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MENSUEL PUBLIÉ SUR LE WEB 31 mars 2000, Numéro 8
  L'invité du mois

I N T E R V I E W
M James Wolfensohn
Président de la Banque Mondiale

James Wolfensohn Le Président de la Banque Mondiale, M James Wolfensohn, déclare vouloir intensifier le dialogue avec les membres des Parlements, à l'heure où la perspective de développement économique pour les pays pauvres n'est guère encourageante. Entretien :

Q : Au début de 1999, vous avez lancé une importante initiative dénommée Cadre de développement intégré (" Comprehensive Development Framework " - CDF). De quoi s'agit-il et quels ont été les principaux succès enregistrés et obstacles à sa mise en œuvre ?

J. Wolfensohn : Le Cadre de développement intégré (CDF) est un mécanisme permettant aux pays de gérer les connaissances et ressources pour concevoir et mettre en œuvre des stratégies de développement économique et de lutte contre la pauvreté. Il repose sur une vision à long terme - conçue par chaque pays intéressé par le biais d'un processus participatif de consultation nationale - faisant la part égale à la bonne gestion macro-économique et financière, d'une part, et aux politiques sociales, structurelles et humaines, de l'autre. Le CDF n'est toutefois pas un modèle. Chaque pays doit pouvoir arrêter librement ses priorités et programmes. Pour assurer une utilisation optimale des ressources humaines et financières, le CDF met l'accent sur le partenariat entre l'Exécutif (au niveau national, régional et local), la société civile, le secteur privé et les organismes d'aide extérieurs. Il encourage la concertation pour une utilisation plus rationnelle et cohérente des flux financiers et met à profit les synergies entre partenaires du développement. En outre, comme le reconnaît de plus en plus la communauté internationale, le partenariat et l'effort concerté peuvent renforcer la capacité des gouvernements à gérer l'aide extérieure au développement.

S'agissant des succès enregistrés, je soulignerais trois choses : premièrement, nous appuyons la mise en oeuvre de cette approche à titre expérimental dans 13 pays du monde et il ne fait aucun doute que le processus CDF a permis de galvaniser en partie les forces vives de ces sociétés en associant des groupes qui avaient jusqu'alors des difficultés à participer au processus de prise de décision. Le CDF a permis une meilleure coordination entre les organismes donateurs dans les pays pilotes, réduisant ainsi les insuffisances et doubles emplois de l'aide au développement. Enfin, la Banque a conçu avec le FMI une nouvelle approche de coopération avec les pays à faible revenu : la Stratégie de lutte contre la pauvreté ("Poverty Reduction Strategy Paper" PRSP). Il s'agit d'un dérivé du CDF ou d'un processus similaire nécessaire à tout allégement de la dette des pays à faible revenu au titre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et qui servira de base à la mise en œuvre des programmes de la Banque et du FMI dans les pays à faible revenu. La PRSP peut être perçue ainsi comme un mécanisme que les pays peuvent utiliser pour mettre en œuvre le CDF, et ceux qui ont recours au CDF comme instrument de développement (Ghana, Ouganda et Bolivie, par exemple) sont effectivement dans le peloton de tête des pays qui élaborent avec succès une stratégie de lutte contre la pauvreté.

Le défi majeur que rencontre le CDF est celui de sa pérennité face aux changements politiques dans les pays où il est mis en œuvre. En effet, dans certains des pays où le CDF est en phase d'expérimentation (Ethiopie, Erythrée, Côte d'Ivoire), un conflit à la fois interne et externe a compromis le rythme de progression du CDF. S'il est correctement appliqué, le CDF doit pouvoir contribuer à la poursuite du programme de développement économique du pays concerné face aux changements politiques découlant des cycles électoraux normaux. Ce sera là, à mon avis, un des défis majeurs qui nous attendent.

Q : Vous allez publier cette année le Rapport sur le développement dans le monde. Quelles en sont les grandes lignes et la portée ?

