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Risques et difficultés pour les parlements

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Public concerné

Cette ligne directrice de haut niveau est destinée aux dirigeants du parlement et aux hauts fonctionnaires parlementaires, ainsi qu’au personnel parlementaire et aux parlementaires désireux de mieux comprendre les risques et difficultés liés à l'IA.

À propos de cette ligne directrice

Cette ligne directrice examine les risques liés à l'introduction de l'IA dans les parlements, tant d'un point de vue stratégique qu'en termes de conséquences opérationnelles pour les parlements, en mettant l'accent sur les risques propres aux assemblées législatives. Pour chacun de ces domaines, elle propose de brefs récapitulatifs pouvant servir de point de départ aux hauts fonctionnaires parlementaires en vue de comprendre pleinement l'impact probable de l'IA.

Alors que l'adoption de l'IA gagne du terrain et que l'utilisation de cette technologie se banalise, les parlements doivent comprendre ses implications et examiner de près les risques et les difficultés associés à la mise en œuvre de l'IA.

Des technologies telles que l'IA générative, avec sa capacité à créer des contenus à partir de vastes quantités de données, promettent des gains de productivité et des changements potentiellement révolutionnaires dans les activités parlementaires. Cela implique toutefois de nouvelles complexités et des risques devant être soigneusement encadrés.

Pour une réflexion sur les risques et les biais génériques que l'IA introduit, se reporter à la ligne directrice Risques et biais génériques. Pour une réflexion sur les utilisations potentielles de l'IA dans le cadre parlementaire, voir la ligne directrice Rôle de l'IA au sein des parlements.

Considérations stratégiques

Sur le plan stratégique, les parlements sont confrontés à plusieurs défis majeurs dans l'adoption de l'IA. Le plus important d'entre eux est l'élaboration de cadres globaux de gouvernance garantissant de robustes principes éthiques, la transparence et la redevabilité des systèmes d'IA.

Les parlements doivent également se pencher sur les biais potentiels des algorithmes d'IA, en veillant à ce que ces systèmes n'amplifient pas par inadvertance les inégalités sociétales existantes ou ne sous-représentent pas les points de vue des minorités. Ceci est particulièrement crucial dans les contextes parlementaires, où l'équité de la représentation est un principe fondamental.

La confiance et la perception des citoyens constituent un autre défi stratégique. Les parlements doivent informer efficacement les citoyens sur le fait qu'ils utilisent l'IA, en gérant les attentes et en répondant aux préoccupations sur le rôle de l'IA dans les processus démocratiques. Un équilibre délicat doit donc être trouvé entre la présentation des avantages liés à l'adoption de l'IA et la nécessité de rassurer les citoyens sur le fait que le jugement humain reste au cœur des fonctions parlementaires.

Récapitulatif sur les considérations stratégiques :

  • Élaborer des politiques et un cadre global de gouvernance de l'IA reflétant les principes éthiques du parlement.
  • Établir des protocoles pour garantir la transparence et la redevabilité de l'IA.
  • Élargir le champ d'action des comités existants chargés des données ou d'organes similaires afin d'y inclure l'IA.
  • Élaborer une stratégie de communication pour informer les citoyens sur l'utilisation de l'IA au parlement.
  • Régulièrement évaluer et atténuer les biais potentiels dans les systèmes d'IA.

Considérations propres aux parlements

Plusieurs aspects de l'adoption de l'IA sont spécifiquement pertinents pour les parlements, l'évolution rapide de cette technologie exigeant des législateurs qu'ils développent des stratégies d'IA souples et à l'épreuve du temps. Il s'agit d'un défi particulièrement difficile à relever compte tenu du rythme généralement plus lent des changements au sein des institutions parlementaires.

Contrairement à d'autres contextes, la mise en œuvre réussie de l'IA au sein du parlement nécessite une adhésion dépassant les clivages politiques. Différents partis peuvent avoir des points de vue divergents sur le rôle et l'étendue de l'utilisation de l'IA dans les fonctions parlementaires, ce qui nécessite des négociations délicates et des compromis.

