Objectif 2

Faire progresser l’égalité des sexes et le respect des droits des femmes

Chiffre-clé :
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Dans les réunions-débat organisées par l’UIP en 2019, les femmes ont représenté 49 % des intervenants

2019 était l’année du 40e anniversaire de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), principal cadre mondial pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Cet anniversaire a servi de tremplin à une intensification de la lutte pour l’égalité des sexes en politique. Dans ce domaine, l’UIP, plus ambitieuse que jamais, est bien décidée à tout faire pour que l’objectif de parité entre les sexes soit atteint. Il existe encore, à l’échelle mondiale, bien trop de lois discriminatoires à l’égard des femmes et des filles. L’UIP travaille à faire de l’élimination de cette discrimination une priorité pour tous les législateurs, hommes ou femmes. De ce fait, en 2019, l’Organisation a mené de nombreuses actions visant à mettre fin au sexisme et à la violence à l’égard des femmes en politique. La démocratie ne pouvant s’épanouir dans un contexte de violence, l’UIP continue d’aider les parlements à devenir des espaces sûrs, exempts de toute forme d’abus.

 

 
Le Bundestag allemand célèbre le 100e anniversaire du droit de vote accordé aux femmes. © Abdulhamid Hosbas / Anadolu Agency / Anadolu Agency via AFP

Atteindre la parité entre les sexes au parlement

En 2019, en partenariat avec le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, l’UIP a appelé à un engagement collectif et à des efforts accrus pour atteindre l’objectif de la parité entre les sexes au niveau des responsables politiques d’ici 2030. De plus en plus de pays progressent vers cet objectif, notamment sous l’impulsion de l’UIP. Le nombre des parlements1 dans lesquels les femmes détiennent au moins 40 pour cent des sièges est passé de 15 à 22 entre 2018 et 2019. Et en 2019, dans six pays, la présidence du parlement est allée pour la première fois à une femme.

Par le biais de ses publications et de ses données, l’UIP continue à renforcer les connaissances sur ce sujet et à sensibiliser les parlements à l’importance de la participation des femmes. Les données de l’UIP sur les femmes dans les parlements sont reprises par de grands organes de presse comme The Economist ou The Washington Post et sont citées dans les rapports d’organisations internationales influentes comme le Forum économique mondial.

Soucieuse d’appliquer elle-même les principes qu’elle préconise, l’UIP a procédé en 2019 à un renforcement de ses mesures internes de promotion de l’égalité des sexes en modifiant ses Statuts et Règlements pour imposer des sanctions plus sévères ou plus rigoureuses aux délégations non mixtes lors des Assemblées de l’UIP. Ces mesures, qui sont un exemple pour les autres organisations, ont été citées par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU comme de bonnes pratiques d’intégration de la dimension de genre.

1 Parlements monocaméraux ou chambres basses de parlements bicaméraux

Soutenir les initiatives nationales et régionales

  • Un changement constructif est intervenu en Turquie dans le débat sur les quotas électoraux de genre. Des parlementaires appartenant à différents partis politiques, réunis pour un séminaire organisé par l’UIP sur la participation politique des femmes, ont convenu que des mesures temporaires spéciales étaient nécessaires pour aplanir les obstacles qui freinent l’élection des femmes.
  • Au Mali, l’UIP a aidé les parlementaires, hommes et femmes, à rechercher et à supprimer les failles de la nouvelle loi instituant un quota de 30 pour cent de femmes à tous les postes de responsabilité. L’Organisation a aussi aidé les parlementaires à analyser l’impact des amendements constitutionnels sur la mise en œuvre du quota de 30 pour cent de femmes.
  • L’appui à l’Assemblée nationale du Bénin a porté ses fruits en 2019, avec l’adoption par le Parlement, à l’unanimité, d’une nouvelle disposition constitutionnelle permettant de légiférer pour promouvoir la représentation des femmes dans la prise de décision.
  • Dans la région Pacifique, qui affiche la plus faible participation des femmes dans les parlements, l’UIP a contribué à la mise en place d’un espace régional de dialogue entre parlementaires des deux sexes qui a permis l’élaboration de stratégies communes (adopter de lois sur un accès équitable des femmes aux positions de responsabilité et appeler les partis politiques à modifier leurs règlements intérieurs pour présenter davantage de candidates).

