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DECLARATION DES PARLEMENTAIRES

Deuxième Table ronde des Parlementaires, organisée les 22 et 23 novembre 1999 dans le cadre de la troisième session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification)

Le rôle des Parlementaires dans l'élaboration des politiques éducatives, scientifiques et culturelles pour la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification


I. Nous, Parlementaires, réunis à Recife (Brésil) les 22 et 23 novembre 1999 pour notre deuxième Table ronde à l'invitation du Secrétariat de la Convention, du Congrès national brésilien et avec le plein appui de l'Union interparlementaire dans le cadre de la troisième session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, déclarons ce qui suit :

1. Nous sommes profondément alarmés par les effets de la dégradation des terres et de la désertification qui touchent à un rythme de plus en plus rapide la majeure partie des 30 % de la surface émergée du globe définis par l'ONU comme arides ou semi-arides. Nous sommes conscients du fait que plus de 70 % de cette zone est utilisée pour l'agriculture ou l'élevage et qu'environ 15 % de la population mondiale et 25 % de la surface émergée totale du globe sont directement touchés par la dégradation des terres et la désertification. Nous sommes également conscients de la gravité de la situation régnant dans différentes régions du monde, comme en Afrique, continent où les déserts et les zones arides constituent les deux tiers de la surface continentale totale et où 73 % des terres arides sont déjà fortement ou modérément dégradés; en Asie, où environ 71 % des terres arides sont fortement dégradés; en Amérique latine, où près des trois-quarts des terres arides sont fortement ou modérément dégradés; dans la région méditerranéenne, où près des deux tiers des terres arides sont fortement dégradés et dans les pays d'Europe centrale et orientale où 40 % à 80 % des terres arides sont fortement dégradés.

2. Les pertes de productivité qui résultent de ces processus de désertification sont extrêmement préoccupantes car elles limitent les possibilités de croissance économique durable, portent atteinte à la sécurité alimentaire et aggravent les risques de famine, qui s'accompagnent souvent d'importants mouvements de personnes déplacées. L'incapacité des terres peu productives à répondre aux besoins des populations, ainsi que la variabilité climatique de plus en plus marquée, y compris les épisodes récurrents de sécheresse, ont déjà provoqué le déplacement d'une population importante, dont le nombre pourrait atteindre 25 millions de personnes, et constituent une source de conflits intercommunautaires dans de nombreuses régions du monde;

3. Nous adhérons sans réserve au principe fondateur de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification selon lequel le développement durable doit impérativement :

i) s'orienter clairement vers l'homme, en protégeant les intérêts des populations touchées, et avoir pour objectif ultime l'élimination de la pauvreté;

ii) faire pleinement participer les populations et les communautés locales au processus de prise de décisions, ainsi qu'à la mise en œuvre des mesures destinées à protéger l'environnement, à mieux gérer les ressources en terre et en eau et à éliminer les principales causes de la dégradation des terres et de la désertification;

4. Nous réaffirmons notre conviction selon laquelle la désertification, la pauvreté, la famine, les troubles sociaux et politiques, les guerres, les migrations et les déplacements de populations qui, dans de nombreux cas, ont provoqué de graves dommages supplémentaires à l'environnement, sont fréquemment interdépendants;

5. Nous constatons avec préoccupation que la dégradation des terres et la désertification touchent principalement les pays en développement et que les programmes destinés à remédier à leurs conséquences entrent en concurrence avec d'autres programmes en raison de la modicité des ressources financières disponibles. Nous exhortons la communauté internationale à prendre véritablement en compte la difficile situation et les problèmes des pays les moins avancés lourdement endettés et à adopter des mesures d'allégement appropriées avec l'aide du Mécanisme mondial, notamment en faveur des pays gravement touchés par la sécheresse et la désertification.

II. En affirmant notre engagement, en tant que Parlementaires, à contribuer sans réserve à la mise en œuvre de la Convention, nous félicitons les pays qui ont ratifié celle-ci et exhortons les autres à le faire le plus rapidement possible ainsi qu'à participer à l'initiative visant à faire de l'an 2000 le point de départ de la décennie de la lutte contre la désertification. De plus :

6. Nous sommes favorables à une participation large et active de tous les parlements des pays qui ont ratifié la Convention à la mise en œuvre de cette dernière et notamment, si nécessaire, à l'adoption, au renforcement et à l'application de mesures législatives visant à lutter contre la désertification et à protéger les écosystèmes des pays touchés;