J.W. : Le Rapport sur le développement dans le monde 2000/2001 qui paraîtra cette année traite des mesures stratégiques qui s'imposent à notre avis pour lutter contre la pauvreté dans les premières décennies du nouveau millénaire. Il s'agit de relever les défis découlant des expériences de la décennie écoulée, à savoir notamment, l'inefficacité de la lutte contre la pauvreté, hors de l'Asie orientale, l'impact contrasté de la mondialisation, les effets dévastateurs des conflits et les processus inégalitaires qui ont accompagné la transition de nombreux pays à économie planifiée vers l'économie de marché.

Le Rapport 2000/2001 consacre une acception très large de la pauvreté, allant au-delà des critères désormais classiques - revenu/consommation et éducation/santé - et incluant les suivants : risque/vulnérabilité et marginalisation/exclusion. Selon ce rapport, les résultats en matière de développement dépendent non seulement des processus économiques mais aussi de facteurs sociaux et politiques : les normes, valeurs et institutions qui jouent un rôle de premier plan dans le processus économique. Dans le cadre de l'élaboration du rapport, il a été procédé à une étude dénommée "La parole aux pauvres" portant sur 23 pays, qui a donné lieu à l'interview de plus de 20 000 personnes pauvres et l'analyse de 75 études récentes sur la pauvreté. Ce rapport, en donnant la parole aux pauvres, révèle les multiples facettes de la pauvreté et du dénuement : la faillite des institutions, souvent répressives par nature, l'impuissance, l'insécurité et la vulnérabilité et, enfin, le manque de possibilités de développement économique, autant de facteurs très préoccupants.

Le Rapport 2000/2001 traite de ces problèmes en préconisant une lutte contre la pauvreté sur trois fronts :

  • donner aux pauvres les moyens de se prendre en charge en leur permettant de participer davantage et de faire mieux entendre leur voix dans le processus de prise de décision, et en maîtrisant l'accentuation des inégalités;
  • assurer la sécurité face aux chocs au niveau des ménages et des nations et protéger ceux et celles qui ne profitent pas des bienfaits de la croissance;
  • ouvrir des perspectives, en créant les conditions d'une croissance économique durable, pour générer les moyens de réduire la pauvreté.

Le message qu'expriment les personnes interrogées est vraiment éloquent. Je recommande aux Membres de l'Union interparlementaire de se référer à l'abrégé de ces consultations qui vient de paraître sous le titre de Voices of the Poor : can anyone hear us ? et qui peut être commandé par le biais du site Web externe de la Banque mondiale (www.worldbank.org).

Q : Selon vous, la Banque mondiale est en train de "repenser" le développement dans un contexte d'inégalités à l'échelle mondiale. Qu'entendez-vous par là ?

J.W. : Il semble que les inégalités entre les nations et au sein des nations se soient accentuées. S'il est vrai que certains indicateurs sociaux clés ont connu une amélioration sensible au cours des deux dernières décennies (mortalité infantile, espérance de vie, taux de scolarité primaire), il n'en demeure pas moins que le fossé entre les plus riches et les plus pauvres, tant d'un pays à l'autre qu'à l'intérieur des pays, n'a cessé de se creuser. Durant la décennie écoulée, malgré l'accroissement sensible de la production économique mondiale, le nombre de personnes vivant dans un état de pauvreté extrême (revenu inférieur à 1 dollar par jour) était pratiquement le même en 1998 qu'en 1987 et le pourcentage que représente cette population n'a que très peu baissé, passant de 28 pour cent en 1987 à 24 pour cent en 1998. Ce léger mieux traduit une croissance lente dans certaines régions mais, à une plus large échelle, une dégradation en matière de répartition du revenu dans les pays comptant la plus importante population de déshérités. Les tendances actuelles laissent présager que bon nombre de pays en développement ne seront probablement pas en mesure d'atteindre l'objectif international en matière de développement, qui est de réduire de moitié la pauvreté extrême d'ici l'an 2015. Cette accentuation des inégalités s'est produite en un moment où nombre de pays les plus pauvres du monde demeurent largement exclus du processus de développement accéléré de la production et des échanges mondiaux.

