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N°13
AVRIL 2004
 
SOMMAIRE
 
white cube Éditorial
white cube En bref
white cube Une société de l'infomation plus équitable
white cube Droits de l'homme
white cube 2ème Conférence des Présidents de parlement
white cube 110ème Assemblée de l'UIP: Interview du Président Jackson
white cube Les femmes dans les parlements en 2003
white cube Le point sur la coopération technique
white cube Évolution parlementaire
white cube Lu dans la presse

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Le Monde des Parlements
Une société de l’Information plus équitable

panel parlementaire

"Tout le monde doit avoir accès à une société de l’information plus équitable. C’était le but du Sommet", ont affirmé les élus présents au panel parlementaire organisé par l’UIP dans le cadre du Sommet mondial sur la société de l’information, qui s’est tenu à Genève en décembre dernier. Oui, mais comment assurer le droit à l’information à toutes les populations, du Nord et du Sud ? Quelques participants à ce panel parlementaire, animé par la journaliste suisse Muriel Siki, nous ont fait part de leurs propositions.

Elles et ils ont dit :

  • Une ouverture de l’Internet pour la transparence gouvernementale et politique est primordiale. C’est un droit pour les populations. Nous demandons à tous les parlements et à tous les gouvernements d’avoir des e-parlements, ou des e-gouvernments pour un libre accès de leurs citoyens aux informations. La fracture numérique pose beaucoup de problèmes dans les pays en développement, mais pas seulement. Une grande partie des populations reste à l’écart des informations que les autres possèdent. Pouvons-nous construire une société de l’information qui les marginalise ?
    Mme Isabelle Fila Lémina, membre du Bureau de l’Assemblée de la République du Congo Brazzaville.

  • Le problème tient aux écarts qui existent entre les gens. Les riches disposent de moyens matériels et ont accès à l'Internet. Les pauvres n'ont pas les moyens d'acheter des ordinateurs et ne retirent rien de la société de l'information. Il nous faut donc réfléchir à une solution à ce problème.
    M. Ahmad Dabân Al-Naana, député jordanien

  • Le progrès constaté en matière de terminaux, dont les téléphones portables, est incroyable. Le Japon est en tête des pays en ce qui concerne le nombre de téléphones mobiles en service et pour l'Internet mobile. En terme de coopération, le Japon octroie une assistance financière considérable sous la forme d'une APD bilatérale. En Asie, nous avons le projet "Asia broadband" où le Japon joue un rôle clé. Quant à l'Afrique, les possibilités de connections y sont très peu nombreuses et je pense que notre assistance sur ce continent est très limitée.
    M. Tani Hiroyuki, parlementaire, Japon

  • En tant que représentants élus, les parlementaires sont à la base de la démocratie. Les agences gouvernementales, les partis politiques et les médias étant déjà sur Internet, l’institution parlementaire, légitimement représentative, doit également occuper cet espace et se doit d’être très active pour ne pas être à la traîne des autres secteurs de la démocratie. Ces informations publiques sont accessibles aux groupes de pression qui défendent des intérêts bien précis, et aux citoyens. La question est : comment utiliser tout ce matériel en ligne, dans le domaine de l’éducation ?
    M. Steven Clift, expert américain sur de la "e-démocratie".

  • Pour que les résolutions prises à Genève se traduisent dans la réalité, les parlements doivent veiller à ce que les budgets prévoient des moyens pour développer l’Internet et la société de l’information. Il faut voter des lois pour avoir un cadre juridique et pour contrôler l’action du gouvernement. J’ai proposé que lors de l’Assemblée interparlementaire à Mexico nous fassions le point sur ce qui a avancé depuis le sommet de Genève et d’autre part, que nous ayons une démarche auprès des responsables du Sommet de Genève pour que les parlements, à travers l’UIP, soient associés au travail d’évaluation de la politique menée dans chacun des pays et au plan international en matière de développement de la société de l’information.
    M. Patrice Martin-Lalande, membre de l’Assemblée nationale française.

  • J’ai été très surpris de constater que certains de mes collègues se demandaient s’ils doivent ou non légiférer en la matière, car j’estime que c’est notre rôle majeur. Nous devons aussi veiller à ce que la technologie utilisée et la neutralité des gouvernements et des parlements soit un exemple pour ce qui est de l’usage des technologies. Nous devons transformer le parlement en une institution moins bureaucratique, ce qui économiserait beaucoup d’argent et permettrait au public de voir quels sont les enjeux législatifs qui sont sur le bureau de leurs élus. En Roumanie, nous avons un système de boîte vocale des parlementaires, qui donne des information sur tous les projets de loi en discussion et tous les liens qui se réfèrent aux documents en question, ainsi qu’un historique des modifications apportées.
    M. Varujan V. Pambuccian, Membre du Parlement roumain

