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Actualités en bref

Prévenir durablement les conflits avec les leaders de demain

somalia

©AMISOM / Ilyas Ahmed 2016

La résolution 2250 du Conseil de sécurité de l’ONU sur la jeunesse, la paix et la sécurité, adoptée à l’unanimité en décembre 2015, reconnaît la contribution importante des jeunes au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité. Elle exhorte les États membres à accroître la représentation inclusive des jeunes à tous les niveaux dans les instances de décision et dans les institutions et dispositifs de prévention et de règlement des conflits et à lutter contre l’extrémisme violent.

Quelques années après l’adoption de ce texte, l’Union interparlementaire (UIP) a mené une étude sur la représentation des jeunes au parlement et leur contribution à la paix et à la sécurité (Youth Participation in Parliaments and Peace and Security), dans le cadre de l’Étude sur les jeunes, la paix et la sécurité, réalisée en application de la résolution 2250 (2015). L’étude de l’UIP constituait la toute première tentative d’étudier la contribution des jeunes parlementaires à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix. 

L’étude a abouti à la conclusion qu’une plus grande représentation des jeunes au parlement pouvait faire progresser la paix et la stabilité sur le long terme. Différentes actions pouvant être menées par les jeunes parlementaires pour contribuer à la consolidation de la paix ont été proposées, notamment : 

  • devenir des médiateurs et des promoteurs du dialogue dans les sociétés divisées ;
  • plaider en faveur d’une plus grande inclusion des organisations de jeunes dans les processus de paix ;
  • utiliser les plateformes de diplomatie parlementaire pour favoriser la coopération internationale en faveur de la paix.

Plus généralement, l’UIP, la première organisation multilatérale au monde à promouvoir la paix par le biais de la diplomatie parlementaire, a reconnu la contribution essentielle des parlementaires au maintien de la paix et de la sécurité internationales dans plusieurs de ses résolutions et déclarations ces 10 dernières années. 

Ainsi, dans la Déclaration de Genève, portant sur le thème Diplomatie parlementaire : tisser des liens pour promouvoir la paix et la compréhension, approuvée par la 148e Assemblée de l’UIP en mars 2024, les Parlements membres de l’UIP se sont engagés à favoriser une plus grande participation des femmes et des jeunes à la vie politique et aux fonctions de leadership, y compris dans les secteurs de l’armée et de la sécurité. Ils se sont également engagés à mettre pleinement en œuvre les priorités du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes et la paix et la sécurité, ainsi que sur les jeunes, la paix et la sécurité, en veillant à ce que les processus de paix, le maintien de la paix, la consolidation de la paix et la prévention des conflits intègrent une perspective de genre et garantissent une participation égale et significative des femmes et des jeunes.

Malgré ces progrès, des données suggèrent que les jeunes restent en marge des efforts de paix et de sécurité. L’engagement politique ne s’est pas encore traduit par une augmentation des investissements en faveur d’activités de consolidation de la paix menées par les jeunes. Pour répondre à ces préoccupations, 76 jeunes parlementaires et membres de personnel parlementaire ont participé à une séance d’information en ligne de la Série sur l’autonomisation pour aborder le rôle des jeunes parlementaires en matière de prévention des conflits et de consolidation de la paix. 

Des parlementaires de plus de 28 pays ont exploré les opportunités et les défis que les jeunes parlementaires rencontrent dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix et discuté des mesures pratiques que les jeunes parlementaires peuvent prendre, notamment en matière d’élaboration de politiques, de diplomatie parlementaire, d’efforts de médiation et de dialogue, et d’appui à l’inclusion des jeunes.

Des experts du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de la Fondation Kofi Annan ont souligné que les jeunes étaient souvent considérés comme des victimes ou des auteurs de violences et que leur contribution à la consolidation de la paix était négligée. Ils ont souligné que pour encourager la participation des jeunes, il ne suffit pas d’augmenter leur nombre, mais il convient également de renforcer leur rôle et leur contribution aux institutions et processus politiques, ainsi que leur rôle dans la vie civique.

Des jeunes parlementaires de différents pays ont fait part de leur point de vue sur le rôle qu’ils pourraient jouer en matière de prévention des conflits et de consolidation de la paix. 

M. Agho Oliver Bamenju, un jeune parlementaire camerounais, a insisté sur le rôle essentiel du mentorat politique pour assurer la participation des jeunes : "Le mentorat politique est essentiel pour attirer les jeunes dans les instances politiques. Les jeunes sont écartés des négociations, même s’ils en sont les principaux acteurs. Les groupes armés empêchent les jeunes parlementaires de lancer des initiatives de prévention des conflits et de consolidation de la paix."

Un autre exemple éloquent est celui de Mme Justine Mukobwa, une jeune parlementaire rwandaise, qui a déclaré que les jeunes de son pays étaient encadrés dès le plus jeune âge et qu’ils participaient activement à différentes activités, notamment à la prévention des conflits. Elle a ajouté : "Au Parlement, nous avons des forums thématiques, notamment un forum de lutte contre le génocide. Nous veillons à ce que les jeunes bénéficient d’une formation visant à lutter en faveur de la paix en toute circonstance."

Mme Quratulain Marri, une jeune sénatrice du Pakistan, a souligné que très souvent, la participation des jeunes était plus symbolique que véritablement engageante : "Ce qui compte vraiment, lorsque les jeunes parlementaires sont membres de commissions, c’est de savoir s’ils ont les coudées franches pour apporter des changements, servir de médiateurs en cas de conflit et résoudre des problèmes. C’est là que réside la solution. Certes, l’expérience compte pour beaucoup, mais parallèlement, nul n’ignore que les jeunes apportent de nouvelles perspectives. Les jeunes représentent le groupe démographique le plus important au monde et ils peuvent nous faire bénéficier d’un regard nouveau sur les choses. Or la politique reste une affaire d’hommes d’un certain âge, et associer des jeunes, des femmes ou des jeunes femmes à cette affaire-là, pour certains, c’est un comble."

Associer des jeunes parlementaires à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix 

Alors que les jeunes parlementaires tentent toujours de se frayer un chemin au travers du paysage complexe de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix, ils sont également bien placés pour défendre les politiques qui s’attaquent aux causes profondes des conflits, à savoir les inégalités socio-économiques, la marginalisation et le manque d’accès des jeunes à une éducation et à des possibilités d’emploi. Des centaines de jeunes parlementaires du monde entier se réuniront cette année en Arménie à l’occasion de la dixième Conférence mondiale des jeunes parlementaires de l’UIP, en vue de trouver des solutions pour lutter contre les générations perdues. 

La contribution des jeunes parlementaires à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix va au-delà des idées reçues sur la jeunesse, la paix et la sécurité. En encourageant un leadership intergénérationnel et en tissant des liens avec les membres de leur circonscription, les jeunes parlementaires nous montrent que nous avons plus de points en commun que de divergences, ouvrant ainsi la voie à un avenir plus pacifique et plus inclusif.