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L’UIP et le Prix Nobel de la paix

Huit personnalités de l’UIP, dont les fondateurs de l’Organisation Frédéric Passy et Sir William Randal Cremer, ont remporté le Prix Nobel de la paix.

Le prix a été créé en 1901 pour récompenser les personnalités ayant « le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». Lors des trois premières éditions, le prix a été décerné à des personnalités de l’UIP.

Avant même la création du Prix Nobel de la paix, l’UIP avait déjà beaucoup œuvré à la promotion de ces principes. Après la création de notre Organisation en 1889 , nous avons travaillé à l’arbitrage des conflits, même si au fil du temps notre mission a évolué vers la promotion de la démocratie et du dialogue interparlementaire.

Nous avons participé à l’élaboration et à la codification du droit international coutumier dans le domaine de l’arbitrage et avons contribué à poser les fondements pour la création de la Société des Nations après la Première Guerre mondiale et celle de l'Organisation des Nations Unies après la Seconde Guerre mondiale.

Nos lauréats du Prix Nobel de la paix – dont un ancien Premier Ministre – venaient de différents pays, milieux et bords politiques, mais partageaient le même attachement à notre organisation et le même engouement pour la paix. Apprenez-en plus sur ces hommes exceptionnels !

1901 : Frédéric Passy (1822-1912) était un juriste, économiste et homme politique. Il créa la Société française pour la paix, première organisation du genre en France, et fut l’un des co-fondateurs de l’UIP. Surnommé l’« apôtre de la paix », il poursuivit ses travaux jusqu’à la fin de sa vie. En 1905, au faîte de la crise  liée à la dissolution de l’union entre la Suède et la Norvège, il déclara qu’en assistant à un règlement pacifique il serait cent fois plus heureux que lorsqu’il reçut le prix Nobel. Il vit son vœu exaucé.

1902 : Charles Albert Gobat (1843-1914) (link is external) fut récompensé par le Prix Nobel de la paix pour ses efforts ayant visé à rassembler les parlementaires de différents pays à l’occasion de divers congrès et réunions. Au cours de sa carrière politique dans sa Suisse natale, il a été amené à participer à l’action internationale en faveur de la paix. Il a collaboré avec notre Organisation dès la création de celle-ci en 1889, lorsqu’elle portait le nom de Conférence interparlementaire. Trois ans plus tard, quand le Bureau interparlementaire ouvrit ses portes à Berne, Charles Albert Gobat en devint le Secrétaire général. Il contribua à la création de groupes interparlementaires dans des pays qui en étaient dépourvus, édita un périodique et s’employa à diffuser la littérature sur la paix et l’arbitrage. Il fut également Secrétaire général du Bureau international de la paix, qui reçut le Prix Nobel de la paix en 1910.

1903 : Sir William Randal Cremer (1828-1908) était surnommé par ses pairs du Parlement britannique le « député de l’arbitrage » car il défendit sa vie durant le recours à l’arbitrage pour régler les différends internationaux. Le fait que les conférences de paix tenues à La Haye en 1899 eussent abouti à la création d’un tribunal international d’arbitrage sonna comme une consécration pour Cremer. Né dans une famille ouvrière, il fut d’abord apprenti charpentier avant de devenir syndicaliste et d’être ensuite élu au Parlement. Il occupa également des postes de premier plan au sein du mouvement pacifiste et joua un rôle déterminant dans la création de l’UIP en 1889.

 

1908:Fredrik Bajer (1837-1922) a combattu au cours de la guerre germano-danoise en 1864, mais a quitté l’armée l’année suivante, ayant été déçu par la vie militaire. A partir de ce moment, il a consacré sa vie à la paix. Il a été élu membre de l’Assemblée nationale danoise, a occupé une position prépondérante dans le mouvement interparlementaire et a été le premier Président du Bureau international de la paix, qu’il avait aidé à créer en 1891. Fervent partisan de l’arbitrage international, il a fondé la Société danoise des femmes avec sa femme.

