À l'approche de la COP29, la prochaine édition de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, les parlements se concentrent sur les actions qu'ils peuvent entreprendre pour renforcer le financement de l'action climatique, celui-ci étant le moteur économique des mesures prises pour limiter la hausse des températures et assurer la transition vers un avenir sobre en carbone.
La COP de cette année, qui aura lieu du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou (Azerbaïdjan), est qualifiée officieusement de "COP financière" en raison de la place prépondérante qu’elle prévoit d’accorder aux discussions sur les capitaux publics et privés en faveur de l'action climatique.
La COP29 sera consacrée principalement aux négociations concernant le nouvel objectif chiffré collectif sur le financement de l’action climatique. Il s’agira en effet pour les Parties de fixer un objectif financier en ce qui concerne le soutien apporté aux pays dans leurs efforts en faveur du climat après 2025.
Les parlements ont un rôle privilégié dans la lutte contre les changements climatiques, car ils ont le pouvoir d'adopter des lois et de mettre en œuvre des cadres réglementaires et des mesures fiscales qui favorisent le financement de l'action climatique.
Comme les années précédentes, l'UIP organisera une réunion parlementaire à l’occasion de la COP, en partenariat avec le Parlement d'Azerbaïdjan, afin d'associer les parlementaires au processus de l'ONU. Compte tenu du rôle essentiel des parlements dans la promotion de l'action pour le climat, y compris le financement de l'action climatique, l'UIP a à cœur de faire entendre la voix des parlementaires dans les négociations mondiales à ce sujet.
"Des mesures doivent être prises en particulier par les gouvernements nationaux", a déclaré Waven William, membre de l'Assemblée nationale des Seychelles et Président de la Commission permanente du développement durable de l'UIP. "Face aux tendances qui se dessinent en matière d'accès aux financements étrangers [pour] la lutte contre les changements climatiques, nous devons élaborer nos propres projets d'architecture financière afin de montrer que nous contribuons également à la résolution de nos propres problèmes."
Le financement de l'action climatique sera indispensable pour soutenir les projets relatifs à l’exploitation des énergies renouvelables et pour promouvoir l'efficacité énergétique, l'agriculture durable et l'adaptation aux changements climatiques, en particulier pour les pays en développement.
L’année prochaine, la COP, qui se tiendra au Brésil, marquera le 10e anniversaire de l’Accord de Paris, un traité international sur le climat visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. Les pays signataires de cet Accord doivent présenter des plans d'action nationaux relatifs au climat et les mettre à jour tous les cinq ans, la prochaine échéance étant fixée à 2025. Dans ces plans, connus sous le nom de contributions déterminées au niveau national (CDN), les pays exposent les mesures qu'ils prendront pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour s'adapter aux effets des changements climatiques.
Les parlements disposent d'un certain nombre d'outils pour aider leurs pays à élaborer ces plans d’action. Ils peuvent notamment adopter une législation sur le financement de l'action climatique qui encourage les initiatives dans ce domaine. Ainsi, le Royaume-Uni a adopté en 2008 une loi historique sur les changements climatiques, laquelle fournit un cadre pour les investissements à faible émission de carbone.
Les parlements peuvent également favoriser l’essor des obligations vertes en établissant des critères pour définir ce qui constitue un investissement vert. En 2023, un accord a été négocié et conclu au sein de l'Union européenne pour créer la norme européenne sur les obligations vertes, qui constitue la première norme d’excellence pour l'émission de ce type d’obligations.
Les parlements peuvent également collaborer avec les régulateurs financiers en vue de mettre en place des réseaux d’organismes de réglementation du financement de l’action climatique, promouvoir la budgétisation verte et contrôler que les gouvernements mettent en œuvre leurs engagements et qu'ils progressent ainsi dans la réalisation de leurs objectifs.
Le fonctionnement et la supervision du fonds permettant de faire face aux pertes et préjudices, un instrument destiné à aider les pays les plus pauvres qui sont souvent le plus gravement touchés par les changements climatiques, figureront également en bonne place à l'ordre du jour de la COP29.
Le fonds a été approuvé à la COP27 et mis en place à la COP28. Lors de la COP29, les mécanismes de collecte et de mise à disposition des ressources seront au centre des discussions. L'UIP souhaite vivement que les parlementaires contribuent à l'élaboration de politiques qui permettront une distribution rapide, équitable et transparente des ressources du fonds.
L'Organisation météorologique mondiale indique qu’en raison des conditions météorologiques extrêmes, les pertes économiques liées aux catastrophes ont été multipliées par sept depuis les années 1970. Les pays à faible revenu ont besoin d’importantes ressources financières à des conditions favorables pour faire face aux changements climatiques. Le nouvel objectif chiffré collectif sur le financement de l’action climatique, qui devrait être adopté à Bakou, vise à fournir un cadre financier plus réaliste et plus ambitieux pour répondre à ces exigences. Dans le cadre des discussions techniques, la COP29 examinera les délais liés à cet objectif, les montants et les sources des fonds nécessaires, ainsi que les enjeux en matière de transparence.
L’adaptation aux changements climatiques devient de plus en plus coûteuse à mesure que ces changements prennent de l’ampleur. Les pays pourraient devoir dépenser chaque année jusqu’à 300 milliards d’USD d’ici à 2030 et 500 milliards d’USD d’ici à 2050, selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement. Cependant, ces estimations sont jusqu’à dix fois supérieures aux flux de financement actuels.
"La première COP a eu lieu il y a plus de 20 ans", a relevé Pennelope Beckles, Ministre de la planification et du développement de Trinité-et-Tobago. "Je crois vraiment qu'il y a eu des améliorations et des réalisations significatives. La COP29 doit déboucher sur un objectif ambitieux en matière de financement mondial afin de permettre aux pays vulnérables, tels que les petits États insulaires, de faire face aux changements climatiques."
Regardez le récent webinaire de l'UIP sur le financement de l'action climatique.
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