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Histoire de l'UIP

L’Union interparlementaire a été créée en 1889, à une époque où il n’existait aucun dispositif établi pour permettre aux gouvernements, aux parlements ou aux parlementaires de coopérer à l’échelle internationale.

Les bases de ce qui deviendra l’Union interparlementaire ont été jetées par deux visionnaires du XIXème : le Britannique William Randal Cremer et le Français Frédéric Passy. Ces deux personnages ont créé une association de parlementaires qui deviendra l’organisation mondiale dynamique que l’on connaît aujourd’hui.

Les deux hommes venaient de milieux sociaux très différents, mais étaient unis par la même croyance dans le règlement pacifique des différends internationaux. Infatigables défenseurs de la paix, ils ont tous deux remporté le Prix Nobel de la paix, tout comme six autres figures de l’UIP.

Leurs travaux ont abouti à la création de la première organisation politique internationale permanente au monde et ont jeté les bases de la coopération multilatérale entre les nations telle que nous la connaissons aujourd’hui. L’UIP a contribué à la création de la Cour permanente d’arbitrage à La Haye en 1899, et ses appels en faveur d’une institution internationale intergouvernementale ont préparé la création de la Société des Nations en 1919 et de l’Organisation des Nations Unies en 1945.

Entre 1870 et 1890, l’idée de réunir les parlementaires de différents pays s’était répandue parmi les pacifistes, mais jusqu’en 1889 personne n’avait encore pris l’initiative de donner vie à ce projet. 

Randal Cremer, né dans une famille pauvre de l’Angleterre, travailla d’abord comme charpentier, avant de devenir dirigeant syndical puis parlementaire en 1885. Frédéric Passy était issu quant à lui d’une riche famille française influente et était un économiste respecté. Chacun dans son pays a œuvré séparément en faveur de l’arbitrage entre les nations, avant d’unir leurs forces en dépassant les clivages sociaux et nationaux qui les séparaient.

Cremer était parvenu à persuader 234 de ses pairs de signer un document proposant un traité d’arbitrage avec les Etats-Unis. A la tête d’une délégation, il avait traversé l’Atlantique pour présenter le traité au Président américain Grover Cleveland.

Le traité ne fut pas approuvé par le Congrès, mais la visite de la délégation britannique déclencha une forte vague de soutien en faveur de l’arbitrage, si bien qu’en juin 1888, le Sénat des Etats-Unis adopta une proposition prévoyant de recourir, à chaque fois que cela serait possible, à l’arbitrage pour régler les différends avec les autres gouvernements.

A peu près au même moment, Passy avait présenté une motion appelant son propre gouvernement à saisir toutes les occasions permettant de régler les conflits internationaux par la médiation et l’arbitrage.

Cremer eut vent des actions entreprises par Passy et lui écrivit pour lui proposer de se rencontrer et d’échanger leurs vues, en précisant que, s’il recevait une invitation à une rencontre, il pourrait se rendre à Paris accompagné de 200 parlementaires britanniques.

Première rencontre historique

Passy émit l’invitation, informant Cremer que s’il venait accompagné ne serait-ce que d’une demi-douzaine de parlementaires, ce serait déjà un grand événement. La rencontre historique eut lieu au Grand Hôtel, à Paris, le 31 octobre 1888.

Au final, neuf parlementaires britanniques avaient traversé la Manche pour rencontrer 25 de leurs homologues français. Passy ouvrit les débats et fut élu Président, tandis que Cremer et Sir George Campbell assurèrent la vice-présidence.

Les parlementaires conclurent au terme de leur réunion qu’un traité d’arbitrage entre la France et les Etats-Unis avait beaucoup plus de chances d’aboutir qu’un traité entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, en raison des différends concernant l’Irlande et le Canada.

Décidés à poursuivre leurs travaux et loin d’être découragés par le nombre réduit de participants, les parlementaires convinrent de se rencontrer à nouveau l’année suivante.

Elément déterminant, ils décidèrent d’inviter des parlementaires du monde entier favorables à l’idée d’arbitrage, convoquant ainsi la toute première conférence internationale de grande envergure. Un comité fut créé pour organiser une conférence à Paris les 29 et 30 juin 1889, en prenant soin de la faire coïncider avec l’Exposition universelle.

Lorsque Cremer visita, quelques jours avant la conférence, la salle qui avait été choisie pour accueillir celle-ci, il fut effaré par la modestie du lieu, estimant qu’il n’était pas à la hauteur de l’événement. Il se précipita alors à l’Hôtel Continental pour y réserver l’un des plus somptueux auditoriums du Paris de l’époque.

Présence internationale

Cette deuxième conférence réunit 55 parlementaires français, 28 de leurs homologues britanniques, ainsi que cinq Italiens. Les parlements de Belgique, du Danemark, d’Espagne, des Etats-Unis, de Hongrie et du Liberia y avaient également envoyé un représentant chacun.

Bien que la représentation mondiale fût limitée, elle fut néanmoins suffisante pour donner à la Conférence une dimension internationale. Le deuxième jour, les parlementaires décidèrent que la réunion devrait avoir lieu chaque année.

C’est ainsi que naquit officiellement le 30 juin 1889 la Conférence interparlementaire, qui allait devenir par la suite l’Union interparlementaire. Passy en fut élu Président et Cremer Vice-Président.

Trois ans plus tard, le groupe installa son siège, le Bureau interparlementaire, à Berne, en Suisse, avec à sa tête un secrétaire général bénévole, Albert Gobat, qui occupa ce poste jusqu’en 1909 et fut le deuxième lauréat du Prix Nobel de la paix.

C’est Cremer qui engagea le processus qui devait aboutir à la désignation de Christian Lange, premier Secrétaire général rémunéré (1909-1932), et à la consolidation de l’assise financière de l’organisation par Andrew Carnegie.

L’organisation adopta son nom actuel l’Union interparlementaire en 1899.