Plus fondamentalement encore, les parlements doivent trouver un équilibre entre la recherche de l'efficacité grâce à l'IA et la préservation des valeurs démocratiques de base. Si l'IA peut améliorer de nombreux aspects des travaux parlementaires, il est essentiel qu'elle serve à renforcer – et non remplacer – les facteurs humains essentiels dans la représentation démocratique et la prise de décision.

L'adoption de l'IA dans les parlements a des conséquences directes sur les processus législatifs. L'IA peut modifier considérablement la manière dont les débats sont menés et dont la législation est rédigée. Si l'IA peut apporter des informations précieuses et des gains d'efficacité, il est essentiel de conserver un contrôle humain dans toute démarche d'élaboration de lois assistée par l'IA. Les travaux nuancés et souvent politiquement sensibles des parlements exigent un niveau de jugement et de considération éthique que les systèmes d'IA actuels ne peuvent pas reproduire.

La participation des citoyens est un autre domaine où l'IA peut avoir un gros impact. Les outils basés sur l'IA peuvent permettre une analyse plus approfondie de la perception des citoyens à l'égard de la législation proposée, ce qui permet d'obtenir un retour d'information en temps réel. Toutefois, ce point doit être contrebalancé par les interactions directes avec les administrés afin que la représentation conserve son facteur humain.

Récapitulatif sur les considérations propres aux parlements :

  • Élaborer des lignes directrices pour conserver un contrôle humain sur la législation assistée par l'IA et garantir que les décisions fondées sur l'IA font l'objet d'un examen.
  • Établir des règles pour faire savoir que l'IA est utilisée dans les processus législatifs.
  • Élaborer une stratégie d'IA souple, capable de s'adapter à l'évolution rapide des technologies.
  • Mettre en place des mécanismes d'accès équitables aux ressources de l'IA pour l'ensemble du parlement.
  • Élaborer des protocoles de coopération internationale sur l'IA dans les parlements.

Défis opérationnels

Sur le plan opérationnel, d'importants défis sont à relever en matière de mise en œuvre et d'intégration des systèmes d'IA dans les procédures et processus parlementaires existants, d'autant plus que ceux-ci sont souvent complexes et ancrés dans la tradition. En outre, les parlements doivent veiller à ce que l'adoption de l'IA ne perturbe pas les facteurs humains essentiels du discours politique et de la prise de décision.

La gestion et la sécurité des données sont également des préoccupations majeures. Les parlements traitent des informations sensibles et sont des cibles de choix pour les cyberattaques. Les systèmes d'IA peuvent créer de nouvelles vulnérabilités s'ils ne sont pas mis en œuvre en appliquant de robustes mesures de sécurité.

Le renforcement des capacités et la gestion du changement constituent une autre série de défis opérationnels. Pour une utilisation et un contrôle efficaces de ces systèmes, il est essentiel que les parlementaires et le personnel acquièrent une certaine maîtrise en matière d'IA et de données. Toutefois, cela suppose que l'on trouve un équilibre entre les compétences et connaissances parlementaires classiques et les nouvelles compétences en matière d'IA. En outre, il est essentiel que les systèmes d'IA soient entraînés à partir de données de haute qualité afin d'éviter les résultats biaisés ou inexacts.

Il existe également un risque de suppressions d'emplois au sein du personnel parlementaire, ce qui nécessite une gestion minutieuse de la redéfinition des postes et de la reconversion.

Récapitulatif pour les défis opérationnels :

  • Procéder à une évaluation approfondie des procédures parlementaires existantes pour l'intégration de l'IA.
  • Mettre en œuvre des mesures de cybersécurité robustes pour les systèmes d'IA.
  • Élaborer et mettre en œuvre des programmes de maîtrise de l'IA et des données à l'intention du personnel et des parlementaires.
  • Créer un processus d'assurance qualité pour les ensembles de données d'entraînement de l'IA.
  • Établir un plan de gestion du changement pour faire face aux éventuelles suppressions d'emplois et aux changements de postes.

