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Focus sur le Sahel

Article de fond UIP #1

Touché par six coups d'État au cours des deux dernières années, le Sahel faisait l'objet d'une attention particulière lors de la 147e Assemblée de l'UIP en Angola, notamment le 25 octobre dans le cadre du deuxième Sommet parlementaire mondial sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Si les coups d'État sont le signe de graves défaillances en matière de gouvernance, ils ne peuvent en aucun cas constituer une solution à long terme pour la région, déjà soumise à une très forte pression du fait des changements climatiques, de la pauvreté et du terrorisme.

L'UIP a condamné ces coups d'État à mesure qu'ils se sont produits. Mais au-delà des condamnations, que peuvent faire l'UIP et ses partenaires pour s'attaquer à ce nouveau cercle vicieux de l'instabilité politique, de l'insécurité et d’une pauvreté croissante ?

"Pour les habitants de la région, les priorités absolues sont la nourriture, l'eau et la sécurité", a déclaré Martin Chungong, Secrétaire général de l’UIP. "Pour le reste du monde, les enjeux sont également considérables : cette région se trouve à l'épicentre de problèmes mondiaux tels que les changements climatiques, le terrorisme, la croissance démographique et les déplacements de population."
"Je me suis engagé pour apporter ma modeste contribution et faire en sorte que mon pays retrouve la paix et le calme", a déclaré M. Ousmane Bougouma, Président de l'Assemblée législative de transition du Burkina Faso depuis septembre 2022. "Chaque matin, je me lève, je regarde mes enfants et je me demande ce que sera leur vie demain, alors que des groupes terroristes armés s'emparent peu à peu de mon pays et que nous sommes confrontés à une instabilité sans précédent."

Études de cas

Guinée

Le premier dirigeant démocratiquement élu de Guinée, le Président Alpha Condé, était au pouvoir depuis 11 ans lorsqu'un coup d'État l'a soudainement renversé. Dans la matinée du 5 septembre 2021, des forces spéciales ont fait feu dans la capitale, Conakry, puis ont pris d'assaut le palais présidentiel pour capturer le Président.

Le chef du coup d'État, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, a annoncé via les médias publics qu'il était le nouveau dirigeant du pays, accusant M. Condé de corruption et de mauvaise gestion. La pandémie et la hausse du prix du pain avaient durement frappé le pays, tandis que les changements constitutionnels du Président Condé, qui lui avaient permis de briguer un troisième mandat, avaient également été très mal accueillis par la population.

Alors que la Guinée est l'un des plus grands fournisseurs mondiaux de bauxite (minerai utilisé pour produire de l'aluminium), près de 48 % de la population guinéenne se trouvait en dessous du seuil de pauvreté au moment du coup d'État.

Après le coup d'État, le lieutenant-colonel Doumbouya a rapidement chargé le Conseil national de transition de mener des consultations pour déterminer l'orientation générale du pays.

Mali

Aux prises avec des insurrections djihadistes dans le nord et le centre du pays, le Mali a connu deux coups d'État entre août 2020 et mai 2021. Tous deux ont été menés par Assimi Goïta, officier militaire et chef du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), la force militaire qui a pris le pouvoir lors du premier coup d'État après des semaines de manifestations contre le gouvernement en place.

Le Président Ibrahim Boubacar Keïta ne parvenait pas à faire face à la violence armée, à la corruption, à la pandémie de COVID-19 et à la dégradation de l'économie du pays. Sa destitution, qui a donné lieu à la mobilisation de soldats sur des pick-up, à des échanges de coups de feu et même à un déploiement de chars d'assaut, a été accueillie avec un soulagement généralisé.

Le second coup d'État a bénéficié d'un soutien populaire beaucoup moins important. Il s'est produit quelques heures seulement après l'annonce d'un nouveau cabinet qui excluait deux chefs militaires importants, et les observateurs ont considéré qu'il ne s'agissait guère plus que d'un coup de force.

S’agissant de l’avenir, le Mali sera confronté à la conjonction redoutable de trois phénomènes, à savoir les changements climatiques, la croissance démographique et une insécurité persistante.

Niger

Malgré ses vastes réserves d'uranium, le Niger est l'un des pays les plus pauvres d'Afrique. C’est également un acteur clé dans la région, car il a des frontières communes avec sept pays, dont le Burkina Faso et le Mali.

Aussi, la forte insécurité régnant dans le pays, aggravée par une situation économique déjà désastreuse, a conduit à un coup d'État le 26 juillet 2023.

Ce jour-là, des membres de la garde présidentielle, dirigés par le général Omar Tchiani, ont isolé le palais présidentiel de Niamey et séquestré Mohamed Bazoum, à la tête du pays depuis décembre 2020.

La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), les États-Unis, la France et les Nations Unies ont tous fermement condamné le coup d'État. Du fait que, comme au Burkina Faso et au Mali, la junte représentait une alternative populaire au gouvernement précédent, un bras de fer s'est engagé entre la junte nigérienne et la CEDEAO, qui a menacé d'intervenir militairement si le président déchu n'était pas rétabli dans ses fonctions.

Ignorant les injonctions de la CEDEAO, la junte a nommé un premier ministre, M. Ali Mahaman Lamine Zeine, qui a mis en place un gouvernement de transition.

Déjà confronté à un taux de pauvreté extrêmement élevé (44 %, selon les données de la Banque mondiale), le Niger doit maintenant faire face aux sanctions économiques qui lui ont été imposées par la communauté internationale à la suite du coup d'État.