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Études de cas

Comment le Parlement du Canada a créé une nouvelle façon d'accueillir les députés... et de leur dire adieu

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Parliament of Canada

Après des mois de campagne électorale et son élection, le nouveau député élu entre en fonction – et se retrouve brusquement au point zéro.

Les députés ont toujours été difficiles à cerner en termes de développement personnel, car ils viennent souvent d'horizons très divers – ils peuvent être aussi bien des chefs d'entreprise que des étudiants. Quel que soit le monde d’où ils viennent, tous doivent avoir accès aux compétences qui leur permettront de s’acquitter au mieux de leurs fonctions.

Jusqu’alors, tout nouvel arrivant au Parlement du Canada recevait en guise de cadeau d’accueil un épais classeur rempli de renseignements concernant la Chambre des communes que venaient compléter des invitations à des séances d'information. Utiles quoique génériques, ces documents ne laissaient aux novices guère d’autre choix que de se débrouiller par eux-mêmes. Ces trois dernières années, la situation a changé.

La députation est un emploi à facettes multiples, qui va du recrutement et de la gestion d'une équipe à la rédaction des lois, et le fait est que peu de carrières sont aussi exigeantes. Le défi en l’occurrence consiste à trouver la meilleure façon d'aider les députés à s’acquitter de toutes ces fonctions avec succès.

Le tremplin du confinement

La pandémie a changé la donne. Lorsque les bureaux ont fermé, les députés ont rapidement sollicité le concours de leur administration. Nombre d'entre eux ont dû apprendre, pour la première fois, à collaborer en ligne avec leur équipe au moyen de technologies nouvelles – compétence qui ne figurait pas auparavant dans leur description de poste. La communication avec les électeurs est également devenue problématique, alors que l’ascension ininterrompue des réseaux sociaux et la culture du 24 heures sur 24 et du 7 jours sur 7 ajoutaient leur propre pression.

Constatant que les députés avaient du mal à faire face à tous ces facteurs, le Parlement canadien a entrepris des recherches pour établir un nouveau programme d’accueil, le Cadre pour la fonction parlementaire et le perfectionnement. Le projet, mené durant plus de 18 mois, a permis d’interroger 120 députés et leur personnel ainsi que des experts du secteur dans huit secteurs administratifs de la Chambre des communes canadienne, afin de savoir si la formation dispensée avait répondu aux besoins spécifiques des députés, ce que les députés en avaient pensé, et ce dont ils avaient le plus besoin pour accomplir leur travail.

Un plan en trois points

La stratégie élaborée sur la base de l'étude repose sur trois piliers :

1.         Traiter les parlementaires, qui, comme tout un chacun, ont besoin d’être entourés et accompagnés comme des êtres humains nécessitant un soutien constant pour s’épanouir et s’améliorer.

2.         Promouvoir le développement des capacités plutôt qu'un cadre traditionnel fondé sur les compétences pour exploiter les potentiels. Les députés doivent être en mesure de s’acquitter d’un large éventail de fonctions, sans pour autant devoir être des spécialistes de chaque secteur.

3.         S’intéresser aux députés à deux niveaux : individuellement et collectivement. Les députés et leurs équipes étant par essence de petites entreprises, le système doit les aider à progresser aussi bien en tant qu'individus qu’en tant qu'organisations.

Le nouveau système établi permet aux députés d'acquérir des connaissances en ligne et d’avoir accès aux informations et actualités publiées sur un portail dédié accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Les activités d'orientation, y compris la cérémonie de prestation de serment, la connexion au réseau du Parlement, l'inscription au régime des traitements et indemnités, la délivrance d'une carte d'identité et d'une carte d'accès, ainsi que les modalités d’ouverture des bureaux, de recrutement de nouveaux employés et de gestion des budgets, débutent dès le lendemain de l’élection d’un député.

Des séances de groupe sont ultérieurement organisées pour informer les élus des fonctions parlementaires et du système d’appui dont ils peuvent se prévaloir. Dirigées par l'administration de la Chambre des communes et organisées en présentiel à Ottawa et en ligne, ces séances séquentielles distillent aux députés de nouvelles informations et connaissances au fur et à mesure de leur progression dans la formation, évitant de ce fait la perte de connaissances ainsi que l’écueil consistant à devoir organiser plusieurs séances sur le même thème.

Un adieu plus adapté

Quitter la vie parlementaire à l’issue d'une carrière politique peut également s’avérer difficile. Le Parlement canadien a mis au point un système de départ qui reconnaît l'importance de la transition que doivent effectuer les députés et leur personnel qui quittent le Parlement.

Le processus de départ est un élément essentiel du soutien apporté aux députés canadiens, à l’instar du développement continu à chaque étape de leur carrière. Les agents de transition aident ceux qui sont sur le départ à remplir préalablement leur liste de vérifications, y compris à fermer leurs bureaux et à clôturer leurs dépenses, et à se séparer de leur personnel.

Les conseils professionnels constituent aussi un important aspect du processus de départ et aident les anciens députés à s'inscrire à des programmes d'études post-parlementaires financés par le Gouvernement. Parallèlement, un programme d'avantages sociaux accorde des privilèges aux anciens députés, tels que l'accès aux bâtiments du Parlement grâce à leur badge parlementaire à vie, l'accès aux bibliothèques du Parlement et l’admission au bénéfice d’un programme pour la famille et les employés valable à vie, qui traite des problèmes de santé mentale.

Un cadre reproductible et adaptable

Le cadre conçu par le Parlement canadien est axé sur l'utilisateur et est flexible et adaptable, l’idée étant de le reproduire à grande échelle. Après sa présentation il y a peu à la 145e Assemblée de l'UIP tenue au Rwanda en 2022, les réactions que cette initiative a suscitées sont encourageantes et devraient en inspirer d’autres dans le monde entier.

Etude de cas rédigée à la suite d'une interview avec Dr. Ismail Albaidhani, Conseiller stratégique à la Chambres des communes du Canada.