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Études de cas

Répondre aux besoins de santé des populations vulnérables et marginalisées

Malawi, Zambia case study

Stanley Mutale, étudiant au Kafue College of Nursing, pose pour un portrait au centre de santé Shikoswe à Kafue, en Zambie © Michael Candelori / NurPhoto / NurPhoto via AFP

L’UIP et le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant (PMNCH) ont mené une étude conjointe destinée à renforcer les capacités des parlements nationaux à répondre aux besoins de santé des femmes, des enfants et des adolescents vulnérables et marginalisés. L’étude souligne l’importance d’adopter des approches fondées sur des données probantes et la nécessité d’assurer un suivi continu afin de pouvoir s’adapter à l’évolution des contextes.

L’étude a également permis de constater un problème important : la définition de la notion de population vulnérable et marginalisée varie selon les pays. En outre, les parlementaires ne maîtrisent pas toujours ces concepts et les personnes vulnérables et marginalisées ne se considèrent pas toujours comme telles. Les définitions existantes dépendent du contexte et peuvent évoluer au fil du temps. Par exemple, la définition employée au Canada met l’accent sur les personnes exposées à des risques en raison de leur dépendance ou d’autres facteurs, tandis que celle utilisée au Rwanda se concentre davantage sur les vulnérabilités socio-économiques.

Pour remédier à ce problème, l’UIP recommande de modifier la terminologie afin de rendre compte des situations plutôt que des caractéristiques inhérentes, et encourage à prendre en compte le contexte local pour mieux identifier et soutenir les groupes concernés. 

Études de cas en Afrique

Malawi : planification budgétaire en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs

Deux ateliers ont été organisés au Malawi les 3 avril et 16 mai 2024. Ils ont porté sur les moyens d’améliorer la planification budgétaire en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs et de renforcer les cadres d’action. Les difficultés en matière de santé sexuelle et reproductive ont toujours été un problème au Malawi. Les tabous culturels et le manque de communication entre le Parlement et le Ministère de la santé, entre autres, continuent d’entraver l’élaboration de politiques efficaces.
Les deux ateliers, organisés à dessein à la même période que l’examen du budget, ont rassemblé les principales parties prenantes, notamment des parlementaires ainsi que des représentants du Ministère de la santé et d’organisations de la société civile. Ils ont contribué à surmonter les obstacles en matière de communication et les problèmes de sensibilité culturelle en créant un espace de dialogue ouvert. Les ateliers ont ainsi permis d’établir de nouveaux canaux de communication entre les différentes parties prenantes, ce qui devrait permettre de mieux documenter les politiques en matière de santé sexuelle et reproductive au Malawi et de les rendre plus efficaces.

Zambie : lutter contre le mariage d’enfants et autres pratiques néfastes

En Zambie, un atelier a été organisé en août 2023 pour aborder la question de l’application de la loi relative au Code des droits de l’enfant, qui vise à lutter contre le mariage d’enfants et d’autres pratiques néfastes. Bien que la loi ait été adoptée en 2022 et que celle sur le mariage ait été révisée pour relever l’âge du mariage à 18 ans, l’application de ces textes demeure lente et le niveau de sensibilisation faible. L’atelier visait à fournir au personnel parlementaire les connaissances nécessaires pour soutenir l’action des parlementaires, notamment pour ce qui a trait aux liens entre les changements climatiques et la santé des enfants. L’atelier a permis d’améliorer la capacité du personnel à fournir des informations fondées sur des données probantes, ce qui contribue à améliorer l’application des deux lois.

Tirer parti des mécanismes, structures et processus parlementaires 

Ces ateliers ont illustré la façon dont les mécanismes parlementaires peuvent être mis à profit pour répondre aux besoins des populations vulnérables en matière de santé. Les structures formelles telles que les commissions parlementaires chargées des affaires sanitaires et sociales, les centres de soins locaux et les services de recherche parlementaire jouent un rôle essentiel. Il est ressorti que les commissions officielles se concentrent souvent sur la santé des femmes, des enfants et des nouveau-nés, et que peu d’entre elles s’intéressent exclusivement aux besoins sanitaires des adolescents et des jeunes, lesquels constituent pourtant l’un des principaux groupes de population dans le monde. En outre, les structures informelles comme les groupes parlementaires et les processus tels que la participation des citoyens par le biais de parlements ouverts, la contribution de la société civile et les témoignages d’experts jouent un rôle important dans l’élaboration de politiques de santé adaptées et efficaces.

Les parlementaires sont encouragés à aller à la rencontre des citoyens, à écouter leurs témoignages et à collaborer avec les professionnels de santé pour mieux comprendre la réalité du terrain et faire en sorte que les services de santé soient adaptés aux besoins des populations. Cette approche est essentielle pour proposer des solutions pratiques et réformer comme il se doit les systèmes de santé.

L’une des principales recommandations de l’étude consiste à recenser les populations vulnérables et marginalisées en utilisant l’ensemble des commissions, structures et mécanismes parlementaires, notamment ceux qui traitent des questions budgétaires et financières.

Le rapport souligne la nécessité de mener des initiatives de renforcement des capacités ciblées concernant les compétences clés, en insistant notamment sur l’importance de prendre en compte les traumatismes et la dimension de genre lors des entretiens avec les personnes vulnérables et marginalisées, de manière à interagir avec elles de façon respectueuse. Il ressort également que les parlementaires ont besoin de formation et de soutien pour mieux comprendre les besoins spécifiques des femmes, des enfants et des adolescents en matière de santé, et pour mieux exploiter les données disponibles lors de l’élaboration des politiques (notamment en renforçant les capacités des services de recherche parlementaire).

Les conclusions de l’étude peuvent aider les parlements et les parlementaires à améliorer l’équité en matière de santé pour les femmes, les enfants et les adolescents vulnérables et marginalisés. En adoptant des définitions adaptées au contexte, en exploitant plus judicieusement les structures parlementaires formelles et informelles et en investissant dans le renforcement des capacités et l’amélioration de la communication, les parlements peuvent améliorer la façon dont ils recensent et satisfont les besoins de ces populations en matière de santé. Les travaux conjoints de l’UIP et du PMNCH constituent un cadre qui permet aux parlements de renforcer leur stratégie sur ces questions cruciales.