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Actualités en bref

Cinq façons pour les femmes parlementaires de réussir en politique

Forum

The IPU Forum of Women MPs at the 144th IPU Assembly in Indonesia

Alors que Liz Truss vient d’être nommée Première Ministre du Royaume-Uni, l’UIP a résumé en cinq points les éléments qui permettent aux femmes parlementaires de progresser en politique.

Réussir en politique est difficile, et d'autant plus pour les femmes. Des millions de femmes à travers le monde sont victimes de discrimination, de sexisme et de violence, et les femmes parlementaires ne font pas exception.

Avec la nomination de Liz Truss au poste de Premier ministre du Royaume-Uni, c’est la troisième fois qu’une femme accède à la tête du Gouvernement britannique, après Margaret Thatcher (11 ans au voir) et Theresa May (3 ans). 

Il convient néanmoins de rappeler que l’émancipation des femmes en politique dans le monde est bien plus ancienne qu’on ne le pense. Les premières femmes parlementaires ont été élues en Finlande, avec l’élection de 19 d’entre elles à l’Eduskunta en 1907.

Si la part de femmes parlementaires dans le monde est passée à 26,4 %, selon les derniers chiffres de l’UIP, beaucoup reste à faire. Au rythme actuel, la parité entre les sexes dans les instances législatives nationales ne sera pas atteinte avant 2063

La victoire de Mme Truss constitue une nouvelle avancée vers une plus grande représentation des femmes au plus haut niveau politique. On trouvera ci-après les cinq façons qui permettent d’accroître la participation des femmes à la vie politique et au parlement.

1. Instaurer des quotas de femmes

La participation équilibrée à la vie politique et le partage du pouvoir entre les femmes et les hommes dans les prises de décision gouvernementale sont l’objet d’un consensus international fixé dans la Déclaration de Beijing de 2015. Or, la plupart des pays n’ont pas encore atteint la parité. 

D’après le rapport de l’UIP intitulé Les femmes au parlement en 2021, la mise en œuvre de quotas de femmes ambitieux et bien formulés constitue l’un des principaux leviers pour accroître la représentation des femmes en politique. 

Parmi les 30 pays disposant de quotas pour leur chambre unique/basse en 2021, 31,9 % des parlementaires élus étaient des femmes, contre 19,5 % dans les pays ne disposant pas de quotas. On remarque que dans les chambres hautes, 29,1 % des parlementaires élus dans quatre pays qui appliquent des quotas étaient des femmes, contre 23,9 % dans les pays dépourvus de tels quotas.

Néanmoins, les quotas à eux seuls ne suffisent pas à accroître la représentation des femmes. Il faut donc mettre en œuvre des réglementations claires, bien structurées et correctement rédigées, assorties de mécanismes d’application efficaces.

2. Mettre fin à la violence à l’égard des femmes

La violence physique, sexuelle et psychologique à l’égard des femmes figure aujourd’hui parmi les violations des droits de l’homme les plus répandues. Selon le rapport historique de 2016 de l’UIP, près de 82 % des 55 femmes parlementaires interrogées dans 39 pays ont déclaré avoir subi des violences psychologiques liées au genre au cours de leur carrière politique, et 44 % des femmes interrogées ont déclaré avoir été menacées physiquement pendant leur mandat.

Les discours de haine en ligne et hors ligne, les remarques sexistes, le harcèlement sexuel et les agressions physiques sont également monnaie courante, et sont régulièrement utilisés pour dominer et réduire au silence les femmes en politique. Pour remédier à ces problèmes, il faut créer des groupes de travail multipartites et mixtes dans les parlements du monde entier, chargés d’éliminer la violence sexiste, d’élaborer des normes et des politiques pour lutter contre le sexisme et le harcèlement et de mettre en place un mécanisme de traitement des plaintes indépendant, confidentiel et équitable dans lequel les personnes qui travaillent au parlement peuvent avoir confiance.

3. Mentorat

La peur de la "grande politique" est un sentiment partagé par de nombreuses femmes dans le monde, et des facteurs tels que le doute, les stéréotypes et des réticences personnelles empêchent souvent même les femmes les plus douées pour la politique d’entrer au gouvernement. Une étude réalisée par le PNUD en 2021 a révélé que les programmes de mentorat, notamment ceux mis en place par les partis politiques, permettent de mettre les femmes en contact avec des femmes politiques plus expérimentées et d’acquérir auprès d’elles l’expérience dont elles ont besoin. Les femmes parlementaires – qui font souvent leurs premiers pas dans l’institution – peuvent également tirer profit des mécanismes de mentorat pour les aider à devenir des dirigeantes et à progresser dans leur carrière. 

4. Accroître la présence des femmes dans les médias

L’impact des médias sur le statut des femmes, y compris les femmes parlementaires, est une préoccupation de longue date, car les stéréotypes sexistes se perpétuent à la télévision, sur Internet et dans la presse écrite. 

Une étude publiée en 2020 dans le Journal of Communication a montré que les femmes font toujours l’objet de stéréotypes qui les dissocient de la vie publique et politique, et que le fait que les premières choses que l’on évoque à leur sujet sont souvent l’apparence physique, l’éducation et la vie privée amène les médias à se concentrer davantage sur la vie personnelle des femmes parlementaires, leurs vêtements, leur situation matrimoniale et leurs enfants (ou, à l’inverse, le fait qu’elles n’en aient pas).

Les professionnels des médias à tous les niveaux – du journaliste au rédacteur en chef – doivent être conscients du fait que, si certaines histoires "se vendent", c’est au prix de la perpétuation de schémas sexistes qui vont à l’encontre des efforts visant à renforcer la démocratie.

Former les journalistes, attirer l’attention sur les préjugés et créer des projets visant à surveiller le traitement réservé par la presse aux femmes politiques, parlementaires et candidates à la présidence – et à mettre en évidence la couverture médiatique sexiste – sont autant de moyens efficaces de faire évoluer la représentation des femmes dans les médias.

5. Accroître la participation par le biais des groupes de femmes parlementaires

Les groupes de femmes parlementaires – mis en place même dans les environnements politiques les plus hostiles – permettent aux femmes parlementaires de collaborer au-delà des clivages politiques pour promouvoir l’égalité des sexes dans la législation et les programmes politiques. Ils peuvent contribuer à mieux faire entendre la voix et l’influence des femmes au parlement, où elles sont souvent en minorité par rapport aux hommes. Néanmoins, en raison du manque de soutien, de ressources et parfois de pouvoir, les femmes ne se sentent pas suffisamment habilitées et reconnues pour promouvoir les réformes législatives nécessaires. Il est donc essentiel de renforcer les efforts, les services d’appui et le leadership pour assurer la réussite des groupes de femmes.

Créé en 1978 en tant que groupe de femmes parlementaires, le Forum des femmes parlementaires de l’UIP est devenu depuis un organe de gouvernance officiel qui influe sur la politique, les méthodes de travail et les décisions de l’UIP. Le Forum se réunit à chaque Assemblée de l’UIP. Il rassemble quelque 200 parlementaires, y compris des hommes, ce qui montre que la parité est une responsabilité partagée entre les hommes et les femmes. Le Forum se réunira prochainement à Kigali (Rwanda), à l’occasion de la 145e Assemblée de l’UIP.