L'accentuation des inégalités à l'échelle mondiale et les progrès limités accomplis dans la lutte contre la pauvreté ont relancé le processus de réexamen de l'approche de la Banque mondiale en matière de développement. Nous avons compris que, pour être efficaces, les programmes de réforme doivent être intégrés, participatifs et soutenus sans réserve par les gouvernements qui les mettent en œuvre. Le deuxième enseignement que la Banque a retiré des cinq dernières années est qu'il faut disposer d'un cadre social et structurel adéquat pour sous-tendre toute bonne gestion macro-économique et financière. Un cadre institutionnel solide, une gestion transparente, un système juridique et judiciaire approprié ainsi qu'un système financier stable sont les facteurs essentiels d'une croissance durable et équitable.

A la lumière de ces facteurs, la Banque a entrepris d'importantes réformes de ses politiques d'appui au développement dans les pays où elle opère. Au titre du CDF, elle a déployé d'énormes efforts pour améliorer la participation locale à la conception des programmes de réforme et pour promouvoir une vision intégrée à long terme du développement économique centrée sur l'allégement de la pauvreté. L'ampleur du problème de la pauvreté exige une approche concertée et un partenariat des donateurs. Si certains de ces éléments figuraient déjà dans la politique d'appui aux programmes de réformes adoptée par la Banque, le CDF marque un tournant net en mettant plutôt l'accent sur les questions de prise en main, de participation et de gouvernance et un effort résolu visant à faire de l'allégement de la pauvreté l'axe de notre action. Par ailleurs, je tiens à souligner que la Banque renforce actuellement ses programmes de promotion d'un développement piloté par les collectivités locales. Ce type de développement repose sur le principe que les organisations locales ont leur mot à dire sur la conduite et les ressources des programmes de la Banque. Bien que les montants en jeu pour chacun des programmes ne soient pas très importants, le CDD est à même d'assurer une affectation des ressources qui réponde mieux aux besoins des pauvres, ainsi que des acquis plus durables et équitables. Il permettra aussi d'aider les déshérités à développer leurs propres capacités de gestion et à renforcer leur pouvoir de négociation avec le gouvernement, le secteur privé, d'autres organismes d'aide au développement et la société civile.

Q : Vous avez récemment pris la parole devant la Xème CNUCED à Bangkok. Quels enseignements en avez-vous tirés pour votre organisation ? Quels changements éventuels avez-vous constatés depuis Seattle ?

J.W. : La Xème CNUCED a eu l'effet d'une cure de jouvence sur l'organisation qui en est sortie renforcée. La Déclaration de Bangkok de la CNUCED a mis l'accent sur une vision globale d'un développement "plus équitable" et des questions connexes dans les domaines du commerce, du financement, de l'investissement et de la technologie. Il est certain que cette réunion a fait ressortir une convergence de vues au sujet du développement. On notera aussi un large consensus entre les principaux intervenants à la Xème CNUCED, à propos du rôle clé que joue le commerce eu égard à la pauvreté. On s'accorde de plus en plus, par ailleurs, à reconnaître que les pays les moins avancés devraient bénéficier d'un meilleur accès aux marchés pour leurs produits d'exportation compétitifs. Par contre, il est apparu clairement que ces pays se heurtent à d'énormes difficultés d'intégration dans l'économie mondiale. Pour promouvoir l'intégration souhaitée, bon nombre d'orateurs ont estimé que l'aide au développement destinée aux pays les plus pauvres devait aller à l'appui de l'infrastructure, des compétences techniques, du cadre réglementaire et des structures. La Banque mondiale coopère étroitement avec d'autres institutions multilatérales dans la mise en œuvre de ce programme.

