Une nouvelle étude majeure de l'Union interparlementaire (UIP), en partenariat avec l'Association parlementaire du Commonwealth (APC) et l'Assemblée interparlementaire de l'ASEAN (AIPA), a mis en évidence la nature omniprésente du sexisme, du harcèlement et de la violence à l'égard des femmes dans les parlements de la région Asie-Pacifique.
Le rapport, intitulé Sexisme, harcèlement et violence à l'encontre des femmes dans les parlements de la région Asie-Pacifique, est basé sur des entretiens confidentiels avec 150 femmes parlementaires et membres du personnel parlementaire de 33 pays.
L'étude met en évidence l'augmentation alarmante de la violence sexiste en ligne par rapport aux taux signalés dans les études précédentes de l'UIP.
60 % des femmes parlementaires interrogées dans le cadre de la présente étude ont été la cible de discours de haine, de désinformation, d'abus par l'image ou de divulgation non consentie de données personnelles (doxing) en ligne. Ce taux est le plus élevé pour ce type d'abus par rapport aux autres études régionales de l'UIP.
L'étude révèle également les conclusions suivantes :
- 76 % des femmes parlementaires et 63 % du personnel parlementaire ont été victimes de violences psychologiques.
- La violence sexuelle est également répandue, 25 % des femmes parlementaires et 36 % du personnel parlementaire ayant signalé des incidents de cette nature.
- La violence économique ou les dommages causés aux biens des femmes ont concerné 24 % des femmes parlementaires et 27 % du personnel parlementaire, tandis que la violence physique a été signalée par respectivement 13 % et 5 %.
Certaines femmes sont plus en danger que d'autres
Selon l'étude, certains groupes - les femmes de moins de 40 ans, les femmes issues de minorités et les femmes non mariées - sont confrontés à des taux de violence disproportionnellement plus élevés.
Les femmes parlementaires de l'opposition signalent également des taux plus élevés de violence psychologique et sexuelle.
Le parlement est le principal lieu de harcèlement
Plus de la moitié des incidents de harcèlement sexuel visant des femmes parlementaires ont eu lieu dans les locaux du parlement et ont été commis par des parlementaires hommes.
Cependant, pour les femmes parlementaires ayant participé à l'étude, 85 % des cas d'agressions en ligne, 59 % des menaces et 45 % des cas de harcèlement psychologique proviennent du public.
Des avancées positives
Plusieurs parlements de la région ont commencé à prendre des mesures pour prévenir et combattre de tels actes, notamment en mettant en place des mécanismes de signalement confidentiel et des services de soutien. C'est le cas, par exemple, en Australie, aux Fidji, en Inde, aux Maldives, aux Philippines, en République de Corée, en Nouvelle-Zélande, au Sri Lanka et en Thaïlande.
La comparaison régionale révèle des taux de violence similaires à travers le monde
Cette nouvelle étude s'inscrit dans la continuité des précédents rapports de l'UIP, dont le premier, publié en 2016, était une étude mondiale, suivi d'un rapport sur les parlements européens publié en 2018 et d'un rapport sur les parlements africains publié en 2021.
Prévalence de la violence qui touche les femmes parlementaires dans les trois enquêtes régionales :
Asie-Pacifique (2025) | Afrique (2021) | Europe (2018) | |
Violence psychologique | 76% | 80% | 85% |
Violence sexuelle | 25% | 39% | 25% |
Violence physique | 13% | 23% | 15% |
Violence économique | 24% | 29% | 14% |
Citations
Martin Chungong, Secrétaire général de l'UIP, a déclaré : "La violence et le sexisme à l'encontre des femmes en politique constituent une atteinte directe à la démocratie elle-même. Les femmes courageuses qui se sont manifestées pour dénoncer les abus méritent notre soutien indéfectible. Les parlements doivent être des sanctuaires pour un débat sain et l'élaboration de lois. Nous avons les outils pour les soutenir. Il est de notre responsabilité de favoriser un climat politique dans lequel les femmes peuvent s'épanouir sans l'ombre de la violence."
Stephen Twigg, Secrétaire général de l'APC, a déclaré : "Le sexisme, la violence et le harcèlement à l'égard des femmes en politique ont un impact négatif sur la vie des femmes parlementaires, du personnel parlementaire, de leurs familles et de leurs communautés. Les parlements ont le devoir de faire preuve de leadership et d'établir une norme exemplaire pour la société. Nous sommes déterminés à travailler ensemble pour renforcer les parlements en fournissant les ressources nécessaires permettant de garantir une approche de tolérance zéro à l'égard de toutes les formes de violence sexiste."
Siti Rozaimeriyanty Dato Haji Abdul Rahman, Secrétaire générale de l'AIPA a dit : "La violence à l'égard des femmes en politique reste un obstacle important à la participation pleine et réelle des intéressées, ce qui nuit à l'inclusivité de la gouvernance. Pour relever ces défis, les institutions politiques doivent prendre des mesures fermes afin de favoriser un environnement sûr et favorable dans lequel les femmes peuvent s'impliquer sans crainte ni contrainte. La création d'un espace favorable et sûr pour les femmes en politique n'est pas seulement une question d'équité, elle exige un effort commun, non seulement au sein des parlements mais aussi dans toutes les institutions politiques, pour consolider une gouvernance plus inclusive et tournée vers l'avenir qui profite à la société dans son ensemble."
*****
À propos de l’UIP
L’UIP est l’organisation mondiale des parlements nationaux. Elle a été fondée en 1889 pour encourager la coopération et le dialogue entre toutes les nations, en tant que première organisation politique multilatérale. Elle compte aujourd’hui 181 Parlements membres et 15 organismes parlementaires régionaux. Elle œuvre pour la démocratie et aide les parlements à se renforcer, se rajeunir, être plus écologiques, se rapprocher de la parité hommes-femmes et devenir des institutions plus innovantes. Elle défend aussi les droits de l’homme des parlementaires par le biais d’un comité spécialisé comprenant des parlementaires issus de toutes les régions du monde.
Pour obtenir de plus amples renseignements à propos de l'UIP, veuillez écrire à [email protected].
À propos de l’APC
L'Association parlementaire du Commonwealth (CPA) est une communauté internationale de 180 parlements nationaux, régionaux, provinciaux et territoriaux qui travaillent ensemble pour renforcer l'attachement du Commonwealth aux normes les plus élevées en matière de gouvernance démocratique. Le réseau des femmes parlementaires du Commonwealth (CWP) au sein de l’APC représente plus de 6 000 femmes parlementaires et fait campagne pour augmenter le nombre de femmes élues dans les assemblées législatives et aide les parlements à devenir des institutions sensibles à la question du genre.
Pour davantage d'informations sur l’APC et le CWP, veuillez consulter le site www.cpahq.org ou écrire à [email protected].
À propos de l’AIPA
L'Assemblée interparlementaire de l'ASEAN (AIPA) est la seule organisation parlementaire rattachée à l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN). L'AIPA est actuellement composée de 10 Parlements membres des États membres de l'ASEAN et de 25 parlements observateurs qui sont des parlements soit nationaux, soit supranationaux du monde entier. Créée en 1977, l'AIPA a pour objectif de promouvoir la coopération interparlementaire entre les États membres de l'ASEAN, d'autres parlements et organisations parlementaires, et de faciliter la réalisation des objectifs de l'ASEAN.
Pour davantage d'informations sur l'AIPA, veuillez consulter le site www.aipasecretariat.org ou écrire à [email protected].