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No.220, Genève/New York, 27 février 2006 IPU Logo-bottom

UN PARLEMENTAIRE SUR CINQ ELUS EN 2005 EST UNE FEMME

Un parlementaire sur cinq élus en 2005 était une femme, affirme l'Union interparlementaire (UIP), qui présente aujourd'hui ses dernières statistiques concernant les élections aux Chambres uniques ou basses de parlement, qui ont eu lieu dans 39 pays. Au total, 20 % des personnes élues aux Chambres uniques ou basses en 2005 étaient des femmes. Le Président de l'organisation mondiale des parlements, M. Pier Ferdinando Casini, par ailleurs Président de la Chambre des Députés italienne, souligne que l'année dernière a été marquée par une progression en ce qui concerne la place des femmes dans l'arène politique.

Les statistiques de l'UIP montrent qu'à la fin 2005, 16,3 % en moyenne des membres des Chambres basses et hautes du Parlement était des femmes, contre 15,7 % en décembre 2004. Cette évolution confirme les progrès continus enregistrés depuis 1995, lorsque la proportion des femmes au Parlement était de 11,3 %.

Le seuil des 30 % est atteint par un nombre croissant de parlements

Une augmentation de la représentation des femmes a été enregistrée dans 28 des 39 chambres basses qui ont fait l'objet d'élections (72 %) en 2005. Dans neuf pays, plus de 30 % des élus ou réélus à un mandat parlementaire sont des femmes. La Norvège arrive en tête pour l'année 2005. Quelque 37,9 % des élus y sont des femmes, ce qui place ce pays en troisième position au classement mondial où le Rwanda est toujours en tête devant la Suède (voir tableau et analyse [PDF 120Kb]).

L'Allemagne et le Danemark enregistrent une légère baisse du nombre des élues par rapport aux élections précédentes. Au Danemark comme en Norvège, les femmes occupent 30 % des sièges parlementaires depuis les années 1980. Ces pays semblent avoir atteint un " plafond " en matière de représentation féminine et la question se pose maintenant de savoir comment dépasser ce cap.

Andorre, le Burundi, la Nouvelle-Zélande et la République-Unie de Tanzanie viennent de rejoindre le groupe des pays où au moins 30 % des législateurs sont des femmes. La Nouvelle-Zélande a battu son record absolu de femmes parlementaires. En République-Unie de Tanzanie, la proportion des femmes élues à une assemblée législative a atteint un score de 30,4 %. Ce résultat mérite d'autant plus d'être souligné qu'il s'agit de la plus forte représentation de femmes jamais atteinte avec un scrutin majoritaire.

Avancées et reculs significatifs

Les plus importantes progressions ont été enregistrées dans plusieurs pays d'Amérique latine et notamment au Honduras (23 %). Ces avancées reflètent les tendances générales observées dans les parlements d'Amérique latine. L'Argentine, la Bolivie, le Honduras et le Venezuela ont mis en place des quotas électoraux pour favoriser les candidatures de femmes.

A Maurice, le nombre des femmes parlementaires a triplé, passant de quatre à 12, soit un gain impressionnant (17,1%). Ce résultat fait suite à une campagne concertée de la société civile et des partis politiques en faveur de la représentation des femmes, préconisant notamment la mise en place de quotas.

Une baisse du nombre des femmes a été constatée dans huit pays. L'ampleur de la baisse varie. En Egypte, les femmes ont toujours du mal à s'imposer dans le jeu électoral et seulement 2% des représentants élus en 2005 sont des femmes, ce qui ne représente qu'une diminution marginale par rapport aux élections précédentes. En Bulgarie, à la Dominique et à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, la représentation des femmes au Parlement a baissé. Le plus grand recul a été observé au Kirghizstan où la présence des femmes au Parlement est tombée à zéro. Cette chute s'explique en partie par le changement de la structure institutionnelle. Le Kirghizstan étant passé d'un parlement bicaméral à un parlement monocaméral, les parlementaires sortants se retrouvaient donc en concurrence pour un plus petit nombre de sièges et les femmes avaient dû affronter une difficulté encore plus grande.

