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Opinions et vidéos

Protéger la démocratie, éliminer la violence faite aux femmes en politique

Tulia Ackson

©UIP

La Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes nous rappelle brutalement que trop de femmes et de filles continuent d'être la cible de violences sexistes, aussi bien en ligne que dans la vie réelle. Cette violence met des vies en danger, entrave les droits et les libertés et porte atteinte à la dignité humaine. Elle compromet également nos démocraties.

Depuis 2016, l'UIP met en garde contre l'impact de cette violence sur les femmes en politique. Dans une étude mondiale réalisée cette année-là, par exemple, 82% des femmes parlementaires interrogées ont déclaré à l'UIP qu'elles avaient subi des violences psychologiques, notamment des remarques sexistes, des menaces ou des actes de harcèlement. Dans les enquêtes régionales de l'UIP qui ont suivi, cette proportion s'est également confirmée pour les femmes parlementaires d'Afrique et d'Europe.

Combien de femmes seront encore victimes de violences avant que nous ne réglions ce problème ? Les outils numériques, y compris l'intelligence artificielle, alimentent désormais la violence en ligne qui peut aller au-delà d'Internet. Dans de trop nombreux cas, les femmes parlementaires sont agressées physiquement. Parfois, elles sont même assassinées.

Lorsque la violence écarte les femmes de la politique ou les dissuade de s'y lancer, elle rend notre vie politique moins représentative et moins démocratique. Des parlements qui ne respectent pas l'égalité des sexes et qui sont moins représentatifs perdront de leur efficacité.

Il est donc dans notre intérêt à tous de promouvoir des parlements respectueux de l'égalité des sexes et exempts de toute forme de discrimination et de violence à l'égard des femmes. Ce point est d'autant plus important que nous approchons de la fin de l'année 2024, une année électorale hors normes, concernant laquelle notre analyse préliminaire indique que l'égalité des sexes a à peine progressé depuis la fin de l'année 2023, lorsque les femmes représentaient un peu moins de 27 % de l'ensemble des parlementaires.

Les parlements ne sont pas impuissants, bien sûr. Des quotas ambitieux en matière d'égalité des sexes sont un outil efficace, qui contribue manifestement à maintenir et à accroître le nombre de femmes parlementaires. Ils envoient également un fort signal d'intention.

L'égalité des sexes va au-delà des chiffres et des attitudes. Les femmes parlementaires se réjouissent des politiques et mesures parlementaires internes, y compris des mécanismes de plainte indépendants et des codes de conduite parlementaires réactifs permettant de faire répondre les auteurs de leurs actes, ainsi qu'une législation permettant de détecter et de combattre la violence à l'égard des femmes dans la vie politique.

L'année prochaine, l'UIP publiera une analyse complète de la représentation des femmes dans les parlements, à l'occasion du 30e anniversaire de la Déclaration de Beijing de 1995, un modèle de référence mondial visant à faire progresser l'égalité des sexes et les droits des femmes. Elle lancera également une nouvelle étude régionale sur le sexisme, le harcèlement et la violence à l'égard des femmes dans les parlements, cette fois-ci dans la région Asie-Pacifique.

D'ores et déjà, nous pouvons dire que certains parlements prennent cette question au sérieux et rendent leur vie politique plus sûre et plus équitable pour les femmes. Tout en servant les intérêts de leurs citoyens et de leurs pays, ces parlements nous montrent la voie vers des institutions sensibles au genre, exemptes de violence sexiste. Ils nous rappellent également que la violence n'a pas sa place dans la politique démocratique. 

 

Tulia Ackson, Présidente de l’UIP