L'UIP a une longue et riche histoire qui s'étend sur plus de 130 ans et nul n'a sans doute autant influencé l'Organisation que le Norvégien Christian Lange, le premier Secrétaire général professionnel rémunéré. Son leadership imposant s'est étendu bien au-delà de l'UIP elle-même. En 1921, il reçut le prix Nobel de la paix pour ses contributions durables à la cause de la paix et de l'internationalisme organisé. L’année 2021 marque le centenaire de cet événement et c'est le moment idéal pour réfléchir à l'homme et à ses réalisations.
Un éducateur avant tout
Né en 1869 dans l'ancienne ville de Stavanger, sur la côte sud-ouest de la Norvège, Lange termina ses études à l'école locale en 1887. Il étudia ensuite l'histoire, le français et l'anglais à l'université d'Oslo, voyagea et étudia en France et en Angleterre, et obtint une maîtrise ès lettres en 1893. En tant que professeur de lycée, il enseigna pendant plusieurs années dans différentes écoles secondaires d'Oslo.
Sa passion pour la pédagogie lui servit tout au long de sa vie. L'apprentissage fut également une préoccupation permanente, ce qui lui valut un doctorat en Relations internationales de la même université en 1919.
Entrée sur la scène internationale
Le premier contact officiel de Lange avec les affaires internationales eut lieu en 1899, lorsqu'il fut nommé secrétaire du comité chargé d'organiser la conférence de l'Union interparlementaire, qui se tint cette année-là à Oslo. Il fut remarqué pour son sens aigu de l'organisation, ce qui lui valut d'être nommé secrétaire du comité Nobel du Parlement norvégien et de l'Institut Nobel norvégien l'année suivante.
Il quitta ce poste en 1909, mais fut conseiller de l'Institut jusqu'en 1933 et, de 1934 jusqu'à son décès, membre du Comité lui-même. Il considérait l'Institut comme une institution scientifique, un laboratoire de la paix et un vivier d'idées et de projets pour le développement des relations internationales et la promotion des idéaux démocratiques.
Construction de l'UIP
Lange quitta l'Institut Nobel en 1909 pour devenir Secrétaire général de l'UIP, alors basée à Berne. En tant que premier Secrétaire général rémunéré et non parlementaire, Lange géra les affaires courantes, rencontra les groupes parlementaires de divers pays, participa à l'élaboration de l'ordre du jour des réunions annuelles, édita les publications officielles, collecta des fonds (la Norvège est le premier pays à verser une contribution annuelle) et assura la visibilité de l'UIP au moyen de conférences et de publications.
Lange supervisa la réorganisation de l'UIP lorsqu'elle fut transférée de Berne à Bruxelles en 1911, et en 1914, lorsque l'Allemagne envahit la Belgique, il dirigea l'Organisation depuis sa propre maison à Oslo. Le fait que l'UIP ait pu continuer d’exister pendant et après la guerre, alors que tant d'organisations internationales étaient victimes de la guerre, est un hommage à la persévérance de Lange. Comme les fonds de l'UIP étaient saisis à Bruxelles et que la plupart des groupes parlementaires ne versaient plus de contributions, Lange réussit à maintenir le cap en obtenant des prêts de la Carnegie Endowment for International Peace et en réduisant les dépenses.
Après la guerre, il convoqua le Conseil de l'UIP à Genève en 1919, qui, à son tour, convoqua la première Conférence d'après-guerre à Stockholm en 1921. Le choix de Stockholm était symbolique, dans la mesure où la Conférence avait été prévue dans cette ville en août 1914, mais avait été annulée au dernier moment en raison du début des hostilités en Europe.
Soucieux d'établir des liens étroits avec la Société des Nations, Lange recommanda alors à l'UIP de se rapprocher de cette organisation naissante. Après un vote favorable, l'UIP transféra définitivement son siège à Genève en 1921, où il se trouve encore aujourd'hui.
Défense de l'internationalisme
La thèse de doctorat de Lange portait sur l'histoire de l'internationalisme, un principe politique qui prône une plus grande coopération politique ou économique entre les États et les nations. Libéral en philosophie sociale, il croyait à la liberté d'expression, au libre-échange, au suffrage universel, aux droits des femmes, à la mobilité de la main-d'œuvre et aux droits syndicaux des travailleurs.
Défenseur international de la doctrine démocratique, il était un expert en matière d'arbitrage et de contrôle des armements. En 1919, il publia son Histoire de l'internationalisme, qui retrace les thèmes de l'internationalisme et du pacifisme depuis l'Antiquité jusqu'aux traités de Westphalie (1648).
En conséquence, il fut appelé comme conseiller spécialisé à la première réunion de la Société des Nations en 1920. Pendant de nombreuses années par la suite, il fut le délégué adjoint norvégien à la Société, où il mit en garde contre l'incapacité des grandes puissances démocratiques à s'opposer fermement aux politiques agressives du Japon, de l'Italie et de l'Allemagne.
La contribution idéologique de Lange à la fondation de la Société des Nations et son leadership permanent au sein de l'Organisation ont assuré à l'UIP une position prééminente dans l'évolution de l'arbitrage international et du maintien de la paix. Que ce soit en tant que citoyen privé ou en tant que représentant gouvernemental, Lange participa à de nombreux efforts internationaux de consolidation de la paix.
Il reçut le prix Nobel de la paix en 1921, mais Lange n'était pas homme à se reposer sur ses lauriers. Il resta Secrétaire général de l'UIP jusqu'à sa retraite en 1933, et continua à défendre activement la résolution des conflits mondiaux jusqu'à sa mort en 1938, à l'âge de 69 ans.
Le Centre Nobel de la paix organise une exposition pour marquer le centenaire du prix de la paix décerné à Lange.
