Skip to main content
Opinions

La démocratie triomphe, une fois encore

US capitol

Clearing the damage inside the US Capitol building early on 7 January 2021. OLIVIER DOULIERY / AFP

Le 6 janvier 2021, le monde entier a assisté avec horreur à la terrible attaque d'une foule contre le bâtiment du Capitole des États-Unis. Le Congrès était en session, accomplissant le rituel habituellement calme et ordonné de confirmation des résultats des élections et de certification de la victoire de Joe Biden et Kamala Harris. Le danger pour la démocratie était bien réel et physique, et les parlementaires se réfugiaient partout où ils le pouvaient, beaucoup craignant pour leur vie.
 
L'incrédulité soulignait l'horreur. Le transfert pacifique du pouvoir à la suite des élections est l'un des piliers des systèmes démocratiques. Comment cette situation a-t-elle pu se produire aux États-Unis, un pays que d’aucuns considèrent comme un modèle de démocratie ? Qu'est-ce que cela signifie pour les idéaux démocratiques ?
 
Cet outrage à la démocratie a plutôt mis en évidence sa véritable fragilité. Ce qui souligne qu’on ne peut pas la prendre pour acquise et qu’elle doit être protégée et entretenue en permanence. Si cela a pu se produire aux États-Unis, cela pourrait se produire n'importe où. Les sombres événements qui ont eu lieu au Myanmar nous rappellent que toute avancée dans la construction d'un système démocratique est susceptible d'être annulée.
 
Mais ces événements ont également confirmé la résilience de la démocratie. Malgré la tentative d'usurpation de la volonté électorale du peuple, la démocratie n'a pas cédé. Ses institutions fondamentales et l'état de droit ont prévalu. Cette résilience a été rapidement illustrée lorsque les parlementaires américains se sont réunis quelques heures plus tard pour accomplir leur devoir constitutionnel de décompte des votes des grands électeurs, confirmant de ce fait les vainqueurs de l’élection présidentielle de novembre.
 
La démocratie est le seul système de gouvernance en mesure de s'autocorriger. Le système a plié, mais a résisté, comme le prouve l'inauguration qui a suivi et la transition en douceur du pouvoir le 20 janvier. Avec un autre système, le résultat aurait pu être bien différent.
 
Ce que nous avons découvert après la prise d'assaut du Capitole des États-Unis touche au cœur de la mission de l'UIP, qui consiste à donner aux parlements et aux parlementaires les moyens de promouvoir la paix, la démocratie et le développement durable. Il est utile de se rappeler la devise de l’UIP, "Pour la démocratie, pour tous", et de se référer à la Déclaration universelle sur la démocratie adoptée par ses Parlements membres en 1997. Ce texte en 27 points souligne la force du système de gouvernance démocratique en tant qu'idéal universellement reconnu, fondé sur des valeurs communes partagées par tous les peuples.
 
La Déclaration a vu le jour pendant la lente implosion de l'empire soviétique, lorsque certains analystes prédisaient la "fin de l'histoire". Mais de nouveaux pays ont émergé de l'ex-Union soviétique et d'ailleurs, alors que les régimes autoritaires perdaient la protection de leur superpuissance et s'effondraient. Ces changements ont souvent donné naissance à de nouvelles démocraties qui répondent mieux au désir des peuples de disposer d'une forme de gouvernement plus efficace et plus équitable.
 
L'UIP renforce les capacités des parlements à défendre la démocratie, et vise à protéger les parlementaires partout dans le monde, notamment grâce à son mécanisme unique de protection et de défense. Comme l'attaque contre le Congrès des États-Unis l'a montré, le métier de parlementaire peut être l'un des plus dangereux au monde. Aucun législateur ne devrait craindre pour sa vie et aucun ne devrait avoir à se mettre à l'abri d’émeutiers dans son bureau.
 
Chaque année, l'Union interparlementaire enregistre de plus en plus de cas de parlementaires en danger ou victimes de violences, généralement ceux qui critiquent le pouvoir en place. Et chaque année, nous voyons comment la démocratie peut triompher contre toute attente. Comme un phénix, elle renaît sans cesse, elle se relève, tout en restant la forme idéale de gouvernance – du peuple, pour le peuple et par le peuple.
 
L'UIP est la seule organisation parlementaire internationale qui s'occupe de ces questions, notamment grâce au travail soutenu de son Comité des droits de l'homme des parlementaires. Le Comité recommande de prendre des mesures, fait part de ses préoccupations et présente des demandes d’informations, ce qui contribue, tout au moins, à empêcher que les violations des droits de l'homme des parlementaires ne passent inaperçues.
 
Comme toujours, nous croyons en la force de la démocratie. Pour la démocratie. Pour tous.
 
Duarte Pacheco, Président de l’UIP
Martin Chungong, Secrétaire général de l’UIP