7. Nous jugeons de la plus haute importance le renforcement des politiques éducatives, scientifiques et culturelles par l'organisation de campagnes de sensibilisation aux causes et aux effets négatifs de la désertification, et la participation active de la société civile, des communautés locales, des jeunes et des femmes aux efforts visant à identifier des solutions et des stratégies adaptées à chaque pays ou à chaque région. Nous sommes également conscients de la nécessité de sensibiliser davantage les populations à la protection de la diversité biologique et aux causes des changements climatiques;

8. Nous appuyons sans réserve les initiatives des organismes, des pays donateurs et de la société civile visant à mobiliser une assistance financière par l'intermédiaire du Mécanisme mondial de la Convention aux fins de la mise en œuvre de stratégies de développement durable dans les pays pauvres dont les écosystèmes sont fragiles.

III. En soulignant le rôle fondamental de l'éducation, de la science et de la culture pour relever le défi que constitue l'instauration d'un développement durable, nous, Parlementaires, convenons:

9. D'engager avec cette deuxième Table ronde une action concertée pour promouvoir des mesures concrètes et pragmatiques dans le domaine de l'éducation, de la recherche appliquée et du renforcement des capacités afin de lutter contre la désertification;

10. Que parmi ces mesures pourraient figurer par exemple : la sensibilisation aux modes de production et de consommation et à leurs incidences sur la gestion des terres, de l'eau et des bassins hydrographiques, l'amélioration des compétences en matière de gestion technique des ressources foncières et de l'eau, l'utilisation durable des maigres ressources naturelles, y compris l'utilisation de sources d'énergie renouvelables, la promotion de travaux de recherche centrés sur les causes et les effets négatifs de la désertification, le transfert et l'adaptation de technologies écologiquement rationnelles pour une meilleure gestion des ressources foncières et des ressources naturelles, la bonne utilisation de biotechnologies modernes et sûres pour assurer la diffusion d'essences forestières résistant à la sécheresse, la gestion rationnelle et intégrée des bassins hydrographiques, et la protection, la promotion et l'utilisation des connaissances et pratiques technologiques traditionnelles et locales.

IV. Nous convenons d'instituer un mécanisme de suivi efficace en créant un Forum de haut niveau de parlementaires à participation non limitée qui s'emploiera à promouvoir les objectifs de la Convention et pour lequel nous sollicitons l'appui de l'Union interparlementaire.

Le Forum de haut niveau de parlementaires :

11. Se réunira à l'occasion de chacune des sessions de la Conférence des Parties pour permettre un échange d'informations sur les initiatives prises au niveau national et suivre l'application des décisions adoptées lors des tables rondes par les parlements des pays qui sont Parties à la Convention;

12. S'emploiera, si nécessaire, à promouvoir l'adoption d'une législation nationale efficace en vue de faciliter l'application et l'harmonisation des dispositions de la Convention;

13. Fera en sorte de soumettre aux gouvernements une proposition visant à inclure, au besoin, dans les programmes d'enseignement des matières centrées sur la protection de l'environnement et des ressources naturelles, en particulier des ressources foncières et des ressources en eau, de façon que la lutte contre l'érosion et la désertification devienne une priorité pour nos pays ainsi que pour les organisations régionales et sous régionales dont ils sont membres;

14. S'engage à appuyer l'élaboration par nos gouvernements respectifs de plans d'action nationaux ou de stratégies équivalentes pour lutter contre la dégradation des terres, améliorer la gestion de l'eau et des bassins hydrographiques et promouvoir la recherche agricole et biotechnologique appliquée dans les pays touchés par la désertification;

15. Souligne qu'il est important que ces plans d'action nationaux soient assortis de formules de financement sûres et novatrices, lorsqu'il n'existe pas de programmes de financement, conformément aux dispositions de la Convention;

16. Décide d'étudier les moyens de renforcer les synergies entre ces plans d'action nationaux et les autres priorités nationales de développement telles que les stratégies de promotion de l'éducation et des sciences. Dans un premier temps, nous recommandons d'organiser ou de célébrer symboliquement, si possible chaque année, une journée de sensibilisation au problème écologique mondial que constituent l'érosion et la désertification; 17. Décide de coordonner plus étroitement l'application des programmes d'action régionaux, en particulier des volets de ces programmes concernant la gestion intégrée des bassins hydrographiques, que ceux-ci soient situés à l'intérieur des frontières nationales ou partagés entre plusieurs pays, en tenant dûment compte des questions physiques, biologiques et socioéconomiques pertinentes;

18. Prie le secrétariat de la Convention d'établir un rapport d'activité succinct et synthétique avec des informations pertinentes au sujet des décisions prises au cours de la Table ronde et de le lui soumettre à sa prochaine réunion.