Stratégies d'atténuation

Compte tenu de ces difficultés, la plupart des parlements doivent adopter une approche prudente et mesurée de l'adoption de l'IA. Le Centre pour l'innovation au parlement de l'UIP recommande une approche progressive, fondée sur les risques.

La création d'environnements sûrs pour l'expérimentation de l'IA est une première étape prudente. Cela permet aux parlements d'étudier des cas potentiels d'utilisation, tels que la production de synthèses de textes ou la création de procès-verbaux de séance, sans risquer de compromettre les fonctions parlementaires essentielles. Toutefois, à ce stade, les parlements doivent être extrêmement prudents quant à l'introduction de l'IA dans les systèmes législatifs de base.

Le maintien de la surveillance et du contrôle par l'Homme est primordial. Tout élément généré par l'IA doit pouvoir être expliqué et faire l'objet d'une validation par un expert, et l'ensemble du système doit pouvoir faire l'objet d'un audit. C'est essentiel non seulement pour garantir l'exactitude, mais aussi pour conserver la confiance des citoyens dans les processus parlementaires.

La collaboration avec d'autres parlements et des experts externes peut s'avérer précieuse pour renforcer les capacités et partager les meilleures pratiques. De par la complexité des systèmes d'IA, les parlements travaillant seuls peuvent initialement ne pas avoir les compétences et les connaissances nécessaires pour mettre en œuvre de manière sûre et efficace des systèmes d'IA.

Les politiques et pratiques en matière d'IA doivent être régulièrement réexaminées et mises à jour pour tenir compte de l'évolution rapide des technologies. Les parlements doivent rester agiles, évaluer en permanence l'impact de l'IA sur leurs activités et adapter leurs approches en conséquence.

Récapitulatif sur les stratégies d'atténuation :

  • Créer un environnement sûr pour l'expérimentation de l'IA.
  • Mettre en œuvre une approche progressive et fondée sur les risques pour l'adoption et le suivi de l'IA.
  • Adopter et, le cas échéant, adapter les présentes Lignes directrices pour permettre une introduction sûre de l'IA au sein du parlement, en fonction de sa culture institutionnelle.
  • Développer des partenariats avec d'autres parlements et des experts externes pour le partage des connaissances.

Conclusion

L'adoption de l'IA dans les parlements offre des avantages potentiels importants, mais présente également des difficultés uniques. En gérant soigneusement les risques stratégiques, opérationnels et législatifs, les parlements peuvent exploiter le pouvoir de l'IA pour améliorer leur efficacité tout en préservant les facteurs humains essentiels à la représentation démocratique.

Les parlements ont une double responsabilité en tant qu'utilisateurs et régulateurs de la technologie de l'IA. Ils doivent montrer l'exemple en adoptant l'IA de manière responsable au sein de leur institution, tout en façonnant les cadres législatifs qui régiront l'usage de l'IA dans la société au sens large.

Les parlements ont donc l'opportunité d'établir une norme d'utilisation responsable de l'IA qui pourrait influer sur son adoption dans d'autres secteurs du gouvernement et dans la société en général. Les parlements sont ainsi en première ligne pour définir la manière dont l'IA peut être exploitée en vue de renforcer – et non saper – les processus démocratiques à l'ère numérique.

L'adoption de l'IA par les parlements ne fait que commencer et la voie à suivre nécessitera un dialogue permanent, un contrôle rigoureux et un engagement à préserver les valeurs fondamentales de la gouvernance démocratique. 


The Guidelines for AI in parliaments are published by the IPU in collaboration with the Parliamentary Data Science Hub in the IPU’s Centre for Innovation in Parliament. This work is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International licence. It may be freely shared and reused with acknowledgement of the IPU. For more information about the IPU’s work on artificial intelligence, please visit www.ipu.org/AI or contact [email protected].