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Actualités en bref

L'année électorale hors normes fera-t-elle la part belle aux femmes ?

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Élections législatives en Iran ©AFP

Au début de l'année, l'UIP a annoncé qu'environ 70 élections étaient prévues en 2024, qui a été qualifiée d'"année électorale hors normes". Au total, des milliers de sièges parlementaires sont à pourvoir. En mars 2024, la représentation des femmes dans les parlements n'était que de 26,9 %. Des progrès ont été enregistrés en 2023 (0,4 point de pourcentage par rapport à l'année précédente), mais ils se sont ralentis par rapport aux années précédentes.

La situation évoluera-t-elle d’ici la fin de cette année électorale aux enjeux considérables ?

La mesure dans laquelle la représentation des femmes s'améliorera dans les pays dont les électeurs se rendront aux urnes en 2024 dépendra de toute une série de facteurs, mais il existe des mesures que les pays peuvent prendre pour faire avancer les choses. 

Les analyses de l'UIP au fil des ans ont montré que deux facteurs jouent un rôle déterminant : les quotas bien conçus et les types de scrutin. Plus précisément, les systèmes de scrutin proportionnel ou mixte tendent à permettre une plus grande représentation des femmes que les systèmes de scrutin majoritaire. 

Selon les dernières estimations de l'UIP, parmi les chambres parlementaires pour lesquelles des élections sont prévues en 2024, 27 recourent à des systèmes de scrutin proportionnel ou mixte, 24 à des systèmes de scrutin majoritaire ou majoritaire uninominal à un tour, et 47 ont mis en place des quotas sous une forme ou une autre.

Outre les réformes institutionnelles, les recherches de l'UIP montrent qu'il est essentiel de disposer d'une culture politique et d'un leadership favorables, ainsi que de partis politiques qui s'engagent à garantir la participation égale des femmes au-delà des obligations légales.

Voici un aperçu de quelques élections clés : 

En Algérie, lorsque la chambre haute dont les membres sont élus au suffrage indirect, le Conseil de la nation, a tenu sa dernière élection en 2022, seules quatre femmes ont été nommées/élues au suffrage indirect, portant la part totale des femmes à 4,3 % des parlementaires. L'élection de 2022 a eu lieu un an seulement après que les femmes ont eu atteint 8,1 % des représentants élus à la chambre basse en 2021. La proportion de femmes à la chambre haute reste inférieure à 10 % depuis des années. La situation sera-t-elle différente à l'issue des élections de 2024 ?

Au Ghana, 40 femmes siègent actuellement au Parlement. C'est le chiffre le plus élevé jamais atteint dans l'histoire du pays. Cependant, elles ne représentent que 14,6 % de l'ensemble des parlementaires, ce qui place le Ghana non seulement en dessous de la moyenne mondiale de représentation des femmes, mais aussi en dessous de la moyenne de l'Afrique de l'Ouest (et de l'Afrique subsaharienne). 

Lors des élections précédentes, seuls 11,8 % des candidats étaient des femmes. Le Ghana a un système de scrutin majoritaire uninominal à un tour et n'a pas de quotas pour les femmes, bien qu'il soit un pays pionnier qui a introduit des sièges réservés aux femmes dans les années 1950.

Les personnes désireuses de se présenter aux élections doivent d'abord passer par les élections primaires des partis avant d'arriver au scrutin final. Il s'agit là d'un obstacle majeur pour les femmes dans le processus politique du pays. La participation aux élections peut se révéler coûteuse. Les études montrent que le manque d'accès aux ressources financières contribue de manière considérable à l'écart entre les hommes et les femmes dans la vie politique ghanéenne.

L'Inde aborde les élections législatives de 2024 alors qu'elle occupe la 143e place dans le classement mondial de l'UIP en février 2024. Une loi récente qui réserve un tiers des sièges aux femmes dans les chambres basses des parlements national et des États n'est pas encore entrée en vigueur.