Le nombre des parlements ne comptant aucune femme a augmenté en 2005. En Arabie saoudite, Micronésie et aux Tonga, aucune femme n'a obtenu de siège lors du renouvellement du Parlement bien qu'une femme ait remporté une élection partielle au Tonga en mai 2005. Neuf pays, pour la plupart des pays insulaires du Pacifique et des pays arabes de la région du Golfe, ne comptaient aucune femme dans leur parlement national en décembre 2005. L'absence de femmes aux parlements d'une grande proportion des Etats insulaires du Pacifique s'explique peut-être par l'absence de réseaux de soutien et d'aide financière au bénéfice des éventuelles candidates ainsi que par la culture traditionnelle qui ne favorise pas la participation des femmes à la politique.

Résultats positifs pour les Etats sortant d'un conflit

En 2005, des élections ont été tenues pour rétablir des parlements dans quatre pays sortant d'un conflit : Afghanistan, Burundi, Iraq et Libéria. Dans tous ces pays sortant d'un conflit, le pourcentage des femmes parlementaires a augmenté. En Afghanistan, au Burundi et en Iraq, les processus de rédaction constitutionnelle ont mené à l'introduction de dispositifs et de quotas électoraux visant à assurer un certain niveau de participation des femmes dans les structures parlementaires et gouvernementales. En Afghanistan, les femmes constituent aujourd'hui 27 % des législateurs. Au Burundi, la proportion de femmes au Parlement a fait un bond, passant de 18,4 à 30,5 %. En Iraq elles étaient plus de 30 % après les élections qui ont eu lieu en janvier 2005, mais ce chiffre est tombé à 25% après les élections de décembre 2005. Au Libéria, des directives avaient été adoptées relatives aux candidatures des partis politiques prévoyant un quota de 30 % de femmes sur les listes de partis. Toutefois, ces directives n'ayant été assorties d'aucune sanction, les partis politiques ne les ont pas respectées. Résultat: seulement 12,5 % des élus sont des femmes.

Ces quatre exemples montrent combien il est important d'inclure les femmes dans le travail de reconstruction de l'Etat après un conflit. Les pays présentent certes d'énormes différences mais ils ont un certain nombre de points en commun, notamment la convergence entre les mouvements des femmes au sein des pays et l'effort de la communauté internationale pour encourager la présence des femmes dans les parlements. Ces résultats confirment aussi la tendance qui veut que les femmes parlementaires dans les Etats sortant d'un conflit s'en sortent mieux qu'avant le conflit.

La question des quotas

Sur les 39 pays ayant tenu des élections en 2005 à une chambre basse ou unique du Parlement, 15 ont mis en place des mesures spéciales comme l'application volontaire de quotas (mesure adoptée par un ou plusieurs partis politiques en Nouvelle-Zélande, en Pologne et au Portugal), les quotas imposés aux partis politiques par la législation (Argentine, Bolivie, Burundi, Honduras, Libéria et Venezuela) et les sièges ou mandats réservés (Afghanistan et République-Unie de Tanzanie). Dans les pays ayant introduit des quotas pour les élections de 2005, la moyenne de la représentation des femmes est proche du double de celle des pays qui n'ont pas recouru à ces mesures : 26,9 % contre 13,6 %.

Au Royaume-Uni, avant les élections, les partis politiques ont tous beaucoup débattu du recours à la pratique des listes de présélection exclusivement féminines (" all women shortlists "), qui consiste à contraindre les partis, dans un certain nombre de circonscriptions, à choisir leurs candidats sur une liste uniquement composée de femmes. Seul le parti travailliste a finalement utilisé cette méthode à qui l'on doit principalement le grand nombre d'élues; le Royaume-Uni a en effet battu, avec 128 élues, son précédent record (120) de 1997.

Les quotas ne sont pas la seule explication des progrès des femmes dans le champ politique. Ils apportent un saut quantitatif mais, pour parvenir à l'égalité hommes-femmes en politique, il faut assortir les quotas d'une série d'autres mesures, qui vont de la sensibilisation à l'instauration d'un environnement propice en passant par la formation des femmes.

