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Actualités en bref

L'UIP se félicite de la décision de la Gambie de maintenir l'interdiction des MGF

gambia

© MUHAMADOU BITTAYE / AFP

L'Union interparlementaire (UIP) salue le vote intervenu récemment à l'Assemblée nationale de la Gambie qui a confirmé l'interdiction des mutilations génitales féminines (MGF) adoptée en 2015. L'Assemblée nationale s'est ainsi opposée à un projet de loi controversé qui cherchait à revenir sur cette interdiction. Le 15 juillet 2024, les parlementaires ont rejeté ce projet de loi après des mois de débat public et d'efforts de plaidoyer.

Le Secrétaire général de l'UIP, M. Martin Chungong, qui s'est vivement opposé à tout affaiblissement des protections, a insisté sur l'importance d'une telle interdiction pour le bien-être des femmes et des filles dans le monde entier : 

"La Gambie a prouvé qu'il n'y avait pas de retour en arrière possible en ce qui concerne les droits des femmes et des filles. Nous devons décourager quiconque serait tenté de mettre à mal les progrès réalisés. Les parlementaires gambiens, en particulier les femmes, se sont prononcés contre l'abrogation de l'interdiction des MGF, et ce au risque de leur propre intégrité physique. Nous devons reconnaître leur immense courage." 

L'UIP soutient les efforts visant à mettre un terme aux MGF depuis plus de 20 ans. En 2009, le rapport intitulé Que faire pour mettre fin à la pratique des mutilations génitales féminines (MGF) ? s'est intéressé aux initiatives qui peuvent être prises par des parlements, des organisations internationales et la société civile. Plus récemment, l'UIP a soutenu la participation de parlementaires gambiens de la commission mixte sur la santé et le genre à un voyage d'études au Caire consacré à l'examen des stratégies, politiques et pratiques locales qui ont permis de lutter efficacement contre les MGF en Égypte. La délégation s'est entretenue avec plusieurs chefs religieux et experts de l'Université Al‑Azhar, du Conseil national égyptien des femmes, des parlementaires et des membres de la société civile. 

L'Assemblée nationale de la Gambie a mené des recherches approfondies dans le cadre d'un processus inclusif et consultatif avant de prendre sa décision, lundi 15 juillet 2024. L'objet de ce voyage d'études était de comprendre les stratégies et cadres législatifs égyptiens en matière de lutte contre les MGF, de tirer les leçons de programmes aboutis, d'observer les actions mises en œuvre à l'échelle locale et d'étudier les démarches sanitaires visant à prévenir et à traiter les complications liées à cette pratique. Les discussions ont porté sur les informations scientifiques relatives à la pratique des MGF, sa médicalisation et les préoccupations éthiques, ainsi que sur ses conséquences délétères. Il ressort des considérations religieuses que les MGF n'ont pas de fondement dans l'Islam. Les efforts égyptiens de lutte contre les MGF ont été mis en avant, insistant sur le rôle crucial des dirigeants politiques et des parlementaires s'agissant d'engager le dialogue avec les communautés locales et de soutenir l'élimination des MGF.

Le projet de loi 2024 (amendement) portant modification de la loi sur les femmes visait à dépénaliser la pratique des MGF en Gambie. S'il avait été adopté lundi, la Gambie serait devenue le premier pays à revenir sur l'interdiction de cette pratique. Le rejet de ce projet de loi par l'Assemblée nationale est intervenu après des mois de militantisme intense mené par des Gambiennes, qui ont subi des menaces et du harcèlement. Les parlementaires ont voté contre chacun des articles, amenant le Président de l'Assemblée nationale, M. Fabakary Tombong Jatta, à mettre un terme au processus d'adoption du projet de loi avant sa dernière lecture, en raison de ce qu'il a qualifié de rejet sans précédent.

D'après le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), 73 % des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans en Gambie ont subi une excision. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) affirme que la pratique des MGF n'a aucun avantage du point de vue sanitaire et peut provoquer une hémorragie, un choc, des problèmes psychologiques voire la mort.