En outre, comme l'a relevé M. Ricupero, l'idée qu'un système international fondé sur des règles comporte des avantages certains pour les pays en développement semble avoir reçu un large aval à la conférence, ce qui redonne des chances de progresser au niveau de l'OMC. L'ouverture d'une nouvelle série de négociations a néanmoins suscité des divergences de vues marquées. Bien que l'idée d'un nouveau cycle de négociations ait progressé, un certain nombre de pays ont estimé qu'il faudrait, au préalable, parachever la mise en œuvre des accords conclus dans le cadre du cycle d'Uruguay.

Nous débattrons de manière plus approfondie la relation entre commerce et développement à la prochaine session de printemps du Comité du développement avec les Ministres des Finances et les Ministres de la Coopération.

Q : Quel est votre message aux parlementaires ?

J.W. : Je dirai tout d'abord combien il importe que le Groupe de la Banque mondiale intensifie son dialogue avec les parlementaires. Devant les perspectives assez sombres de la pauvreté dans les pays en développement, il est essentiel que des institutions comme la Banque mondiale engagent le dialogue avec les parlementaires pour trouver des solutions communes au problème de l'allégement de la pauvreté. Selon de récentes estimations de la Banque mondiale, si l'on s'en tient au schéma actuel de croissance lente et d'accentuation des inégalités dans les pays en développement, nous n'obtiendrons aucune amélioration du niveau de vie des 1,2 milliard de personnes vivant aujourd'hui avec moins de 1 dollar E.-U. par jour. En effet, les tendances actuelles indiquent qu'il sera pratiquement impossible d'atteindre les objectifs fixés par le Comité de l'aide au développement pour réduire de moitié la population des pauvres d'ici à l'an 2015. Les parlementaires, des pays en développement comme des pays développés, jouent un rôle clé dans la lutte contre cette tendance lourde de la pauvreté.

D'une part, les parlementaires des pays en développement doivent être un partenaire incontournable dans la conception et la mise en œuvre de toute stratégie nationale de développement à long terme. Comme le souligne le CDF, l'objectif d'allégement de la pauvreté et de développement économique durable exige une vision à long terme, bien au-delà des cycles électoraux de renouvellement du pouvoir exécutif, et requiert aussi que les pays soient parties prenantes au développement. Instance représentative du peuple, le Parlement joue un rôle de premier plan en veillant à ce que les objectifs de toute stratégie nationale de développement demeurent au centre de tout programme gouvernemental, au-delà des programmes des partis et des choix politiques.

D'autre part, les parlements des pays plus développés détiennent la clé de l'attribution des aides aux pays en développement. Si certains pays ont respecté leur engagement à l'égard des pays les plus pauvres en termes d'aide économique (notamment les pays nordiques et les Pays­Bas), l'aide publique au développement des pays de l'OCDE a chuté, passant de 0,33% du PIB en 1990 à 0,23% en 1998, taux encore bien inférieur au 0,7% préconisé par l'ONU. Cette baisse est particulièrement décevante puisqu'elle s'est produite en une période de prospérité prolongée dans la plupart des pays développés. A l'heure où les contraintes budgétaires nationales semblent faire de l'aide au développement une cible toute trouvée des coupes budgétaires, les parlementaires doivent prendre conscience du fait que les bienfaits de tout argent investi dans notre lutte contre la pauvreté et l'injustice sont inestimables : monde plus stable, meilleur environnement, croissance économique et échanges commerciaux accrus, et mortalité infantile réduite, entre autres.

Les défis sont de taille, certes, mais nous avons la possibilité d'œuvrer tous ensemble à la mise en place d'un mécanisme propre à favoriser l'avènement d'un monde plus pacifique, plus équitable et plus sûr.