 

 1909 : Auguste Marie François Beernaert (1829-1912) fut l’un des plus illustres juristes de Belgique. De 1884 à 1894, il officia comme Premier ministre sous le règne du roi Léopold II et demeura membre du Parlement jusqu’à la fin de ses jours. Il tient sa réputation d’ami de la paix de son engagement dans l’action interparlementaire et du rôle qu’il joua dans les conférences internationales sur la paix organisées à La Haye en 1899 et 1907. A La Haye, il dirigea entre autres la commission chargée d’examiner les lois et coutumes de la guerre sur terre et plaida aussi la cause des petits Etats sur la question de la neutralité. Lorsque le premier cas fut porté devant la Cour internationale d’arbitrage à La Haye en 1902 (Etats-Unis contre Mexique), Auguste Marie François Beernaert plaida en faveur du Mexique. Il œuvra pour la paix jusqu’à son dernier souffle. Quelques jours avant sa disparition, il présenta une proposition visant à mettre un terme aux guerres aériennes.

1913 : Henri La Fontaine (1854-1943) fut le premier socialiste à remporter le Prix Nobel de la paix. Titulaire d’un doctorat en droit, il travailla notamment au sein du Parlement belge sur les questions liées aux politiques sociales et aux affaires étrangères. Mais c’est surtout au sein du mouvement pacifiste international qu’il s’illustra le plus. Il fut un ardent défenseur de l’internationalisme. Il fonda un institut recueillant  la littérature consacrée aux affaires internationales publiée aux quatre coins du monde. En 1910, il organisa le premier Congrès mondial des associations internationales avec pour objectif de créer « un parlement intellectuel » au service de l’humanité. Henri La Fontaine occupa divers postes importants au sein du mouvement pacifiste. Il présida notamment le Bureau international de la paix à partir de 1907 jusqu’à sa mort. Lorsqu’il reçut le Prix Nobel de la paix en 1913, il était précisément à la tête du mouvement pacifiste en Europe.

1921 : Christian Lange (1869-1938) participa à la création de l’Institut Nobel à Oslo et figura parmi les négociateurs norvégiens au moment de la dissolution pacifique de l’union entre la Norvège et la Suède en 1905. En 1909, Lange devint Secrétaire général de l’UIP, un poste qu’il occupa jusqu’en 1933. Il consolida l’Organisation et parvint à la préserver pendant la Première Guerre mondiale. En 1919, il obtint un doctorat en histoire de l’internationalisme et fut invité à participer l’année suivante en tant qu’expert à la première réunion de la Société des Nations. Il fut pendant de nombreuses années délégué de la Norvège auprès de cette organisation, mettant en garde notamment contre l’échec des grandes puissances démocratiques à s’opposer fermement aux politiques agressives du Japon, de l’Italie et de l’Allemagne. Lange devint membre du Comité Nobel en 1934.

1927 : Ferdinand Buisson (1841-1932) grandit sous le règne de l’empereur Napoléon III au 19ème siècle. Après ses études de philosophie et de pédagogie, il s’installa en Suisse afin de pouvoir travailler, penser et écrire librement. Toute sa vie durant, il se consacra à la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. Après la guerre franco-prussienne de 1870-1871 et la chute de Napoléon III, Buisson rentra en France, où il devint professeur de pédagogie à la Sorbonne. Il prit position contre l’antisémitisme au sein de la société française et fut élu en 1902 à la Chambre des députés dans les rangs du Parti radical-socialiste. Il fut également un ardent défenseur du droit de vote des femmes. Pendant la Première Guerre mondiale, Buisson accusa l’Allemagne d’être l’agresseur, mais dénonça fermement la dureté des sanctions prises à l’encontre de ce pays après le conflit. Craignant que cette situation constituât le terreau d’une guerre de revanche de la part de l’Allemagne, il organisa plusieurs rencontres en vue de la réconciliation franco-allemande. Ces efforts lui valurent le Prix Nobel de la Paix, qu’il reçut conjointement avec l’Allemand Ludwig Quidde.