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Anwar Ibrahim a été condamné deux fois en vertu d'une loi rarement 
appliquée. ©Reuters

Anwar Ibrahim a été condamné deux fois en vertu d'une loi rarement appliquée. ©Reuters

Anwar Ibrahim, actuellement chef de l'opposition en Malaisie, s'est battu des années devant les tribunaux de son pays pour être exonéré d'accusations de sodomie et de corruption. La mort de son avocat et collègue, le parlementaire Karpal Singh, un mois seulement après sa dernière défaite judiciaire, a exacerbé les préoccupations causées par le retentissement de l'affaire sur l'opposition.

Anwar Ibrahim a passé des années à se battre contre des accusations pénales et son maintien en détention, qui, selon lui et nombre de ses sympathisants, sont imputables à des considérations politiques. 

Pendant cinq ans dans les années 1990, il a été Vice-Premier Ministre de son pays avant de tomber en défaveur et de se retrouver au centre d'une série d'affaires judiciaires dans lesquelles il était accusé de corruption et de sodomie. 

Placé en détention pour la première fois en 1998, il n'a pas été libéré de prison avant 2004, date à laquelle ses condamnations ont été annulées. Anwar est alors monté en puissance et est devenu le chef de l'opposition.

Mais en 2008 il a été accusé à nouveau de sodomie. Après une longue bataille judiciaire, il a été acquitté en 2012 et, l'année suivante, a conduit l'opposition aux élections législatives, lançant à la coalition gouvernementale le plus sérieux défi qu'elle ait eu à relever depuis des décennies.

En 2014, la bataille judiciaire a repris. L'acquittement d'Anwar Ibrahim, prononcé deux ans auparavant, a été cassé et il a été condamné à cinq ans d'emprisonnement. Il a pu rester en liberté en attendant le jugement en appel mais la décision de justice l'a empêché de se présenter à des élections partielles d'une importance capitale pour lui et le pays.

L'UIP, qui a exprimé à maintes reprises sa préoccupation devant la série d'accusations portées contre Anwar Ibrahim, s'est dite profondément préoccupée par la précipitation avec laquelle avaient été menées les dernières audiences, ainsi que par l'apparente facilité avec laquelle les principaux arguments présentés par la défense avaient été rejetés, notamment ses interrogations sur l'intégrité des échantillons d'ADN.  

L'UIP a aussi relevé le fait que la condamnation avait été prononcée en vertu d’une loi qui était rarement invoquée en Malaisie.

A une autre occasion, elle a exprimé sa préoccupation devant la manière dont avait été traité l'avocat d'Anwar, Karpal Singh, lui aussi parlementaire. Quelques jours après la condamnation d'Anwar Ibrahim en mars 2014, Karpal Singh a été lui-même reconnu coupable de sédition, chef d'inculpation sans lien avec les accusations portées contre Anwar Ibrahim. Un mois plus tard, il est décédé dans un accident de voiture.

L'UIP s’était auparavant inquiétée de ce que deux figures de l’opposition malaisienne risquaient d’être écartées de la vie politique. Avec la mort de Karpal Singh et la condamnation actuelle d'Anwar Ibrahim, l'opposition a perdu beaucoup de ses chances de succès.