  Point de mire

  Michel Vauzelle

IIIème CSCM à Marseille

A l'invitation du Parlement français, l'UIP tiendra à Marseille, du 30 mars au 3 avril 2000, sa troisième Conférence interparlementaire sur la sécurité et la coopération en Méditerranée (CSCM), sous la présidence de M. Michel Vauzelle, Président exécutif du Groupe français de l'UIP et Président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur. La CSCM est le seul processus qui intègre, sur un pied d'égalité, tous les Etats souverains de la Méditerranée - Albanie, Algérie, Bosnie-Herzégovine, Chypre, Croatie, Egypte, Espagne, Ex-République yougoslave de Macédoine, France, Grèce, Israël, Italie, Liban, Libye, Malte, Maroc, Monaco, Slovénie, Syrie, Tunisie, Turquie et Yougoslavie - ainsi que deux Etats non riverains dont la vie économique, politique et stratégique est directement liée à la Méditerranée - Jordanie et Portugal.

Pour le Président de la IIIème CSCM, M. Michel Vauzelle (France), "l'enjeu de la CSCM de Marseille est double. Premièrement, elle rassemble tous les peuples de la Méditerranée. Des peuples fiers, qui ont chacun une grande culture et qui doivent préserver la liberté de leur culture face au phénomène de la mondialisation. Mondialisation qui, comme son nom l'indique, risque d'imposer une culture unique à un l'ensemble du monde. Deuxièmement, nous avons tous intérêt, pour être plus libres et plus forts, de faire en sorte que la Méditerranée soit un espace de paix et que les tensions cessent, notamment au Proche-Orient. Il est également important de développer le partenariat Nord-Sud, non pas dans la perspective d'une supériorité du Nord par rapport au Sud, mais dans le sens ou le Nord apporterait une aide forte au respect des identités culturelles des Etats du Sud. Aide qui permettrait un développement économique et social et donc la paix pour les peuples du Sud de la Méditerranée."

Et le Président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur de conclure : "nous visons en l'an 2000, une année symbole qui doit être très importante pour la Méditerranée. Avec des perspectives de paix au Proche Orient et dans les Balkans. Les résultats de la IIIème CSCM pourraient inspirer la Conférence de Barcelone qui, à l'initiative de la France, se déroulera à Marseille en novembre 2000."

Les femmes changent-elles la politique?

Les hommes répondent

L'Union interparlementaire (UIP) salue le fait que de grands partis politiques tels que le RPR en France ou la CDU en Allemagne soient aujourd'hui dirigés par des femmes. L'organisation mondiale des parlements oeuvre en effet depuis de nombreuses années à la promotion du partenariat entre hommes et femmes en tant que l'un des fondements de la démocratie. Dans l'étude "Politique : Les femmes témoignent" (présentée le 6 mars dernier au Siège de l'ONU à New York, voir communiqué de presse No 92), l'UIP donne la parole à 187 femmes de 65 pays, tous horizons et tendances politiques confondus. Les hommes ne sont pas en reste, comme il ressort des réponses ci-après de quelques Présidents et membres de parlements à la question : l'arrivée des femmes en politique a-t-elle changé le langage et les priorités politiques?

M. Wolfgang Thierse, Président du Bundestag allemand

Je pense que les femmes ont recours à un autre style. Elles ne sont pas des hommes meilleurs, mais elles ont plutôt un autre style et ont peut-être une passion plus naturelle et plus concrète de la préservation de la vie humaine, et pour cette raison je pense qu'elles sont par nature moins belliqueuses, ce qui, à mon avis, a un impact positif sur la politique

M. Mélégué Traoré, Président de l'Assemblée Nationale du Burkina Faso

Pendant longtemps la politique, parce que c'est avant tout la gestion du pouvoir, a été l'affaire des hommes. Dans de nombreux pays, l'arrivée des femmes a bouleversé les données du politique et de la politique, et ce dans la façon même de faire de la politique. Désormais, les acteurs politiques sont obligés de s'occuper de questions beaucoup plus concrètes que par le passé. En Afrique, par exemple, les femmes c'est d'abord la vie quotidienne et pendant longtemps la politique était une affaire de gestion des institutions, la manière de percevoir les institutions, la manière de les appréhender, de les conduire. Aujourd'hui, il n'en va plus du tout ainsi. Je crois qu'au niveau du langage aussi cela a énormément changé. Il s'agit de s'adresser à la moitié de la population, même un peu plus d'ailleurs.

