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Opinions

Trois questions à Shahzaib Durrani, jeune parlementaire, Pakistan

Shahzaib Durrani

La rubrique Opinions fait partie d'une nouvelle série web de l'UIP qui propose des interviews de parlementaires du monde entier. Les points de vue et opinions qu'ils expriment sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement la position de l'UIP.

Shahzaib Durrani, un jeune députée du Pakistan, est membre du Forum des jeunes parlementaires de l'UIP. Nous l'avons interviewé à l'occasion de la Journée internationale de la jeunesse, le 12 août.

Quels sont les obstacles empêchant les jeunes de se présenter au parlement dans votre pays ?

À l'heure actuelle, 64 pour cent de la population pakistanaise a moins de 30 ans. Bien que la jeunesse pakistanaise soit tout à fait à même de jouer un rôle au parlement national, des obstacles empêchent les jeunes de se présenter aux élections.

En premier lieu, les jeunes d'origine modeste préfèrent en général trouver un emploi salarié plutôt que de se présenter aux législatives. Parfois, des conditions socio-économiques et politiques désespérantes peuvent inciter les jeunes à se lancer dans des activités délinquantes plutôt que de s'investir dans la politique. Les dépenses élevées exigées par la participation aux élections aux assemblées nationale et provinciales constituent une deuxième entrave. Enfin, les syndicats d'étudiants ont été interdits en 1984, privant les jeunes du tremplin politique dont ils disposaient à l'échelon local et national, ce qui les a longtemps détournés de la vie politique. Le quatrième facteur expliquant le faible taux de participation des jeunes à la vie politique est l'environnement politique traditionnel du Pakistan. La place centrale donnée par la société pakistanaise aux anciens (qui privilégie l'expérience de l'âge au détriment de la créativité de la jeunesse) constitue une entrave. Le milieu politique est une autre pierre d'achoppement empêchant les jeunes des classes moyennes d'accéder à la vie politique. La situation n'est pas équitable, car les familles aisées qui font de la politique sont avantagées dans l'environnement politique traditionnel en raison des liens étroits qu'elles entretiennent avec d'autres familles influentes sur le plan politique et des personnalités locales.

Que peuvent faire les parlements/gouvernements pour faciliter la participation politique des jeunes ?

Il reste beaucoup à faire aux forums parlementaires internationaux et aux parlements nationaux pour garantir la participation concrète des jeunes à la vie politique aux échelons régional, national et international. Il faut améliorer la situation financière des jeunes en les rémunérant pour leur participation à la politique locale et nationale, tout particulièrement dans les pays en développement. Des lois électorales redonnant leur légitimité aux syndicats d'étudiants doivent être adoptées, à l'instar de la résolution du Sénat pakistanais, qui a redonné vie aux syndicats d'étudiants au Pakistan en 2017. La législation nationale devrait prévoir des quotas spéciaux attribuant aux jeunes au moins 50 pour cent des sièges des assemblées nationale, provinciales et locales. Une fois les jeunes majoritaires dans les parlements, les jeunes parlementaires pourront facilement adopter des lois facilitant la participation des jeunes à la vie politique. Les partis politiques doivent inciter les jeunes à s'intéresser à la politique et à la gouvernance et leur fournir le soutien moral, politique et financier requis pour qu'ils se présentent aux élections.

Dans quelle mesure votre expérience à l'UIP vous a-t-elle aidé à évoluer dans votre rôle de parlementaire à l'échelle nationale ?

En tant que jeune parlementaire de l'UIP, j'ai pu constater que la majorité des députés des pays développés démocratiques sont jeunes et qu'ils œuvrent activement pour que les jeunes bénéficient de meilleures perspectives politiques aux échelons local et national. Les jeunes sont à même de tirer un meilleur parti des innovations technologiques en les mettant au service de l'évolution sociale, économique et politique de leur pays et de leur région. Nous nous heurtons actuellement à des difficultés économiques, sociales, politiques, technologiques et écologiques qui exigent la participation des jeunes à la vie politique régionale, nationale et internationale par le biais du parlement. En effet, seuls les jeunes sont en mesure de trouver des solutions à ces innombrables difficultés. En tant que jeune parlementaire, je me suis engagé en faveur de la participation des jeunes au Pakistan en défendant les programmes de stages au Sénat du Pakistan et en entretenant des relations avec les syndicats d'étudiants, les membres du parlement national des jeunes et les étudiants des universités pakistanaises ayant pris part à l'initiative de simulation de l'ONU.