Autonomiser et défendre les femmes parlementaires

L’UIP a aussi travaillé à renforcer le leadership et l’influence des femmes parlementaires. L’Organisation est notamment très fière d’avoir aidé le Parlement de Djibouti à créer et à faire fonctionner son premier forum de femmes parlementaires. En Namibie, l’UIP a aidé les forums parlementaires de femmes à renforcer leur pouvoir de mobilisation ; elle a contribué à créer un système de mentorat en Tanzanie et à mettre la question du genre à l’ordre du jour du parlement en Serbie.

Les études pionnières menées par l’UIP sur la violence à l’égard des femmes dans les parlements ont été citées dans une vingtaine de conférences et de réunions internationales, y compris à l’ONU et au Congrès des États-Unis.

Au cours de l’année, sept pays ont demandé à l’UIP une assistance pour lutter contre la violence à l’égard des femmes au parlement ou dans les partis politiques (Allemagne, Irlande, Islande, Kenya, République de Corée, Royaume-Uni et Suisse).

Aider les parlements à devenir plus sensibles au genre

Le Plan d’action pour des parlements sensibles au genre reste un document de référence pour la transformation des parlements. Les évaluations de la sensibilité au genre menée ces dernières années avec le concours de l’UIP ont débouché en 2019 sur la création de nouvelles structures parlementaires ou la rénovation des anciennes pour mieux intégrer la dimension de genre.

Au Kenya, un forum sur le genre a été mis en place pour rapprocher les parlementaires hommes et femmes, indépendamment de leur appartenance politique, et lancer une réforme législative en faveur de l’égalité des sexes. En Namibie, deux forums de femmes parlementaires ont fusionné pour constituer une superstructure qui coordonne et intensifie l’action dans les deux chambres du parlement.

En 2019, l’UIP a contribué à l’évaluation de la sensibilité au genre des Parlements de Colombie et de Serbie. En Colombie, la direction du parlement a pris des mesures immédiates pour améliorer l’environnement de travail des femmes au parlement, notamment en menant la campagne Congreso En Igualdad pour sensibiliser les parlementaires et le grand public à la nécessité d’améliorer l’égalité des sexes au niveau de la représentation parlementaire, du personnel et des prises de décision.

« L’auto-évaluation de la sensibilité du Parlement au genre, réalisée en 2019, a été l’occasion de discuter de questions qui ne sont pas souvent abordées au parlement. C’est une expérience à renouveler pour les parlementaires de la prochaine législature. »

M. Milorad Mijatović, Président du groupe de réflexion sur les ODD, Assemblée nationale de Serbie

En Serbie, le forum des femmes parlementaires et la direction du Parlement ont joué un rôle de premier plan dans la réalisation de l’évaluation, laquelle a conduit le Parlement à modifier les lois électorales pour mettre en place un quota minimum de 40 pour cent de candidates sur les listes présentées aux élections législatives et locales.

Mettre un terme à la discrimination et à la violence envers les femmes

À l’occasion du 40e anniversaire de la CEDEF, l’UIP a mobilisé les parlementaires, les incitant à transposer la Convention dans des textes législatifs et des politiques en faveur de l’égalité des sexes.

Grâce aux efforts déployés par l’UIP et le Comité CEDEF depuis des années, les parlementaires prennent une part croissante aux processus d’examen et de mise en œuvre de la CEDEF. Parmi les parlements qui ont participé à l’enquête réalisée par l’UIP en 2019, 28,5 % prévoyaient de participer au suivi de l’examen du Comité CEDEF (contre 12,5 % en 2018). Vingt-et-un États parties ont été soumis à l’examen du Comité en 2019. Trois délégations officielles de ces pays (14,2 %) comprenaient un parlementaire (une seulement en 2018).

