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Déclarations

Déclaration des dirigeants du PMNCH et de l'UIP concernant l'abrogation d'une loi interdisant les mutilations génitales féminines en Gambie

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Des manifestants contre les mutilations génitales féminines devant l'Assemblée nationale à Banjul. MUHAMADOU BITTAYE / AFP

Helen Clark, Présidente du Conseil d'administration du PMNCH, Joy Phumaphi et Githinji Gitahi, co‑présidents du Comité pour le plaidoyer et l'engagement auprès des partenaires du PMNCH, Flavia Bustreo, Présidente du Comité d'éthique et de gouvernance du PMNCH et Martin Chungong, Secrétaire général de l’Union interparlementaire

En tant que principale alliance mondiale engagée dans le domaine de la santé et du bien-être des femmes, des enfants et des adolescents, y compris les plus vulnérables, le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant (PMNCH) exprime sa vive inquiétude au sujet de la proposition d'abrogation d'une loi interdisant les mutilations génitales féminines (MGF) en Gambie. L'Union interparlementaire (UIP), l'organisation mondiale des parlements nationaux, qui œuvre résolument en faveur d'une démocratie et de parlements au service du peuple pour la paix et le développement, exprime la même inquiétude. La proposition de loi présentée à l'Assemblée nationale de la Gambie visant à abroger la loi de 2015 portant modification de la loi sur les femmes présente des risques importants pour la santé, les droits et la dignité des femmes et des filles dans ce pays. 

Les MGF constituent une grave violation des droits humains et une pratique néfaste qui a de graves conséquences sur la santé, notamment physique et psychologique, et des répercussions sur la santé sexuelle et reproductive. Les MGF vont de pair avec des risques accrus d'hémorragie post-partum et de décès périnatal, ainsi que d'infections des voies urinaires, de difficultés menstruelles et de problèmes de santé mentale tout au long de la vie des femmes et des filles. 

La Gambie a fait preuve de leadership en matière de protection des droits et du bien-être des femmes et des filles, grâce à l'adoption par le Parlement de la loi de 2015 portant modification de la loi sur les femmes. Cette loi était et continue de représenter une avancée majeure en matière de protection des droits des femmes et des filles. Elle a été adoptée à l'issue d'un long processus de sensibilisation des populations et de mobilisation sociale, sur le fondement de recherches et du recueil de données concernant la pratique des MGF en Gambie et ses effets néfastes. Abroger cette loi saperait non seulement ces progrès, mais perpétuerait également un cycle de discrimination et de violence à l'égard des femmes et des filles.

Les conséquences de l'abrogation de l'interdiction des MGF iraient bien au-delà des résultats individuels sur la santé et auraient des répercussions plus larges sur la société. Cela aurait pour effet de détricoter les progrès obtenus de haute lutte en matière d'élimination des MGF et s'agissant d'assurer aux femmes et aux filles d'être en mesure de réaliser pleinement leur potentiel et de participer pleinement à la société gambienne. Cela enverrait le message que les droits et la dignité des femmes et des filles peuvent être révoqués, sapant les efforts déployés pour parvenir à l'égalité des sexes et à la justice sociale. En outre, cette abrogation menace également d'ébranler des décennies de plaidoyer, de sensibilisation et de mobilisation des populations visant à mettre fin à la pratique des MGF en Gambie et au-delà.

Le PMNCH et l'UIP soulignent qu'il importe de respecter les normes et engagements internationaux en matière de droits de l'homme afin de protéger les femmes et les filles contre toutes les formes de violence et de discrimination. En tant que signataire de divers instruments internationaux, notamment la Convention relative aux droits de l'enfant, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF), la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant et le Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (Protocole de Maputo), la Gambie est tenue de respecter ses obligations à l'égard de sa population et de donner la priorité à la santé et aux droits de cette dernière. 

Lutter contre les MGF nécessite des partenariats à tous les niveaux. Les parlementaires peuvent élaborer et respecter des cadres juridiques complets, les leaders d'opinion, notamment les chefs religieux, devraient s'opposer fermement à cette pratique, les membres de la collectivité, notamment le personnel de santé, peuvent mener de puissantes campagnes de sensibilisation fondées sur leur expérience, en veillant à ce que les soins et le soutien apportés aux victimes s'intègrent dans les services de santé sexuelle, reproductive, de la mère, du nouveau-né, de l'enfant et de l'adolescent.

Le PMNCH et l'UIP enjoignent à l'Assemblée nationale de la Gambie et à ses membres de poursuivre les efforts de mise en œuvre de la loi de 2015 portant modification de la loi sur les femmes, protégeant ainsi cette avancée obtenue de haute lutte et montrant l'exemple s'agissant de promouvoir les droits des femmes et des filles. Nous restons résolus à apporter tout le soutien nécessaire à l'Assemblée nationale, le cas échéant. 

Nous nous engageons à fournir tout le soutien possible à la Gambie pour renforcer ses efforts visant à prévenir cette pratique néfaste et à y remédier, grâce à des mesures multisectorielles. Cela implique de garantir des mécanismes de mise en œuvre robustes, d'accroître l'accès à des services de santé de qualité et de promouvoir l'égalité des sexes et les initiatives en faveur de l'autonomisation des femmes. De plus, nous appelons à un dialogue significatif avec les populations, notamment les hommes et les garçons, afin de remettre en cause des normes de genre néfastes et de promouvoir un changement social positif.

Le PMNCH et l'UIP manifestent leur solidarité aux victimes de MGF, ainsi qu'aux organisations de la société civile, activistes et partenaires qui travaillent sans relâche pour mettre un terme à cette violation des droits humains. Ensemble, nous devons redoubler d'efforts pour protéger les droits et la dignité des femmes et des filles et créer un avenir où tous les individus peuvent vivre une vie exempte de violence, de discrimination et de danger.