Skip to main content
Profils

Birgitta Jonsdottir, Islande

*Birgitta */Jónsdóttir/* : "Ce que je recherche avant tout ce sont des 
solutions juridiques mondiales qui permettent de garantir la protection de la 
vie privée dans les espaces numériques".*//

Birgitta Jónsdóttir : "Ce que je recherche avant tout ce sont des solutions juridiques mondiales qui permettent de garantir la protection de la vie privée dans les espaces numériques".

Quelle incidence l’enquête des autorités américaines a-t-elle eu sur votre travail de parlementaire ?

Mes avocats américains et le ministère islandais des Affaires étrangères m’ont conseillé de ne pas me rendre aux Etats-Unis tant que mon dossier était en cours et l’hostilité envers WikiLeaks à son comble. Cela m’a empêché d’établir de précieux contacts avec des personnes qui travaillent à l’élaboration de textes législatifs sur la protection de la vie privée en ligne, la liberté d'informer et de s'informer et la liberté d’expression.

Je souligne néanmoins que je peux me rendre dans ce pays depuis avril 2013.

On m’a également conseillé de ne pas afficher publiquement mon soutien à Bradley Manning (aujourd’hui Chelsea Manning), mais je n’ai pas pu m’y résoudre. Pour moi, l’autocensure était insupportable, même si cela pouvait me faire perdre mon procès.

Avez-vous changé vos habitudes en ligne à partir du moment où les autorités américaines ont ouvert leur enquête ?

Avant d’être élue députée, j’ai milité pendant de nombreuses années. J’ai toujours pris des précautions en navigant sur le web car les organisations dont je faisais partie étaient surveillées par les autorités. Nous avons même été infiltrés par un policier en civil. Je suis consciente que, quoi que je fasse sur Internet, en tant que députée ou à titre privé, c’est comme si j’envoyais une carte postale sans enveloppe. Après ce qui m’est arrivé, je peux dire que ce que je recherche avant tout ce sont des solutions juridiques mondiales pour garantir le respect de la vie privée dans les espaces numériques. J’utilise le logiciel de cryptage PGP pour les courriels de mon compte privé, mais le Parlement islandais ne me permet pas d’utiliser cet outil pour mes courriels parlementaires. D’ailleurs, la plupart des parlementaires ne comprennent pas l’importance du cryptage et ne savent pas comment l’utiliser.

Quelle incidence l’enquête a-t-elle eu directement sur vous d’un point de vue personnel ?

Elle a renforcé ma détermination à trouver des solutions juridiques pour que chacun puisse protéger ses communications en ligne. Je milite toujours et je continuerai de me battre jusqu’au bout contre ces procédés abusifs.

En quoi le Comité des droits de l’homme des parlementaires de l’UIP vous a-t-il été utile ?

Le fait que l’UIP ait proposé de préparer une résolution sur la question a été d’une importance capitale. Etant donné le contexte, cela a permis de remettre mon affaire sur le devant de la scène. J’espère sincèrement que nous pourrons poursuivre l’important travail entrepris sur l’élaboration de politiques mondiales pour traiter les révélations d’Edward Snowden, qui ont mis au grand jour des lacunes criantes en matière de protection de la vie privée, bien pires ce que j’imaginais.

Où en est votre procès ?

J’ai perdu à tous les degrés de juridiction. Nous avons décidé de ne pas porter l’affaire en dernière instance car je ne voulais pas prendre le risque de voir prononcer un verdict qui aurait pu avoir des conséquences pour d’autres personnes. Mes avocats continuent de faire pression sur les autorités pour qu’elles rendent publics les noms des quatre autres entreprises, outre Twitter, qui ont été contraintes de livrer mes données personnelles.