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Farkhunda Zahra Naderi, Afghanistan

Farkhunda Zahra Naderi est une jeune parlementaire passionnée dans l'un des pays, l'Afghanistan, où il est le plus dangereux de faire de la politique quand on est une femme. Elue au Parlement en 2010, Mme Naderi préside la Commission de la démocratie et des droits de l'homme de l'UIP depuis 2014.

Farkhunda Zahra Naderi est une jeune parlementaire passionnée et déterminée, dans un pays, l'Afghanistan, où il est extrêmement dangereux pour une femme de faire de la politique. Elle a montré une nouvelle façon de faire de la politique dans son pays.

Mme Naderi se définit comme une idéaliste, une personnalité critique qui a dû mener une longue lutte intérieure avant de se décider à faire de la politique et qui a finalement choisi, "de s'engager, de se battre et d'aller sur le terrain plutôt que de se tenir à l'écart".

"Mon père, dit-elle, m'a toujours dit que je devais faire de la politique, servir les autres. De mon côté, je pensais que je n'avais pas besoin de faire de la politique pour me mettre au service des autres, que je pouvais le faire à travers la société civile. Je crois que j'ai toujours été dans la direction opposée pour prouver que je ne ferai pas de politique, mais au bout du compte, je suis là."

Son père, Alhaj Sayed Mansoor Naderi, est un dirigeant en vue des Ismaéliens, une branche de l'islam chiite, dans la province centrale de Baghlan. Il a été Vice-Président du Parlement sous la monarchie et a travaillé auprès du gouvernement durant les années 80 avant d'être chassé de sa région par les talibans. Il y a seulement une dizaine d'années qu'il y est retourné.

Farkunda Zahra Naderi a donc la politique dans le sang, comme on le voit quand elle parle de sa vocation : "La volonté politique commence toujours par les droits de l'homme et les sentiments humains, les valeurs humanistes et la démocratie, l'idée étant que les citoyens sont l'élément central du pouvoir. Je crois en une politique qui vise d'abord à profiter aux citoyens, autrement dit en une politique fondée sur la volonté des citoyens et sur leurs besoins."

Après avoir étudié en Afghanistan, au Royaume-Uni et en Ouzbékistan, Farkunda Naderi a rejoint les rangs du Parti de la solidarité nationale d'Afghanistan (HMPA) et a été élue au Parlement en 2010. Passionnée d'art et de poésie, elle a joué un rôle central dans la reconstruction du Centre culturel et de la bibliothèque publique Hakim Nasir Khusrow Balkhi fondés par son père à Kaboul.

C'est la façon dont les femmes sont traitées dans son pays qui lui donne envie de faire changer les choses. "Si je repense à mon enfance, à une époque où je n'avais pas encore conscience des différences entre les hommes et les femmes, j'avais compris la réalité en voyant les autres femmes et les sacrifices qu'elles faisaient. Comme spectatrice, déjà, je voyais que ce n'était pas juste et les réponses qu'on me donnait quand je posais des questions à ce sujet ne m'ont jamais satisfaite," se souvient-elle.

C'est aussi sa condition de femme qui la pousse à continuer à se battre, comme elle le dit si bien : "Je me sens une responsabilité vis-à-vis de mon pays. Je suis partie prenante des questions touchant à l'égalité hommes-femmes et j'y attache une grande importance. Parce que je sais les maux qu'on inflige aux femmes et que leur existence-même est mise en cause, je n'ai d'autre solution que de faire de la politique et d'essayer de faire entendre ma voix."

Mais elle a aussi tiré des enseignements de son expérience au Parlement. "Faire de la politique quand on est une idéaliste, c'est perdre ses illusions, parce que la réalité n'est pas telle qu'on le voudrait. On réalise alors qu'en politique le perfectionnisme est l'ennemi du bien."