Genève, le 8 mai 2020
Chers collègues, chers amis !
Le Jour de la victoire est célébré dans de nombreux pays du monde les 8 et 9 mai et bien que la date officielle de la fin de la Seconde Guerre mondiale soit le 2 septembre 1945, la partie "euro-atlantique" la plus sanglante s'est terminée en mai.
Je suis profondément convaincue que nous devons à tout prix éviter de revivre une nouvelle guerre mondiale. Celle-ci a impliqué 62 États, qui comptaient à cette époque 80 % de la population mondiale. La guerre a été menée dans 40 pays et le total des pertes humaines a atteint 60 à 65 millions de personnes, dont au moins la moitié étaient des civils. Près d'une génération entière – des familles et des villages entiers – a été rasée de la surface de la terre et enterrée dans des fosses communes, dont certaines n'ont pas encore été répertoriées.
Je crois fermement que malgré les tentatives croissantes de certains pays de réexaminer les résultats de la guerre, nous devrions apprendre à reconnaître objectivement le rôle que nos pays ont joué et leur contribution à la victoire, quelles que soient les différences de systèmes politiques et d'idéologies existantes. Nous ne pourrons pas aspirer à la paix tant que nous n'aurons pas appris à respecter et à accepter notre passé.
La victoire sur le nazisme fait partie de notre patrimoine commun. C'est un événement qui doit nous unir et nous devons en être fiers à juste titre, plutôt que d'essayer de l'utiliser comme une occasion de falsifier l'histoire en profitant du fait qu'il reste de moins en moins de témoins de cette époque.
À l'heure où l'ensemble des pays de la planète sont confrontés au plus grand défi de ce nouveau millénaire, la pandémie de COVID-19 et ses 3 millions de personnes infectées, nous prenons chaque jour davantage conscience de l'importance du soutien mutuel et de l'action collective contre les menaces extérieures.
La pandémie de COVID-19 a montré que tous les pays et toutes les personnes, pauvres et riches, sont vulnérables à ces menaces et qu'il est impossible de résoudre ces problèmes seuls. Il est donc essentiel de ne pas suivre la voie des égoïsmes nationaux, mais plutôt de rechercher à unir nos efforts et à faire preuve de solidarité.
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a déclaré que la pandémie est devenue le plus grand problème de la planète depuis la Seconde Guerre mondiale, soulignant que le monde a maintenant besoin de solidarité, au moment où la maladie touche nos sociétés, en faisant des victimes et en privant les gens de leurs moyens de subsistance. En termes d'ampleur des pertes et de la destruction, il est bien sûr impossible de comparer la pandémie avec la Première ou la Seconde Guerre mondiale, mais les effets sur la politique et l'économie, la société et la conscience humaine sont tout à fait comparables.
Malheureusement, il n'était pas en notre pouvoir d'empêcher un tel cas de force majeure, qu'il s'agisse de maladies dangereuses, de changements climatiques ou de catastrophes naturelles, mais, comme le montre l'histoire, l'humanité peut accomplir beaucoup lorsqu'elle est unie et que les hommes politiques arrivent à mettre de côté leurs différences.
L'UIP a été fondée il y a 130 ans et beaucoup de nos Membres ont vécu les tragédies et la brutalité de la Seconde Guerre mondiale. Nous aurions dû en tirer les leçons et pourtant, d'une manière ou d'une autre, les discours de haine et le nationalisme du passé reviennent sur la scène internationale. Nous devons relever de nouveaux défis avec la pandémie qui frappe nos économies et nos systèmes de santé, mais notre responsabilité va encore plus loin : en tant que représentants du peuple, en tant que parlementaires qui croient en la coopération internationale, en tant que Membres de l'UIP avec nos principes et nos valeurs, cette urgence exige beaucoup plus de nous. Nous devons être la voix qui appelle à une solution commune et à un dialogue accru. Et, surtout, après la pandémie, nous devons défendre nos démocraties et lutter pour que soient rapidement levées toutes les mesures limitant les libertés et les droits de l'homme. Hier et aujourd'hui : Pour la démocratie. Pour tous.
Gabriela Cuevas, Présidente de l'UIP