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Temps forts de la Conférence mondiale en ligne sur l'e-parlement 2021

En juin, le Centre de l'UIP pour l'innovation au parlement a organisé la 9e Conférence mondiale sur l'e-parlement, qui s'est déroulée pour la première fois en ligne en raison de la pandémie de COVID-19. Cette conférence de trois jours a attiré 650 participants représentant 119 parlements nationaux, ainsi que des parlements régionaux et sous-nationaux, des ONG et les milieux universitaires. Elle a rencontré un grand succès auprès des participants, qui ont été 95 % à la considérer comme une réussite, 57 % comme une grande réussite et plus de 90 % à estimer qu'ils aimeraient poursuivre la discussion dans le cadre de conférences futures.

Organisée autour de thématiques, la Conférence s'est penchée sur des sujets tels que l'évolution vers le parlement numérique, les services permettant aux parlementaires de travailler sur les supports numériques, les données, l'infrastructure et l'intelligence artificielle (IA). Outre les segments officiels de la conférence, il était possible de participer à 11 séances d'anticonférence et à des groupes de travail chargés d'élaborer de nouveaux guides rapides, mais aussi de visionner 19 vidéos présentant l'expérience de parlements.

La principale considération qui s'est imposée à l'issue de ces trois jours de réunion a été que les parlements sortaient changés de la pandémie et changés d'une façon qui, pour difficile qu'elle ait été à vivre, les avait fait progresser et avait accéléré leur modernisation.

Nous avons connu cinq années d'innovation en cinq mois.

Derek Dignam, Parlement irlandais (Oireachatas)

Cette thématique s'appliquait à tous les parlements et les avantages pour les parlementaires ont aussi été bien résumés en soulignant que les réunions à distance présentent des avantages qui vont au-delà de l'urgence de la pandémie.

[Mes collègues] souhaitent continuer à travailler à distance et en format hybride (...) parce que cela signifie que nous pouvons avoir des témoins du monde entier.

Lord Tim Clement-Jones, Chambre des communes britannique

Les outils numériques permettent aux parlements de continuer à fonctionner et le travail des services informatiques est fondamental à cet égard. Les TIC ne sont désormais plus dans les coulisses, mais sous le feu des projecteurs, car elles sont essentielles au fonctionnement du parlement. Il faut maintenant mettre l'accent sur les solutions permettant aux parlements de s'appuyer sur cette innovation rapide pour maximiser les perspectives de modernisation.

Nous avons l'intention de conserver plus de 85 % des innovation et des modes de fonctionnement actuels (...) le parlement en ligne n'est pas près de disparaître.

Michael Mukuka, Parlement zambien

Cet accent sur la transformation numérique ne suffisait pas à certains participants. Les intervenants de la Conférence ont fréquemment souligné que ce qui doit retenir notre attention n'est pas tant le numérique en tant que tel, mais la transformation de l'activité parlementaire et la façon dont les parlements s'adaptent à ces nouveaux modes de fonctionnement et transforment leur culture pour les intégrer. Les conséquences se font sentir dans toute l'institution et la hausse du nombre de réunions et de la quantité de travail réalisé en ligne influent non seulement sur l'infrastructure, mais aussi sur les personnes concernées.

Le passage au télétravail et aux applications en nuage suscite des défis sur le plan de la sécurité. Le Parlement de l'Ile Maurice a évoqué l'augmentation du profil de risque, les systèmes étant désormais plus exposés, ainsi que la nécessité pour les parlements de réévaluer leur vulnérabilité dans ce domaine.  Développant ce point, Sindiswa Ngcingwana, spécialiste de la gouvernance des TIC au Parlement sud-africain, a conclu que le recours à l'informatique en nuage de la part du parlement exige de réaliser de gros efforts de protection et de gouvernance des données, notamment en matière de classement des données et de mise à jour des politiques régissant l'accès aux données, leur conservation et leur suppression. Il faut aussi gagner la confiance des utilisateurs, y compris les parlementaires et le personnel parlementaire, et impliquer les parties prenantes dans le processus de planification, afin que le passage à l'informatique en nuage ne soit pas considéré comme un "projet informatique", mais bien comme un "projet professionnel" conforme à la stratégie du parlement et susceptible de présenter des avantages tangibles contrastant avec les risques perçus.

Si le numérique et les TIC permettent aux parlements de fonctionner, les données sont la clé. Il a été dit lors de la Conférence que les données parlementaires ont changé. Elles ne se limitent plus aujourd'hui à un rôle de soutien des activités parlementaires mais deviennent cruciales, non seulement pour le parlement en tant que tel, mais aussi pour les programmes en faveur de l'ouverture et de la transparence qu'il instaure. Les données doivent donc être rendues utiles et utilisables et les parlements doivent réfléchir au rôle qui leur incombe dans la transformation des données en connaissances.

Pour être réellement ouvertes [les données] doivent être ouvertes à la participation, ouvertes aux citoyens.

Bruno Bazzana Chambre des députés de l’Argentine

Maria Baron, de Directorio Legislativo, a rappelé que la participation devait aller dans les deux sens. Elle considérait que les parlements savaient mieux partager leurs idées, mais ne progressaient pas suffisamment dans l'autre sens, à savoir écouter les avis des citoyens. Lorsque les citoyens collaborent avec leur parlement, le volume d'information peut être complexe. Le Parlement néo-zélandais a évoqué les efforts qu'il déploie pour élaborer des outils d'analyse qualitative s'appliquant aux contributions reçues par les commissions, afin que les parlementaires puissent avoir une vision précise de ce que le public communique.

L'intelligence artificielle était le sujet émergent de cette année. Le dernier Rapport mondial sur l'e-parlement révèle que 10 % des parlements font appel à l'IA sous une forme ou une autre. Bien que ce domaine soit nouveau, des tentatives voient le jour et les parlements commencent à se lancer. Patricia Almeida, représentante de la Chambre des députés brésilienne, a expliqué pourquoi l'intégration de l'IA dans la procédure législative ne diminuait ni n'éliminait le rôle joué par les parlementaires. Il s'agit en réalité d'une aide fournissant des informations de haut niveau. Elle a néanmoins ajouté que la gestion de l'IA requérait des politiques, qui devaient être totalement transparentes et responsables. Ce nouveau domaine va prendre de plus en plus d'importance et les parlements ont encore beaucoup à y apprendre.

Progressons ensemble et échangeons nos approches.

Peter Reichstädter, Parlement autrichien

Il s'est agi de l'un des messages clés, non seulement concernant l'IA et non seulement de part de la Conférence en tant que telle, mais en tant qu'enseignement tiré des 18 mois de pandémie. Les parlements fonctionnent mieux quand ils collaborent en innovant et en mettant en œuvre ensemble des solutions et des pratiques nouvelles. Les groupes de travail organisés par les pôles du CIP pour élaborer de nouveaux guides rapides en ont fait la démonstration. Parmi les participants, 98 % ont déclaré souhaiter continuer à prendre part aux travaux du CIP et de ses pôles.