Au cours de la dernière décennie, un changement d'orientation stratégique s'est opéré, l'accent étant désormais mis sur les questions d'égalité entre les sexes, et non plus sur les questions féminines : on ne se concentre plus exclusivement sur les attentes des femmes mais sur ceux des hommes et des femmes, ainsi que sur les aspects économiques et sociaux mutuellement bénéfiques d'une telle démarche. L'intégration des questions de genre, en tant que stratégie pour parvenir à l'égalité hommes-femmes, ne peut pas se faire sans le concours des hommes.

L'évolution des valeurs sociales et le fait que les jeunes hommes soient plus réceptifs aux questions de genre a permis de renforcer les partenariats entre les hommes et les femmes en matière d'égalité entre les sexes. L'idée que les hommes doivent participer aux actions parlementaire visant à accroître l'égalité entre les sexes s'impose de plus en plus chez les parlementaires de deux sexes. Cette évolution est due entre autres à un changement des attitudes sociales : les électeurs et les citoyens comprennent que les femmes ne peuvent plus être tenues à l'écart de la sphère politique.

« Même certains de nos collègues, qui se contentaient au début de se montrer solidaires face à ces initiatives, finissent par y croire - et plus seulement à les cautionner : ils se rendent compte que c'est ainsi que les choses doivent être ». Homme parlementaire (Jordanie)

Même si certains hommes n'ont pas besoin d'incitation pour accepter le changement, les femmes parlementaires conjuguent persévérance et développement d'activités publiques pour encourager les hommes à prendre part à l'évolution des attitudes sociales quant aux rôles et stéréotypes liés à chaque sexe.

Stratégies visant à inclure les hommes

Les entretiens avec des parlementaires menés dans le cadre de l'enquête globale Parlements sensibles au genre ont fait ressortir plusieurs stratégies pour encourager les hommes à s'intéresser aux questions d'égalité hommes-femmes. Les hommes, comme ils le disent eux-mêmes, soutiennent souvent les initiatives législatives émanant de femmes. Du reste, des hommes ont aussi proposé ou co-parrainé des propositions de loi à l'appui de l'égalité entre les sexes, de leur propre initiative.

Dans de nombreux cas, les hommes ont même présidé ou siégé dans des organes chargés de l'égalité entre les sexes au Parlement, prenant ainsi leur part de responsabilité dans les ces questions. Par exemple, des hommes ont assuré la présidence de la Commission belge pour l'égalité hommes-femmes et, au Viet Nam, celle de la Sous-commission sur les questions de genre, qui relève de la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. Le règlement du Parlement peut aussi être modifié pour exiger une composition mixte dans toutes les commissions parlementaires – dont celle de l'égalité hommes-femmes - afin que la dimension du genre soit examinée, ce qui, par définition, inclut la prise en compte de l'opinion des hommes.

Des femmes ont invité les hommes à participer à des activités de sensibilisation, notamment des consultations, des activités ou des débats organisés pour célébrer la Journée internationale de la femme. Des hommes ont pris part à des délégations conjointes aux réunions annuelles de la Commission de la condition de la femme et ont participé à des visites sur le terrain sur des sites où la discrimination est manifeste. L'idée est de permettre aux hommes de tirer des enseignements de ces expériences et contacts directs avec les victimes de discrimination. Ils ont par la suite presque toujours apporté leur soutien à ces initiatives.

La plupart des hommes ayant répondu au questionnaire de l'UIP ont dit qu'ils contribuaient à la promotion de l'égalité hommes-femmes en appuyant les projets de loi dans ce domaine et en débattant du sujet. Dans certains cas, ils se sont efforcés de promouvoir une plus grande participation des femmes dans les Bureaux des parlements ou les commissions parlementaires, ou ont posé des questions au gouvernement sur des thèmes en rapport avec l'égalité hommes-femmes. D'autres ont appuyé des initiatives innovantes en vue d'intégrer la question du genre dans les travaux du Parlement.

« D'abord, j'ai voté pour la loi sur l'égalité des droits et des chances (loi 648), puis j'ai déposé une motion tendant à l'institution d'une équipe technique chargée des questions de genre, qui fournit des services d'experts sur l'élaboration des lois sur la question du genre, en vue de garantir leur conformité avec les instruments internationaux auxquels le Nicaragua est partie ». Homme parlementaire (Nicaragua)

En définitive, les hommes doivent être à la hauteur de leurs responsabilités sur le plan de l'égalité entre les sexes. Le droit impose de plus en plus de donner effet aux principes de l'égalité hommes-femmes : les Etats sont de ce fait destinés à garantir que les hommes et les femmes fassent progresser et concrétisent ensemble l'égalité entre les sexes.