V. Nous sommes profondément convaincus que les parlements peuvent apporter une contribution essentielle à l'effort entrepris au niveau mondial pour combattre les causes de la désertification en encourageant une action de grande ampleur visant à :

19. Promouvoir la coopération interrégionale, régionale et sous-régionale et l'amélioration des relations entre nos organisations intergouvernementales, non gouvernementales et communautaires compétentes;

20. Instituer ou poursuivre au niveau local des mesures propres à assurer une gestion durable des forêts et des programmes de reboisement efficaces qui associent toutes les parties prenantes, en particulier les représentants de la société civile ainsi que les associations de jeunes et les associations féminines, à la remise en état des terres dégradées;

21. Diffuser largement les informations pertinentes en mettant l'accent sur les liens entre, d'une part, la pauvreté et les difficultés d'accès à l'éducation et aux savoirs technique et scientifique et, d'autre part, la dégradation des terres et la désertification, qui tendent à réduire le potentiel de développement des pays;

22. Adopter ou poursuivre des programmes d'action associant plusieurs parties prenantes, y compris des pays voisins aux prises avec les mêmes problèmes de sécheresse et de désertification, et mobilisant les organisations internationales, les organismes donateurs, les institutions nationales, les élus, les organisations non gouvernementales et la population locale directement touchée;

23. Tenir compte, dans le cadre de l'élaboration des politiques, des connaissances et du savoir-faire techniques et culturels traditionnels et locaux.

VI. Nous, parlementaires, renouvelons l'appel urgent que nous avions lancé :

24. A la communauté internationale pour qu'elle considère la désertification non seulement comme un problème environnemental et/ou écologique mais aussi comme un grave problème de développement qui, si l'on ne prend pas en temps voulu les mesures nécessaires pour en atténuer l'ampleur, aura à long terme de graves conséquences sur les plans économique, social, politique et environnemental;

25. Aux pays développés Parties à la Convention pour qu'ils s'attachent à promouvoir des activités de renforcement des capacités dans les pays touchés, y compris, éventuellement, en finançant des programmes de sensibilisation du public, d'éducation et de recherche et en assurant la diffusion des "meilleures pratiques" dans le domaine de la gestion des ressources foncières, des forêts, de l'eau et des bassins hydrographiques;

26. A tous les membres concernés de la société civile et des institutions financières, experts dans les domaines de la finance, du commerce, des sports, des moyens d'information et des arts, etc. pour qu'ils appuient la mobilisation de ressources financières en faveur de la lutte contre la désertification et la dégradation des terres, en particulier dans les pays en développement les plus gravement touchés par la désertification, l'érosion et la sécheresse;

27. Aux établissements universitaires, à la communauté scientifique et aux centres de recherche pour qu'ils aident à mener à bien les diverses tâches à entreprendre aux fins de l'application de la Convention dans les pays touchés, en accordant une attention particulière aux besoins des pays en développement;

28. A l'Union interparlementaire pour qu'elle donne la plus large publicité possible à la présente Déclaration et notamment qu'elle la transmette à tous les parlements nationaux afin qu'ils l'examinent et y souscrivent.

VII. Enfin nous prions :

29. Le Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, agissant en coopération avec l'Union interparlementaire, d'apporter un appui technique au Forum de haut niveau de parlementaires dans sa tâche de contrôle de l'action menée par les gouvernements, et de mobiliser des ressources supplémentaires pour lui fournir les services voulus;

30. L'Union interparlementaire d'apporter son plein appui au Forum de haut niveau de parlementaires et de l'aider à coordonner ses travaux;

31. Les Secrétariats de l'Union interparlementaire et de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification de poursuivre leur coopération et de soumettre une proposition en vue de la diffusion d'informations sur les progrès accomplis dans la lutte contre la désertification pour la prochaine session de la Conférence des Parties;

32. Les deux Secrétariats d'organiser, à l'occasion de cette session, une autre table ronde réunissant les participants au Forum de haut niveau de parlementaires;

33. Les Secrétariats de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et de l'Union interparlementaire de prendre les mesures voulues pour donner suite aux décisions de la présente Table ronde et de définir des stratégies en vue de faire connaître dans le monde entier les déclarations et les rapports d'activité du Forum de haut niveau de parlementaires.

Recife (Brésil), 23 novembre 1999


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