuelles féminines.

 PAGE D'ACCUEIL | PRINCIPAUX DOMAINES D'ACTIVITES | FONCTIONNEMENT ET DOCUMENTS 

 
Copyright © 2007 Union interparlementaire