En Nouvelle-Zélande, à la suite de l’examen du Comité CEDEF, le forum parlementaire des femmes a appelé le ministre compétent à suivre la recommandation de modification de la loi selon le principe « à travail égal salaire égal ». Au Qatar, le Président du Conseil de la choura a annoncé que le Parlement allait débattre du prochain rapport du Comité CEDEF et passer en revue les mesures prises pour suivre ses recommandations précédentes.

Une aide a également été apportée au Parlement de Djibouti pour sensibiliser les parlementaires aux pratiques préjudiciables et aux différentes formes de violence à l’égard des femmes et des filles, en attirant leur attention sur le problème de la culture du silence et le poids social qui décourage les victimes de porter plainte. À la suite de cette formation, les parlementaires ont prévu d’organiser en 2020 des opérations de sensibilisation et de plaidoyer sous la forme de caravanes parcourant le territoire. Ainsi informés et mobilisés, les parlementaires se sont déclarés prêts à envisager une loi sur la violence faite aux femmes et aux filles et à renforcer les soins apportés aux victimes.

Manifestation de femmes unies contre la violence sexiste. © AFP/ François Guillot

Étude de cas

 

Promotion de l’égalité des sexes au Kenya

Le Parlement du Kenya travaille avec l’UIP depuis de longues années sur la question de l’égalité des sexes. En 2016, le Kenya a été le premier pays à utiliser l’outil d’évaluation de la sensibilité au genre. Des formations au genre ont ensuite été proposées au personnel et un poste a été créé pour aider les parlementaires à intégrer la dimension de genre dans leur travail. En 2018, un séminaire parlementaire sur la mise en œuvre de la CEDEF a été organisé avec le soutien de l’UIP. Celui-ci a débouché sur la création d’un forum sur le genre chargé de faciliter les travaux du parlement en matière d’égalité des sexes. Mme Susan Kihika, sénatrice et Présidente du Bureau des femmes parlementaires de l’UIP, a par la suite présenté une proposition de loi sur la santé génésique, qui est actuellement étudiée en commission.
 

L’impact de l’UIP

 

Une feuille de route pour l’éradication du sexisme au parlement

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (le 25 novembre), l’UIP a publié de nouvelles lignes directrices donnant aux parlements des indications pratiques sur la conception et la mise en œuvre de politiques et de mécanismes de traitement des plaintes. L’objectif de cette publication est de prévenir et d’éliminer le sexisme, le harcèlement et la violence à l’égard des femmes dans les parlements. Après avoir analysé la violence faite aux femmes en politique, l’UIP propose, avec ces nouvelles lignes directrices, des solutions concrètes et donne des exemples de bonnes pratiques mises en œuvre dans des parlements de par le monde. Les parlements ont activement participé à ce travail en fournissant des informations sur les mesures qu’ils ont prises dans leur institution pour prévenir les abus.

Prochaines étapes

 

L’année à venir

2020 est l’année du 25e anniversaire de la Déclaration et du programme d’action de Beijing, cadre mondial de l’action pour l’égalité des sexes et l’accroissement des opportunités ouvertes aux femmes. Cette année, l’UIP intensifiera sa participation aux processus des Nations Unies, notamment aux travaux de la Commission de la condition de la femme et de l’Assemblée générale. L’Organisation encouragera aussi l’action parlementaire pour le suivi des conclusions des examens, dans le cadre des Assemblées de l’UIP, du Sommet des présidentes de parlement et de la cinquième Conférence mondiale des présidents de parlement, et associera les jeunes générations à cette action par le biais de la Conférence mondiale UIP des jeunes parlementaires. Un appui personnalisé en faveur de l’égalité des sexes sera apporté aux parlements de Djibouti, des Fidji, du Kenya, des Maldives, d’Oman, de la Serbie, de la Sierra Leone et de la Turquie. En outre, à l’occasion du 20e anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU, une aide accrue sera apportée à l’action parlementaire en lien avec les femmes, la paix et la sécurité.

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