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PLACE DU PETIT-SACONNEX
1211 GENEVE 19, SUISSE

Deuxième réunion thématique préparatoire
de la IIIe Conférence interparlementaire sur la
sécurité et la coopération en Méditerranée

Organisée par l'Union interparlementaire
à Evora (Portugal), les 25 et 26 juin 1998


FACILITER L'ACCES A L'INFORMATION
ET AUX ECHANGES CULTURELS EN MEDITERRANEE

RAPPORT GENERAL
présenté par M. Mohamed Hédi Khelil (Tunisie), Rapporteur général


En notre nom à tous, je voudrais d'emblée exprimer nos chaleureux remerciements à l'Assemblée de la République du Portugal, à l'Université d'Évora et aux autorités de cette province méridionale de l'Alentejo qui nous ont si généreusement accueillis ici, à Évora, les 25 et 26 juin 1998. J'aimerais aussi dire au Président du Groupe interparlementaire portugais et de la Réunion, M. Luis Filipe Madeira, notre gratitude pour la manière courtoise avec laquelle il a conduit nos débats; et à titre personnel, je ne voudrais pas manquer de le remercier aussi pour la confiance qu'il m'a témoignée en me demandant de le remplacer pour quelques heures à la présidence de la réunion.

Notre réunion constituait le deuxième volet de la préparation de fond de la IIIe CSCM que nous prévoyons d'accueillir à Tunis en fin 1999. Une troisième session préparatoire, qui devrait être consacrée à un thème relatif à la sécurité et la stabilité en Méditerranée, aura lieu auparavant à Ljubljana en mars 1999, à l'invitation de nos amis du Parlement de la Slovénie.

Lors d'une brève séance inaugurale, le Recteur de l'Université d'Évora, Dr. Jorge Araújo, le Président du Groupe interparlementaire portugais, M. Madeira, et le Président du Conseil interparlementaire, M. Miguel Angel Martínez, ont successivement pris la parole. Ce dernier nous a plus particulièrement invité à engager plus résolument encore la totalité des membres de nos Parlements et leur présidence dans l'action de l'Union interparlementaire, rappelant opportunément que nos Parlements sont appelés à jouer désormais un rôle plus actif et plus déterminant sur le terrain des relations multilatérales, qui a longtemps été la chasse gardée de l'Exécutif, et relevant que c'est l'ensemble des institutions de l'Etat, et pas seulement l'Exécutif, qui doivent faire entendre leurs voix au sein des Nations Unies.

Nos débats ont ensuite été lancés. M. Pierre Cornillon, qui après près de 35 ans au service de l'Union interparlementaire quittera ses fonctions de Secrétaire général de l'Organisation au lendemain de notre réunion, a présenté quelques observations liminaires inspirées de travaux antérieurs de l'Union interparlementaire sur le thème de la réunion. En l'en remerciant, je voudrais, en notre nom à tous, lui témoigner notre reconnaissance pour la part essentielle qu'il a prise dans le lancement et le développement du processus interparlementaire de la CSCM. Je voudrais aussi saisir cette occasion pour renouveler nos félicitations et notre appui au nouveau Secrétaire général, M. Anders Johnsson, qui a été brillamment élu à Windhoek et prendra ses fonctions le 1er juillet.

Nous avons ensuite entendu les deux experts dont les contributions écrites nous avaient été communiquées. Il s'agit de notre ancien collègue parlementaire, M. José Carlos Zorrinho, Coordinateur du Programme régional pour le développement de l'Alentejo, et de M. Alain Modoux, Directeur de l'Unité pour la liberté d'expression et la démocratie, de l'UNESCO, auxquels nous tenons à manifester notre reconnaissance pour la richesse des idées qu'ils ont développées et pour la manière dont ils ont favorisé nos échanges.

Vingt-et-un parlementaires de la catégorie des participants principaux au processus de la CSCM, trois participants associés et un observateur - soit au total, 24 parlementaires de 19 pays - ont pris part aux débats1.