M. Juan Duch Martínez, Président de l'Assemblée législative d'El Salvador

Il importe de renforcer la démocratie avec la participation des femmes, puisque dans la quasi-totalité de nos pays, plus de 51% de la population sont des femmes. Cela nous invite à leur donner une possibilité de prendre part à ce nouveau processus. Dans nos pays, la participation de la femme est très importante. Elle s'occupe de l'économie domestique, de l'éducation des enfants et s'active aussi au niveau professionnel. Comme dans tous les pays, les femmes travaillent. Dans tous les pays démocratiques, le processus de participation de la femme est désormais en marche.

M. Guennadi Selznev, Président de la Douma d'Etat de la Fédération de Russie

Je pense que des changements majeurs n'ont pas encore eu lieu et que la politique reste encore largement une affaire d'hommes. La seule exception sont les parlements des pays scandinaves qui comptent de nombreuses femmes, y compris des présidentes. Je suis convaincu de la nécessité d'avoir plus de femmes parlementaires. Que cela nous plaise ou non, nous sommes plus sensibles aux problèmes du monde et aux problèmes de chaque pays. Comme mère ou gardienne du foyer ou consolatrice par excellence de l'enfant, la femme peut se révéler très efficace dans la gestion des questions délicates.

M. Juan Pablo Letelier, député chilien

Plus que des priorités je crois qu'elles introduisent de nouveaux thèmes. Les femmes et certaines parlementaires ont réussi à porter à l'ordre du jour des thèmes nouveaux, qui permettent d'avoir d'autres points de vue. Je ne sais pas si cela a réellement changé les choses mais il ne fait aucun doute que des sujets comme les droits des citoyens, le droit de la famille, la sécurité, les droits des femmes, qui sont des sujets que les hommes, par ignorance ou par envie ou à cause d'une méconnaissance de leur rôle dans la société, n'abordent pas. Les femmes ont pu mettre à l'ordre du jour des problèmes tels que ceux qui touchent les gens au quotidien : lois sur la filiation, divorce, planification familiale, accès aux systèmes de santé, retraite. Je crois que ce sont là des domaines où les femmes ont une grande influence.

Elles ont dit

Mme Faiza Kéfi, Ministre de l'Environnement, Tunisie
"Parlements, miroir des sociétés"

Les parlements sont les miroirs des sociétés et, de ce fait, plus ils renverront au monde et à leur peuple des images de démocratie, de solidarité, d'équité, de justice et d'évolution sociale, plus ils conforteront les sociétés dans ces valeurs. Et l'arrivée des femmes dans les parlements a eu cet effet. Le fait que des femmes participent à l'élaboration des budgets, à l'allocation des ressources du pays dans les différents secteurs, définissent des choix, des priorités, des perspectives d'avenir du pays a notablement transformé le paysage dans nos pays et notre façon de travailler et a surtout changé la nature des rapports entre les hommes et les femmes, qui sont traditionnellement des rapports de force et qui deviennent, dès lors des rapports de dialogue, de négociation et de concertation, de collaboration. En un mot, ce que nous préconisons ici à l'Union.

Mme Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme et ex-Présidente de l'Irlande
"Les femmes changent la situation"

Oui, absolument, l'arrivée des femmes en politique a changé les priorités politiques. Je peux le dire sur la base de ma propre expérience au Parlement irlandais, au Parlement européen où j'ai eu une longue expérience, de la relation de cause à effet qu'établissent les présidentes et présidents de parlement. Il faut reconnaître que le pouvoir implique la responsabilité et essayer par dessus tout d'être pratiques dans les changements. Je n'ai aucun doute là-dessus et je ne connais aucune femme à aucun poste de responsabilité qui ne soit d'accord avec moi. Cela a changé la situation et ce que qu'il faut maintenant c'est plus de femmes dans les gouvernements et les parlements et, bien entendu, au sein des syndicats et dans le secteur économique parce que cela fait bouger les choses.

