La description type des fonctions d'un parlementaire peut sembler neutre du point de vue de la problématique hommes-femmes, mais une enquête menée dans le cadre de l'étude Parlements sensibles au genre donne à penser que ce n'est pas le cas. Certains aspects du travail et des locaux parlementaires touchent les hommes et les femmes de manière différente.

Comme dans tout autre lieu de travail, le Parlement doit s'adapter aux besoins de ses collaborateurs. De plus en plus de jeunes parlementaires qui décident de fonder une famille font pression pour que les parlements envisagent de mettre en place des structures de garde d'enfant et des horaires de travail flexibles, afin que les parents puissent concilier plus harmonieusement vie familiale et vie professionnelle.

Selon les participants à l'étude, la question de savoir dans quelle mesure les parlementaires, hommes et femmes, peuvent conjuguer travail et obligations familiales est le plus grand enjeu en matière d'égalité entre les sexes. Un des désavantages du rythme de travail particulier et très chargé d'un Parlement est que les parlementaires ont moins de temps à passer avec leur famille. Il s'agit certes d'une situation difficile pour les hommes, comme cela a été largement souligné, mais elle l'est deux fois plus pour les femmes parlementaires.

« Une des conditions indispensables pour siéger dans un parlement est d'être célibataire et sans enfant. Si je n'avais pas pu consacrer tout mon temps à mon travail, comme je le fais maintenant, j'aurais été très défavorisée ». Femme parlementaire (Suède)

« Pour ménager un équilibre entre famille et travail, j'essaie de passer autant de temps que possible avec mes enfants, ce qui signifie que je dois refuser certaines manifestations organisées par mon parti. Certaines personnes me demandent ce qu'il en est de mon dévouement professionnel et je leur réponds 'vous savez, je me consacre à ma famille, mais aussi à mon parti et à mon pays'. Je crois qu'il faut trouver le juste équilibre ». Homme parlementaire, (Nouvelle-Zélande)

Les parlements commencent à mieux tenir compte des obligations familiales, mais ces changements prennent du temps. Les parlementaires ont indiqué qu'ils considéraient que leurs horaires de séance dépassaient légèrement la « moyenne », mais en fait, les parlements n'ont pas toujours pris des mesures pour que les horaires soient plus compatibles avec les impératifs familiaux. Par exemple, moins de 40 % des parlements interrogés établissent le calendrier des séances en fonction du calendrier scolaire. Rares sont les parlements qui autorisent leurs membres à passer plus de temps dans leur circonscription, afin d'être plus proches de leur famille, ou qui ont renoncé aux séances de nuit, au profit d'horaires plus « flexibles ». Toutefois, il existe des bonnes pratiques. Le Parlement danois, par exemple, n'autorise pas la tenue de votes après 19 heures les jours de séance et, en Espagne, les séances plénières ont lieu le mardi après-midi jusqu'à 21 heures et le matin les mercredis et les jeudis.

Heureusement, de plus en plus de parlements sont équipés de garderies. En effet, un peu plus de 20 % des parlements interrogés ont indiqué qu'ils proposaient ce type de service dans leurs locaux. Toutefois, lorsque ces services existent, c'est le résultat d'une pression constante, exercée principalement par les femmes.

D'un parlement à l'autre, les congés maternité ou paternité sont très variables. Dans certains parlements, les élus n'ont droit à aucun congé maternité ou paternité; d'autres offrent cette possibilité, à des conditions qui sont souvent les mêmes que celles appliquées à tous les fonctionnaires, conformément au droit national. Dans tous les pays où il est accordé, le congé paternité est beaucoup plus court que le congé maternité.

La question de savoir si un parlementaire en congé maternité ou paternité devrait être remplacé pendant son absence fait l'objet de politiques divergentes. Le principe consistant à remplacer temporairement une personne pendant la durée du congé auquel il a droit est valable pour beaucoup d'emplois salariés, mais son application à la sphère politique, qui est concurrentielle, n'est pas aussi simple. Les parlementaires doivent se battre pour leur siège, et il ne leur est pas facile de simplement confier leurs responsabilités à d'autres personnes.

En fin de compte, l'équilibre entre vie professionnelle et vie familiale reste encore une aspiration, et non une réalité. Lorsqu'on a demandé à des parlementaires comment le Parlement pouvait contribuer à améliorer la situation, ils ont plutôt évoqué la sphère privée, et non les mesures qui pourraient être prises par le Parlement.

« Je pense que les femmes sont passées de la sphère privée à la sphère publique sans recevoir beaucoup d'aide ni de coopération de la part des hommes. Tant qu'il n'y aura pas de responsabilité partagée entre hommes et femmes [tant dans la vie privée que dans la vie publique], les choses seront compliquées". Femme parlementaire (Espagne)