Mohammed Al-Dainy, parlementaire iraquien, a été condamné à mort par contumace pour avoir été l'instigateur de l'attentat à la bombe contre le Parlement iraquien en 2007, entre autres chefs d'inculpation qui se sont révélés depuis sans fondement.
Mohammed Al-Dainy était un défenseur des droits de l'homme. Il était déjà en Jordanie où il avait fui lorsqu'il a été condamné à mort en janvier 2010.
Il a été reconnu coupable d'une série d'infractions pénales graves, notamment de l'attentat à la bombe contre le Parlement iraquien en 2007, du lancement de tirs de mortier pendant une visite du président iranien, de la mort de 155 villageois qui auraient été enterrés vivants, et du meurtre d'un soldat.
Mohammed Al-Dainy a été élu au parlement en 2006 comme député du Front de dialogue national. Ardent défenseur des droits de l'homme, il a enquêté sur les conditions de vie dans les lieux de détention iraquiens. Il a ainsi recueilli quantité d'informations pour les organisations internationales et a contribué à dénoncer l'existence de prisons secrètes tenues par le gouvernement.
En 2009, il a été accusé d'avoir planifié l'attentat contre le parlement après les "aveux" de son neveu et du chef de son service de sécurité, filmés en vidéo. Il a formellement démenti les allégations, faisant valoir qu'elles avaient été obtenues sous la torture et qu'elles étaient liées à sa critique du traitement des détenus en Iraq.
Lorsque son immunité parlementaire, qui empêchait l'ouverture de poursuites contre lui, a été levée, il a quitté le pays dans des circonstances imprévues. L'avion qui l'emmenait en Jordanie a reçu l'ordre de faire demi-tour mais les policiers armés qui sont montés à bord n'avaient pas de mandat d'arrêt à son nom. M. Al-Dainy est alors reparti par la route. Craignant pour sa vie, il est sorti de la voiture avant un poste de contrôle gouvernemental, a réussi à échapper aux autorités et à gagner la Jordanie.
Dans les semaines qui ont suivi, 19 membres de sa famille et de son personnel auraient été arrêtés et détenus arbitrairement et, dans certains cas, torturés pour obtenir d'eux des éléments à charge contre M. Al-Dainy.
En réponse aux pressions de l'UIP, le Président du parlement iraquien a créé un comité de cinq parlementaires pour enquêter sur le dossier de Mohammed Al-Dainy.
En mars 2012, le comité a recommandé que M. Al-Dainy soit rejugé d'urgence dans l'intérêt de la vérité et de la justice. Il a conclu que son immunité parlementaire avait été levée en violation des dispositions constitutionnelles et a mis au jour de graves irrégularités dans les dossiers montés contre lui, concluant qu'il était en Jordanie au moment des tirs de mortier, que le soldat qu'il était accusé d'avoir tué était toujours vivant et que dans le village d'Al‑Tahweela, où plus d'une centaine d'habitants auraient été enterrés vivants, aucun crime n'avait été commis.
L'UIP demande que le verdict rendu contre Mohammed Al-Dainy soit immédiatement cassé et appuie sans réserve le comité parlementaire iraquien lorsqu'il recommande que M. Al-Dainy soit rejugé et que soient poursuivis ceux qui ont torturé ses proches et ses employés.
L'UIP engage aussi vivement les autorités iraquiennes à fermer la prison secrète d'Al-Sharaf, maintenant que son existence et que le recours quasi systématique à la torture dans ce lieu ont été confirmés.