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Margaret Mensah-Williams, Namibie

Margaret Mensah-Williams : "J'ai participé à l'histoire et, aujourd'hui, 
cela m'apporte un bonheur et une paix immenses de contribuer à préparer 
d'autres femmes." ©UIP

Margaret Mensah-Williams : "J'ai participé à l'histoire et, aujourd'hui, cela m'apporte un bonheur et une paix immenses de contribuer à préparer d'autres femmes." ©UIP

Margaret Mensah-Williams se souvient encore du choc qu'elle a ressenti lorsqu'étant enfant elle a vu des hommes qui portaient un numéro autour du cou, à l'époque de l'apartheid en Namibie. Poussée à s'investir en politique, elle a ensuite fait date dans l'histoire en devenant la première femme à accéder à la vice-présidence de la chambre haute du Parlement. Mme Mensah-Williams dirige aujourd'hui le Comité de coordination des femmes parlementaires de l'UIP.

C'est le fait d'avoir vu des hommes appelés par le numéro qu'ils portaient autour du cou et non par leur nom qui a éveillé la conscience politique de Margaret Mensah-Williams. Elle avait 10 ou 12 ans à l'époque, l'époque où la Namibie était en proie à l'apartheid imposé par la domination sud-africaine.

"Dans la petite ville où j'ai grandi, il n'y avait rien d'autre à faire que d'aller voir passer le train le dimanche soir. C'était notre sortie de la semaine", se souvient-elle.

"Le train transportait des hommes noirs venus du nord, des travailleurs migrants. Les Blancs, qui étaient les oppresseurs de l'époque, attendaient debout et les appelaient : "Numéro 5, numéro 20, etc.

"Ces hommes portaient un numéro autour du cou. Cela m'a scandalisée. Je me souviens d'avoir demandé à mon père : "Pourquoi n'ont-ils pas de nom ? Que se passera-t-il quand ils mourront ? Leur famille ne sera pas au courant, car ils n'ont pas de nom".

"Cela m'a poussée à agir et je me suis dit : "Un jour je serai parlementaire". C'est là qu'est née ma vocation", dit-elle.

La couleur de peau était une question fondamentale lorsque Margaret Mensah-Williams était enfant. Son père avait une ascendance noire et sa mère des origines métissées. "Je ne comprenais pas pourquoi les gens demandaient à qui étaient les enfants avec lesquels mon père se promenait, alors j'ai commencé à poser des questions", se souvient-elle.

C'est au collège que Mme Mensah-Williams a commencé à militer. "Certains de nos enseignants étaient des militaires qui venaient en classe avec un pistolet," dit-elle. A l'époque, il y avait aussi des enseignants noirs fraîchement diplômés qui encourageaient les élèves à défier le système en séchant les cours et en refusant l'enseignement de seconde catégorie réservé aux Noirs.

Par la suite, elle a rallié les rangs de la SWAPO, qui se battait pour l'indépendance, et s'est exilée en Afrique du Sud où elle a appris le sens des mots courage, force et détermination. Elle se souvient de ces femmes qui se couchaient sur les routes avec leurs enfants pour obtenir l'ouverture des écoles et des universités aux citoyens noirs.

"Les rues étaient prises d'assaut par d'énormes camions blindés et la police nous aspergeait de gaz lacrymogène et nous tirait dessus avec des balles en caoutchouc, mais ces femmes ont dit  aux policiers qu'ils devraient passer sur le corps de leurs enfants pour venir jusqu'à nous,"