Le thème qui nous a occupés pendant ces deux jours est un thème crucial pour chacun de nos pays et pour les relations entre eux puisqu'il s'agit de "Faciliter l'accès à l'information et des échanges culturels en Méditerranée".

Ce thème entre dans le cadre de la IIIème Corbeille de la CSCM - Dialogue des civilisations et droits de l'homme - mais, comme l'ont montré nos débats, il a de vastes implications politiques.

Il me revient maintenant de faire une synthèse de nos échanges et d'emblée je réclame votre indulgence vu la variété des idées et suggestions émises.

Avant tout, j'aimerais dire que l'ampleur du sujet, ses ramifications et ses fortes connotations politiques ont fait que, dans notre débat, nous nous sommes cantonnés à une approche générale pour mieux définir les enjeux.

Nos échanges ont fait ressortir un certain nombre de points généraux essentiels.

Le premier de ces points est que la libre circulation des idées par le mot et par l'image est un élément clé de la démocratie et un révélateur du degré qu'elle a atteint dans la société. Certains orateurs ont tenu à souligner l'importance qu'à également la libre circulation des personnes.

Personne ne nie l'existence de fortes disparités en Méditerranée, notamment en ce qui concerne l'accès à l'information et aux moyens de communication. Toutefois, il nous est apparu qu'il y a un décalage entre la perception courante de ces disparités et leur réalité objective. En effet, des disparités existent effectivement d'une rive à l'autre mais elles existent également entre pays d'une même sous-région et à l'intérieur des pays.

D'autre part, s'il est vrai que le Nord est technologiquement plus avancé que le Sud et dispose de moyens supérieurs, il est handicapé dans le domaine de la communication par la pluralité des langues et cultures alors que le monde arabe bénéficie d'une unité linguistique et d'une homogénéité culturelle.

Tous, nous entrons inéluctablement dans l'âge de l'information et tous nous devons tout mettre en œuvre pour en être les acteurs plutôt que les sujets. Nous devons faire cet effort afin de réduire au mieux les disparités entre info-riches et info-pauvres, tant entre les pays qu'au sein de nos pays eux-mêmes.

Outre les efforts que chacun de nos pays doit entreprendre, il est essentiel que se produise un transfert de technologie de la part des info-riches, où qu'ils se trouvent, vers les info-pauvres afin que ceux-ci accèdent aux nouvelles technologies et bénéficient de l'équipement nécessaire autant que de programmes de formation.

Nous avons également abordé la question du contenu de l'information, notamment en ce qui concerne la production télévisuelle et l'internet. Cette question est cruciale dans un monde où l'information transcende les frontières nationales et où nos peuples manifestent un besoin accru d'étancher leur soif d'information. Elle est cruciale aussi en un temps où les phénomènes d'intégration d'une part et de mondialisation d'autre part font ressortir plus fortement que jamais l'aspiration à la reconnaissance et au respect de l'identité propre.

Du fait de la multiplicité de ses programmes, le Nord se trouve en position privilégiée par rapport au Sud, et cela bien que, sur le plan des infrastructures lourdes telles que les satellites, le Sud soit en voie de combler son retard et qu'un certain nombre de pays du Sud soient aujourd'hui à même d'émettre à l'échelle de leur région et vers le Nord.

Il est un fait que certains pays du Sud comme du Nord ne sont pas en mesure - du fait de la taille de leur marché ou de la faiblesse de leurs moyens financiers - de produire des programmes permettant de couvrir la totalité de leurs besoins. Ils sont dès lors amenés à recourir à des programmes produits dans d'autres pays. Il faut toutefois relever qu'un pays comme l'Egypte est un producteur important à l'échelle internationale qui produit des programmes pour l'ensemble du monde arabe.

