Paroles de parlementaires est une nouvelle rubrique du site web de l'UIP dans laquelle des parlementaires commentent des questions clés au cœur de la démocratie parlementaire aujourd'hui.
Raphael Igbokwe, parlementaire à la Chambre fédérale des représentants du Nigéria, Président du Forum des jeunes parlementaires du Nigéria et ancien membre du Forum des jeunes parlementaires de l'UIP, inaugure cette rubrique.
L'UIP a interviewé Raphael Igbokwe dans le cadre de la Journée internationale de la jeunesse (12 août). Celui-ci a été co-auteur de l'une des deux propositions de loi Not Too Young to Run promulgués en mai par le Président Muhammadu Buhari. Ces lois réduisent à 35 ans l'âge auquel les jeunes peuvent se présenter aux élections présidentielles, à 30 ans pour les postes de gouverneur et de sénateur, et à 25 ans pour devenir membre de la Chambre des représentants ou de la Chambre d'assemblée des Etats.
UIP : Quelle est la valeur ajoutée des jeunes en politique ?
R.I. : Les jeunes apportent leur sens de l'innovation et de la créativité à des institutions qui ont parfois besoin de sang neuf et d'idées nouvelles. Ils peuvent également agir en tant que groupe de pression au parlement afin de demander des comptes au gouvernement et à l'exécutif. Il est important que leurs voix soient entendues pour s'assurer que les politiques et les lois qui changeront l'avenir ne sont pas adoptées sans le concours de ceux qui seront les plus touchés. Enfin, comme les jeunes sont généralement plus à l'aise avec la technologie que leurs aînés, ils communiquent mieux et plus rapidement avec l'électorat, ce qui est crucial en cette période de déconnexion entre les gens et leurs institutions.
UIP : Quels sont les obstacles qui empêchent les jeunes d'entrer au parlement ou en politique ?
R.I. : Dans de nombreux pays, il existe des obstacles juridiques qui empêchent les jeunes d'entrer en politique. C'est pourquoi les lois Not Too Young to Run qui viennent d'entrer en vigueur dans mon pays sont une première étape importante pour faire participer davantage de jeunes au processus politique. Malheureusement, ils devront encore surmonter d'autres obstacles. Les barrières culturelles, par exemple : dans de nombreux pays africains, on croit généralement que la politique s'adresse aux générations plus âgées – en fait, celles-ci dominent l'espace politique. Des obstacles financiers empêchent également les jeunes de se lancer en politique. Le coût de l'entrée en politique ou de l'élection au parlement est élevé en Afrique. Par exemple, lorsque je me suis présenté pour la première fois à l'Assemblée fédérale, c'est ma communauté qui m'a aidé à trouver les fonds nécessaires pour faire campagne et remporter les élections.
UIP : Que peuvent faire les parlements pour mieux accueillir les jeunes ?
R.I. : Ils peuvent faire beaucoup de choses. Par exemple, les parlements peuvent soutenir la création de groupes de jeunes ou de forums qui permettent aux jeunes d'interagir les uns avec les autres. Ils peuvent organiser une semaine des jeunes pour expliquer ce que font les législateurs et pourquoi c'est important pour les jeunes. Ils peuvent encourager la création de parlements et de conseils de jeunes à travers le financement budgétaire et la législation. Ils peuvent soutenir la législation relative aux jeunes et poser des questions liées aux jeunes au gouvernement. Enfin, ils peuvent établir des programmes de parrainage pour les jeunes au parlement.
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Le Forum des jeunes parlementaires de l'UIP a été créé pour encourager la représentation des jeunes dans les parlements et pour faire en sorte que les jeunes parlementaires jouent un rôle plus actif dans les travaux des parlements. Sa Présidente actuelle est Mme M. Osoru, parlementaire ougandaise.