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Actualités en bref

La pandémie de l'ombre : la violence à l'encontre des femmes en politique

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Le 25 novembre, Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, l'UIP et la Fondation Kofi Annan ont organisé un webinaire avec des acteurs clés afin d'évaluer les réponses politiques qui ont apporté des résultats en matière de violence à l'encontre des femmes en politique.

Le webinaire Élimination de la violence à l'encontre des femmes en politique : ce qui marche ou pas a permis de réunir les personnalités suivantes : Martin Chungong, Secrétaire général de l'UIP, Carmen Alanis, ancienne Présidente du tribunal électoral du Mexique, Anita Bhatia, Directrice exécutive adjointe à ONU Femmes et Hilary Gbedemah, Présidente du Comité CEDEF. Cet événement a été dirigé par la modératrice Corinne Momal-Vanian, Directrice exécutive de la Fondation Kofi Annan.

Les participants se sont exprimés sur le fait que la violence à l'encontre des femmes en politique s'apparente à une volonté délibérée de les intimider pour les empêcher de participer à la vie politique. Cette situation est confortée par l'idée selon laquelle les femmes politiques doivent être particulièrement tenaces car, sinon, elles n'ont rien à faire dans ce milieu.

Les intervenants ont débattu des origines de ce problème au sein même des partis politiques. Ces derniers tendent à ne pas présenter de candidates car ils partent du principe qu'elles ne peuvent pas gagner ou bien à cantonner ces dernières à des campagnes impossibles à gagner.

“La violence à l'encontre des femmes en politique représente une menace pour la démocratie”, a déclaré Martin Chungong, Secrétaire général de l'UIP. “Il ne saurait y avoir de démocratie sans les femmes. Il ne suffit pas de dénoncer la violence contre les femmes : il faut agir. Les parlements doivent montrer l'exemple et mettre en pratique leurs prises de position. Il faut qu'ils s'assurent qu'il n'y a pas de harcèlement au parlement et que les femmes peuvent y travailler dans un environnement sûr.”

Mme Alanis, qui a présenté à la Fondation Kofi Annan son Rapport sur la violence à l'encontre des femmes en politique, a déclaré que, pour éliminer ce fléau, il fallait se poser les questions suivantes : pourquoi les femmes se heurtent à des obstacles dans l'exercice de leurs droits politiques et électoraux ? Pourquoi est-ce que ce problème n'est toujours pas traité par les États ? Est-ce que les modèles actuels de justice s'attaquent efficacement à ce type de violence.

Les participants ont débattu des solutions susceptibles d'éliminer la violence à l'encontre des femmes en politique. Le thème de la sensibilisation est revenu plusieurs fois : pour répondre à ce type de violence, il faut d'abord que les gens comprennent qu'il y a un problème. L'accent a également été mis sur la nécessité de mettre en place des cadres juridiques et des mécanismes efficaces pour signaler les cas de violence de sorte que les femmes sachent qu'elles seront soutenues. Les parlements peuvent faire des études pour évaluer la situation, puis élaborer des politiques pour y répondre, par exemple en votant des lois pénalisant cette violence, comme l'a fait la Bolivie. Les Lignes directrices pour l’élimination du sexisme, du harcèlement et de la violence à l’égard des femmes dans les parlements proposent de nombreuses solutions de ce type.

L'accès à la justice est crucial pour éliminer la violence contre les femmes et Mme Gbedemeh a souligné que la justice devait être accessible, disponible, de bonne qualité et abordable, qu'il s'agisse de ses durées de traitement ou de ses retombées.

Ce type de violence concerne non seulement les sociétés mais également les pays. Pour comprendre ce phénomène, les données sur la violence contre les femmes, en particulier en politique, sont importantes. Mme Bhatia a appelé à des investissements dans ce type de données. Mettre en relation ces données avec le PIB et la croissance économique pourrait permettre de savoir comment la violence à l'encontre des femmes en politique influe sur les économies.

À l'ombre de la pandémie de COVID-19 se cache une pandémie de violence contre les femmes et ce problème doit être pris en compte dans le processus visant à reconstruire en mieux. Ce type de violence n'est pas à traiter au niveau des ménages car il nécessite une solution relevant de la politique publique. La stratégie de relance post-pandémie doit également comporter des directives sur la participation égale des femmes aux processus décisionnels.