Nous avons relevé que la libre circulation de l'information est au cœur même de la coopération culturelle et qu'il est important que la production nationale ne soit pas stérilisée ou sclérosée du fait d'un contrôle. La liberté de création assure en effet que nos citoyens ressentent comme crédible l'information qui leur est dispensée et ne se voient pas ainsi amenés à rechercher sur les chaînes étrangères l'information dont ils sont demandeurs. Cette liberté de création est en outre indispensable si nous voulons assurer le rayonnement de notre production au-delà de nos frontières nationales.

Nous avons relevé qu'il est essentiel que, dans chaque pays, se développent des sites internet en langue nationale. Il va toutefois sans dire que cela est conditionné par la disponibilité de serveurs; une fois encore, les info-riches ont le devoir d'aider les info-pauvres à s'en doter et les politiques et législations nationales doivent favoriser le développement de réseaux de fournisseurs d'accès indépendants.

Maints orateurs du Sud ont protesté contre la situation de consommateurs dans laquelle ils considèrent que leurs pays se trouvent placés, déclarant qu'ils souhaitent un rapport d'authentique échange. Ils ont, à cet égard, relevé les disparités existant sur le plan des connaissances linguistiques réciproques. Ainsi, plusieurs participants du Sud ont regretté que les gens du Nord ne se donnent pas la peine d'apprendre l'Arabe alors que beaucoup de gens du Sud maîtrisent le Français ou l'Anglais. Cette situation a des conséquences importantes sur les échanges culturels. Sur le plan de l'écrit, il existe au Sud une connaissance de la production du Nord qui est sans équivalent au Nord pour la production du Sud.

Plusieurs orateurs ont proposé la mise au point d'une encyclopédie interactive de la Méditerranée ou d'un site interactif consacré à la coopération dans la région. Il a aussi été proposé de créer une banque de données sur l'héritage culturel méditerranéen, de même qu'une chaîne de télévision méditerranéenne.

D'une manière générale, nos débats ont, une fois encore, mis en évidence que la connaissance mutuelle, la tolérance, le respect mutuel et l'entraide sont la clé d'une Méditerranée stable et pacifique.

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Je ne voudrais pas conclure ce rapport sans indiquer à nouveau que notre réunion avait été précédée hier d'une session du Comité de coordination de la CSCM, tenue sous ma présidence avec la contribution de cinq membres sur les neuf qui composent cet organe2.

Nous regrettons que diverses circonstances n'aient pas permis à nos collègues de se joindre à nous pour le débat de fond que, à l'incitation du Président du Conseil interparlementaire, nous avons entamé au sein du Comité sur l'avenir du processus de la CSCM.

Nous avons demandé au Secrétaire général de l'Union interparlementaire d'adresser à chacun de nos Parlements une lettre pour nous sonder à ce sujet de sorte que, lorsque nous tiendrons la XIIIe Réunion des parties au processus de la CSCM, à Moscou, dans deux mois, nous puissions nous prononcer clairement tant sur l'opportunité politique que sur les incidences financières de la poursuite de nos travaux. Il est essentiel que nous nous définissions clairement.


1Ont pris part à la session les représentants des parlements nationaux et organisations suivants :

Participants principaux : Algérie, Chypre, Croatie Egypte, Espagne, Ex-République yougoslave de Macédoine, France, Grèce, Israël, Italie, Jamahiriya arabe libyenne, Jordanie, Maroc, Monaco, Portugal, Slovénie, Tunisie, Turquie, Yougoslavie.
Participants associés : i) Royaume-Uni; ii) Palestine; iii) Parlement européen.
Observateurs : Cameroun, Pologne, Roumanie, Suisse, Association parlementaire pour la coopération euro-arabe.
2 Ont pris part à la session du Comité de coordination de la CSCM : M. M.H. Khelil (Tunisie), Président et Rapporteur, M. R. Al-Shair (Egypte), M. M. Vauzelle (France), M. I. Rachidi (Maroc) et M. J. Kacin (Slovénie). M. M.A. Martínez, Président du Conseil interparlementaire, a aussi pris part aux travaux.


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