Le parlementaire palestinien Ahmad Sa’adat a été enlevé d'une prison de Jéricho par les forces israéliennes avant d'être condamné à 30 ans d'emprisonnement en Israël.
Ahmad Sa’adat était dans une prison de Jéricho, en Cisjordanie, lorsqu'il a été enlevé par les forces israéliennes en 2006 au terme d'une spectaculaire opération militaire de 12 heures.
Il avait été arrêté par les autorités palestiniennes en 2002, le groupe dont il était secrétaire général, le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), ayant revendiqué l'assassinat du Ministre israélien du tourisme, Rehavam Zeevi, et expliqué que ce geste était une riposte à l'assassinat du prédécesseur de M. Sa’adat.
En application d'un marché appelé accord de Ramallah, Ahmad Sa’adat et cinq autres personnes accusées de l'assassinat par Israël étaient détenus à la prison de Jéricho. En janvier 2006, il a été élu au parlement palestinien alors qu'il était incarcéré.
En mars 2006, les forces israéliennes ont attaqué la prison de Jéricho avec des bulldozers et des chars. Deux Palestiniens ont été tués, et Ahmad Sa’adat et d'autres prisonniers palestiniens ont été emmenés en Israël.
Un mois plus tard, les autorités israéliennes ont renoncé à poursuivre M. Sa’adat pour le rôle qu’il aurait joué dans l’assassinat de Rehavam Zeevi mais l'ont accusé de 19 autres infractions qui seraient liées à sa position dirigeante au sein du FPLP. Aucune de ces accusations ne fait état d'une participation directe à des actes de violence.
Sa’adat et son avocat ont gardé le silence pendant tout le procès qui s'est déroulé devant un tribunal militaire, dont ils refusaient de reconnaître la compétence. L'UIP, de son côté, a exprimé son inquiétude, faisant valoir qu'un tel tribunal ne respectait pas les garanties d'un procès équitable.
Fin 2008, au bout de près de sept ans de détention, M. Sa’adat a été condamné à 30 ans d'emprisonnement.
Depuis lors, il a été plusieurs fois transféré d'une prison à une autre et a passé trois ans en réclusion. En juin 2009, il a fait une grève de la faim de neuf jours pour protester contre son maintien en isolement. Celui-ci n'a cessé qu'en mai 2012, suite à un accord qui a mis fin à la grève de la faim entamée par d'autres détenus palestiniens.
Depuis sa détention, il n'a que des contacts limités avec sa femme et son fils aîné. Il n'a pas vu ses autres enfants depuis 2002, date de sa première arrestation. En vertu d'une décision de justice rendue en 2013 et concernant tous les prisonniers palestiniens, il s'est vu refuser le droit de recevoir la visite de son premier petit-fils.
Il est très isolé, coupé du monde extérieur. Ses livres personnels lui ont été confisqués et il est régulièrement privé de télévision, de radio, de journaux et n'a pas non plus accès à la cantine de la prison.
Depuis 2006, l'UIP n'a cessé d'engager Israël à libérer M. Sa’adat, faisant valoir que les charges et les procédures engagées contre lui reposaient uniquement sur des considérations politiques, et non pas sur la preuve d'activités criminelles. L'UIP demeure profondément troublée par le non-respect des droits de la défense au stade de l'instruction et par les conditions inhumaines dans lesquelles il est détenu.