Néanmoins, la volonté des partis politiques sera mise à l'épreuve. À l’issue des précédentes élections, en 2019, les femmes ne représentaient que 9 % de l'ensemble des candidats, mais deux partis régionaux en avaient présenté une proportion plus élevée. Ainsi, 78 femmes ont été élues à la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement indien, ce qui est un record dans l'histoire du pays, mais elles ne constituaient que 14,3 % de l'ensemble des parlementaires.

Le Parlement de la République de Corée compte actuellement 57 femmes, soit 19 % de l'ensemble des parlementaires. Le pays applique un système de scrutin mixte, avec 253 sièges élus au scrutin majoritaire et 47 sièges élus au scrutin proportionnel. Vingt-neuf des 57 femmes élues lors des précédentes élections, en 2020, l'ont été au scrutin majoritaire et 28 au scrutin proportionnel.

En 2022, la République de Corée a organisé une élection présidentielle qui a vu les droits des femmes, ou plutôt une opposition au féminisme, devenir un enjeu majeur de l'élection. Cette année, alors que la nation d'Asie de l'Est s'apprête à organiser des élections législatives pour élire les 300 prochains parlementaires, les questions d'égalité entre les hommes et les femmes devraient rester d'actualité. Le pays est également témoin d'un écart croissant entre les préférences idéologiques des hommes et des femmes, en particulier parmi les jeunes électeurs. 

Avec 45,8 % de femmes à la chambre basse, l'Afrique du Sud est l'un des pays les mieux placés dans les classements mondiaux de l'UIP. Des progrès notables et constants en matière de représentation des femmes y sont réalisés depuis le début du millénaire, grâce aux quotas volontaires adoptés par le Congrès national africain (ANC), le plus grand parti politique.

En 2009, l'ANC a étendu son quota existant pour garantir que 50 % des candidats aux élections locales et nationales sont des femmes, ce qui a immédiatement augmenté le pourcentage de femmes parlementaires. Depuis, le pays compte plus de 40 % de femmes à la chambre basse.

Les femmes représentent actuellement un tiers de l'ensemble des parlementaires de la chambre basse du Royaume-Uni, la Chambre des communes. Lors des élections de 2019, un tiers des candidats étaient des femmes. Pour le parti travailliste, cette part était de 53,1 %, soit plus de la moitié, le taux le plus élevé pour un parti dans l'histoire du pays. Les conservateurs, qui ont remporté les élections, ont présenté 31 % de candidates.

Une analyse préliminaire des candidats par un groupe de réflexion, British Future, a prédit que les élections de 2024 pourraient conduire à l'élection d'un des parlements les plus diversifiés de l'histoire du pays. Il convient également de mentionner qu'en 2018, le Parlement britannique s'est lancé dans un processus d'audit en matière d'égalité des sexes avec le soutien de l'UIP. Les mesures prises depuis incluent le vote par procuration pour permettre aux membres de concilier leur rôle de parent avec leur mandat parlementaire.

Les femmes représentent actuellement 29,2 % des membres de la Chambre des représentants, la chambre basse du Congrès des États-Unis d'Amérique. En 2024, les élections législatives se tiendront en même temps que l'élection présidentielle.

Lors des dernières élections, une femme a été élue vice-présidente pour la première fois. La Vice-Présidente Kamala Harris est également devenue Présidente du Sénat, comme le prévoit la Constitution. Nancy Pelosi étant alors Présidente de la Chambre des représentants, les deux chambres du Congrès américain ont été présidées par des femmes pour la première fois.

Le Bangladesh, le Bhoutan, El Salvador, l'Indonésie, l’Iran, le Népal, le Pakistan et Tuvalu ont déjà tenu leurs élections législatives. Bien que certains résultats ne soient pas encore connus, il est décevant de constater que la représentation des femmes semble avoir diminué au Bangladesh, au Bhoutan et à Tuvalu.

Il reste à voir si de tels reculs seront exceptionnels et si l'année 2024 verra une augmentation de la représentation des femmes dans le monde.