  • En tant que législateurs, nous devons encourager la concurrence des investisseurs dans les nouvelles technologies et dresser de temps à autre le bilan de la manière dont elles sont utilisées. Nous devons être suffisamment courageux pour ne pas intervenir et laisser les sociétés utiliser et exploiter tous les avantages de ces technologies. Mais il y a sans doute des domaines où nous devons intervenir comme la protection de la vie privée, la répression des utilisations inégales de l'Internet, comme la pornographie enfantine, pour ne pas citer la criminalité financière, domaine où une coopération internationale est nécessaire. Se posent également d'autres problèmes comme le "spam" (courrier électronique non sollicité) qui est de toute évidence un problème majeur. Il nous faut collaborer globalement. Cela sera possible si nous instaurons de bons mécanismes d'échange d'informations entre services de répression nationaux. Cela signifie que nous devons tous être plus ouverts et autoriser les investigateurs spécialisés à accéder à l'information si l'on veut qu'ils puissent trouver des éléments probants dans un dossier.
    M. Malcom Harbour, Membre du Parlement européen

     

Eclairage

M. Carlos Cantero

Les parlements dans la société du savoir
par Carlos Cantero, sénateur chilien

L’émergence de la société de l’information et du savoir a ébranlé la légitimité, la finalité et le fonctionnement des institutions traditionnelles. Initialement marginalisées par les réseaux mondiaux, ces institutions adoptent aujourd’hui de nouveaux rôles et approches en matière d'organisation et de gestion du savoir. Ces nouveaux paradigmes exigent des adaptations politiques et socioculturelles. Chaque fois que dans l'Histoire apparaissent des lignes de fracture, une alternative se présente : saisir la chance offerte, ou risquer de la gâcher. Si les parlements font le bon choix, les prochaines décennies verront un monde meilleur.

La révolution des technologies de l'information et de la communication (TIC) s’est propagée irrésistiblement à tous les secteurs de la société, donnant ainsi au développement un caractère systémique, organique et multidimensionnel. Les répercussions de cette révolution ont été ressenties dans le monde entier, engendrant des disparités entre régions et faisant naître des entités territoriales différentes les unes des autres, certaines créant des avantages compétitifs et les exploitant avec succès pour s’intégrer pleinement au monde (" zones gagnantes "), d’autres demeurant en marge (" zones perdantes "). Les citoyens, eux, doivent affronter les incertitudes de ce processus et ses conséquences. Le défi pour nos parlements consiste donc à repenser les lignes de force de l'institution pour améliorer la gouvernance, renforcer l'équité, en particulier par l'éducation, combler le fossé numérique et combattre l’inégalité devant la santé dans l’intérêt de tous, comme le veut le concept de développement humain prôné par Amartya Sen.

Dans le domaine des relations interpersonnelles et institutionnelles, le concept de développement territorial endogène s’enracine. Il s’agit de la capacité à créer des avantages compétitifs, à accroître la productivité, à mettre en valeur le capital humain et social et à exploiter les synergies. Diriger consiste de plus en plus à donner à chacun les outils de sa propre prise en charge; l'éducation et la formation se muent en processus continus et la décentralisation du pouvoir est une aspiration toujours plus forte. L’implication des citoyens s’accroît, exigeant crédibilité, transparence et honnêteté, particulièrement en politique.

Autrefois centralisées, les sociétés s’organisent désormais en réseau, les systèmes fermés s’ouvrent, un nouvel espace-temps virtuel émerge, et diversité et pluralisme sont les nouveaux mots d’ordre. D’unidirectionnelle, la communication devient multidirectionnelle, s’appuyant sur des supports multimédias interactifs. Les hiérarchies bougent. La verticalité cède le pas à l’horizontalité. Le développement n’est possible que s’il y a synergie sociale et territoriale, que si l’on peut compter sur des connaissances et informations adéquates, s’il existe une vision prospective et si toutes les composantes de la société sont associées à la planification stratégique et agissent dans la cohésion, indépendamment du niveau social ou des convictions politiques ou religieuses, renforçant ainsi la compétitivité systémique et la productivité des réseaux.

Partout la connectivité et l'accès aux médias numériques sont les garanties indispensables de l'équité et de l'égalité des chances pour les citoyens, qui réclament une nouvelle éthique du développement. Au-delà de l'infrastructure numérique, il est temps de changer la culture et la mentalité de la société, de créer un cadre organisationnel positif insufflant vie à l’associativité locale. Ceux des parlements et des blocs géo-économiques qui comprendront les premiers ces processus et sauront les décoder, faisant d’une connaissance implicite un savoir-faire actif, et qui pourront mettre les expériences individuelles et collectives au service de la société, comme l’a enseigné le philosophe et pédagogue Jean Piaget, pourront le mieux tirer parti de l’émergence de la société de l'information et du savoir et de ses nouveaux paradigmes.

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