Mme Marzieh Hadidchi, Membre de l'Assemblée consultative de la République islamique d'lran
"Exemples concrets"

Maintenant, une loi a été adoptée par notre parlement à l'effet d'établir ceci : en cas de divorce, la femme peut se prévaloir de mécanismes spéciaux garantissant le remboursement de la dot au cours actuel. Autre point : en cas de décès de la mère, par exemple, la pension est versée aux enfants, ce qui n'était pas le cas auparavant.

Mme Dalia Rabin-Pelossof, députée à la Knesset, Israël
"Elles contribuent à la paix et à la tolérance"

Il nous faut beaucoup plus de femmes en politique. Je peux parler de notre parlement : nous ne sommes que 11% et c'est un record car il y avait auparavant moins de femmes dans l'arène politique en Israël. Je suis sûre que les femmes peuvent changer le langage politique et faciliter les choses. Je crois que les femmes ont un sens pratique et peuvent contribuer largement à la paix, la tolérance et la démocratie à travers le monde. Je ne suis pas sûre de pouvoir citer un exemple concret, mais c'est une autre preuve qu'il nous faut davantage de femmes en politique.

Mme Inaam Abbas, membre de l'Assemblée nationale de la République arabe syrienne
"Cumul de responsabilités"

Le rôle politique de la femme est nécessaire. Nous sommes nombreuses au Gouvernement et au Parlement et dans les entreprises. Nous avons réussi dans toutes ces tâches mais nous souffrons encore du cumul des responsabilités familiales et professionnelles.

Brèves

Banque de données sur les femmes

L'Union interparlementaire a lancé le 8 mars dernier, sur son site Web www.ipu.org une base de données bibliographiques intitulés "Les femmes en politique". Cet outil permet d'orienter efficacement les recherches et l'accès à des références bibliographiques sur les différents aspects de la participation des femmes à la vie politique. "Les femmes en politique" comprend à ce jour plus de 800 références qui couvrent près de 100 pays.

Ils ont dit

A la Réunion parlementaire qui s'est tenue dans le cadre de la Xème CNUCED à Bangkok :

M. Supachai Panichpakdi
Parlementaires "Yeux, oreilles et voix du peuple"

En prenant la parole à la Réunion parlementaire organisée par l'UIP et l'Assemblée nationale thaïlandaise en coopération avec le Secrétariat général de la CNUCED, le Vice-Ministre du Commerce de la Thaïlande, M. Supachai Panichpakdi (futur Directeur général de l'OMC), a notamment déclaré que "les parlementaires sont non seulement les "yeux et oreilles" mais également "la voix" du peuple. Il a mis en exergue les problèmes urgents des pays en développement qui méritent attention, tels que "la nécessité de créer un environnement extérieur propice au renforcement des politiques nationales saines". Pour le futur directeur de l'OMC, "les nouvelles normes telles que celles touchant au travail et à l'environnement ne doivent pas être utilisées comme une nouvelle forme de protectionnisme. Il nous faut envisager des moyens d'assurer une intégration soigneusement échelonnée des pays en développement dans l'économie mondiale afin de renforcer le crédit du système commercial multilatéral".

M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la CNUCED
"Parlementaires, partenaires précieux"

"Vous êtes au nombre des partenaires dont nous avons impérativement besoin pour traiter des problèmes que pose la mondialisation et votre appui confère sans nul doute une dimension parlementaire à l'action de la CNUNCED. Vous jouez un rôle important en aidant les Nations Unies à relever les défis que posent la paix et la sécurité internationales...Votre précieux concours est requis pour que nos débats à la Xème CNUNCED soient effectivement pris en compte par les gouvernements".

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Base de données PARLIT : références bibliographiques sur les ouvrages et articles traitant le droit et la pratique parlementaires

Les femmes en politique: références bibliographiques à des ouvrages et articles sur le sujet des femmes en politique

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