La révolution en Egypte est sans doute l'un des événements politiques les plus marquants de l'année 2011. Après les manifestations de la place Tahrir et la chute du président Hosni Moubarak, le paysage politique égyptien a radicalement changé. Le peuple égyptien s'achemine vers une véritable démocratie plurielle. Une Constitution, qui façonnera un cadre nouveau pour la société, devrait être élaborée en 2012. Toutefois, le chemin de la démocratie n'est ni direct ni aisé, car des intérêts contradictoires sont en jeu qui assignent des priorités différentes au pays.

Les élections à la Chambre basse du Parlement, qui s'étaleront sur trois mois, permettront de clarifier le paysage politique. Le nouveau parlement devrait jouer un rôle fondamental dans cette transition. Il pourra être un instrument de représentation des vues de citoyens dans le processus de prise de décision. Il aura aussi un rôle à jouer dans l'élaboration de la nouvelle Constitution, bien que les fonctions qu'il sera amené à remplir ne soient pas encore bien définies. Le Parlement sera confronté à d'énormes difficultés. Les différentes forces politiques en présence devront trouver un moyen de travailler de concert et de trouver des compromis, dans l'intérêt général.

Dans ce cadre, l'UIP a organisé en octobre et décembre des ateliers qui se sont tenus au Caire, à l'intention des membres haut placés du personnel parlementaire, afin de les aider à résoudre certaines des questions les plus pressantes auxquelles le nouveau Parlement sera surement confronté. D'ici à la fin janvier 2012, 498 nouveaux parlementaires auront été élus, la plupart pour la première fois. Le personnel parlementaire devra les accueillir et organiser des modules de formation. Il faudra aussi les initier à leur nouveau rôle de législateurs et de représentants, tout en les épaulant dans la réalisation de leurs tâches.

Malgré les incertitudes en rapport avec la Constitution, il est probable que le nouveau Parlement jouera un rôle accru, en mettant davantage l'accent sur le contrôle de l'action de l'Exécutif et le dynamisme des commissions parlementaires. Le personnel parlementaire actuellement en poste est expérimenté et qualifié, mais les services parlementaires dans leur ensemble devront s'adapter au nouveau contexte politique. La transition supposera un changement de mentalité – en matière de culture professionnelle notamment – et il s'agira d'offrir des services à tous les membres, dans un esprit d'impartialité et de neutralité.

Les ateliers organisés au Caire ont permis de faciliter les concertations entre le personnel parlementaire égyptien et les hauts responsables d'autres parlements. S'il est vrai que le cas égyptien est unique, il est apparu que plusieurs des questions que les parlementaires devront examiner sont similaires à ce que connaissent d'autres pays. La transition vers la démocratie en Espagne à la fin des années 70 s'est accompagnée d'une ouverture radicale de la vie politique. Le récent scandale des notes de frais au Royaume-Uni a entraîné l'arrivée de nombreux nouveaux membres dans un parlement qui était jusqu'alors largement discrédité aux yeux du public. Les débats au sujet de l'expérience acquise par d'autres parlements ont aidé les participants à réfléchir à des solutions pour résoudre leurs propres difficultés.

Les autorités égyptiennes se trouvent face à un défi de taille : mettre sur pied des institutions fonctionnelles qui servent les intérêts du peuple égyptien. Le taux de participation élevé durant les élections législatives a montré l'attachement du peuple à l'idée fondamentale que son vote influera sur le cours des choses. L'UIP et les parlements dans le monde sont prêts à partager leur expérience en vue de contribuer à l'édification d'un Parlement moderne et démocratique en Egypte.