En outre, d'autres éléments contribuant à la présence accrue des femmes au Parlement doivent être pris en compte : développement socio-économique, volonté politique, évolution culturelle, et assistance et appui internationaux.

2005 : une étape importante vers le suffrage universel des femmes

La longue lutte en faveur des droits politiques des femmes au Koweït a finalement porté ses fruits, le Parlement entièrement masculin ayant accordé aux femmes, le 16 mai 2005, le droit de vote et l'éligibilité. En conséquence, on estime qu'aux prochaines élections, l'électorat sera majoritairement féminin : 195 000 des quelque 339 000 votants enregistrés en 2005 étaient des femmes. Les femmes vont donc pouvoir participer aux élections législatives de 2007 et aux élections locales de 2009. Cette victoire marque une tendance naissante mais très positive vers la participation des femmes à la vie politique dans les pays arabes. La lutte pour les droits politiques des femmes se poursuit en Arabie saoudite, où une loi électorale promulguée en 2005 n'interdisait pas expressément aux femmes de voter aux élections municipales de 2005. Elles ont cependant été exclues du scrutin, officiellement en raison de " contraintes de temps " et de considérations d'ordre logistique (une partie seulement des Saoudiennes possédant une carte d'identité avec photo, par exemple).

Femmes au sommet du pouvoir

Le nombre des femmes à la tête d'un parlement a atteint un record en janvier 2006. Au 1er février 2006, 28 chambres parlementaires, sur un total de 262, soit 10,7 %, sont présidées par des femmes. Même si ce chiffre est relativement faible, il marque cependant un progrès puisqu'en janvier 2005 seulement 7,2 % des présidents d'assemblées étaient des femmes. Un tiers des parlements présidés par des femmes se trouvent dans les pays des Caraïbes où des femmes président des parlements depuis déjà six ans. L'Europe est en bonne place également, avec 10 présidentes. Une femme a pris la présidence d'une chambre parlementaire pour la première fois en Albanie, au Burundi, en Nouvelle-Zélande et au Zimbabwe. La Nouvelle-Zélande constitue un exemple intéressant car presque tous les postes les plus importants y sont actuellement occupés par des femmes, y compris celui de premier ministre, de gouverneur général et de président du parlement.

S'agissant du nombre des femmes chefs d'Etat ou occupant la plus haute fonction du gouvernement à la fin de l'année 2005, la tendance est positive. En Nouvelle Zélande, Mme Helen Clarke a entamé son troisième mandat de premier ministre après la formation d'un nouveau gouvernement en octobre 2005. En Europe, un nombre record de femmes a accédé aux plus hautes fonctions, notamment en Estonie, en Finlande, en Ukraine et en Allemagne où Mme Angela Merkel est devenue la première Chancelière en novembre. L'année 2005 a marqué la première accession d'une femme à la fonction de chef d'un Etat africain, Mme Ellen Johnson-Sirleaf ayant remporté les élections au Libéria en novembre. En tout, 10 pays avaient des femmes chefs d'Etat ou de gouvernement en 2005. L'année 2006 a également commencé sur une note positive avec l'élection de Mme Michelle Bachelet, première femme à devenir présidente du Chili et la réélection de Mme Tarja Halonen à la présidence de la Finlande.

Réunions à New York sur les parlements et l'égalité des sexes

Pour souligner l'importance de la participation des femmes en politique, l'UIP, pionnière en matière de promotion du partenariat entre hommes et femmes en politique, organisera deux évènements au Siège de l'ONU à New York. Le lundi 27 février 2006, à 15 heures, des Présidentes de Parlement se rencontreront pour discuter notamment de la situation des femmes en politique et des enjeux de la réunion qui se tiendra le mercredi 1er mars, de 10 heures à 18 heures, dans la salle du Conseil économique et social (ECOSOC) et qui fera le point sur la contribution des parlements à la promotion de l'égalité des sexes.


Fondée en 1889 et basée à Genève, l'UIP, doyenne des organisations politiques internationales, compte 143 parlements nationaux affiliés et sept assemblées parlementaires régionales comme membres associés. L'organisation mondiale des parlements dispose d'un Bureau à New York en tant qu'Observateur permanent auprès de l'ONU.
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