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Profils

Amina Zouabi, Jordanie

Amina Zouabi, ancienne sénatrice jordanienne, trouve des raisons d’optimisme dans les possibilités qui sont offertes aux femmes de son pays – malgré la persistance des conceptions traditionnelles. Elle exhorte les femmes à lutter pour le changement avec des armes telles que l’éducation et la culture. Le texte qui suit est extrait d’un entretien plus long réalisé le 6 juin 2013 et publié (en anglais) sur le site d’iKnow politics.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les femmes qui veulent participer à la vie politique en Jordanie ?

La participation des femmes de Jordanie à la vie politique progresse, même s’il subsiste des obstacles que nous travaillons à lever.

Certains de ces obstacles sont liés à la législation qui ne permet pas aux femmes de participer de manière égalitaire à la politique. Par exemple, la loi électorale actuelle ne garantit pas aux femmes les mêmes possibilités de participation qu’aux hommes et les lois qui régissent les partis politiques ne favorisent pas la participation des femmes.

A cela s’ajoute la mentalité générale de la société. Des progrès ont certes été réalisés dans ce domaine mais l’idée persiste que le rôle de la femme se limite au travail traditionnel, aux emplois de fonctionnaire et aux tâches de mère à la maison.

Néanmoins, les progrès et les changements enregistrés sur ce front appellent à l’optimisme et traduisent une certaine évolution des mentalités.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui souhaitent faire de la politique ?

Je pense que les jeunes – qui sont majoritaires dans notre société – sont les futurs chefs de nos sociétés. De ce fait, il est essentiel que les jeunes femmes investissent toutes les sphères de la vie publique – en adhérant à un parti politique ou en rejoignant des organisations de la société civile.

Je leur conseille aussi de ne pas se laisser arrêter par les obstacles qui peuvent se présenter, quels qu’ils soient, ni de se contenter du statu quo actuel. Elles doivent se battre avec les armes de l’éducation et de la culture.

Les médias sociaux ont-ils joué un rôle important dans votre expérience de parlementaire ?

Je pense que les réseaux sociaux en ligne sont extrêmement importants et sont indispensables à l’époque actuelle en raison de la vitesse à laquelle ils peuvent diffuser un message ou une information et aussi en raison de leur capacité d’influence sur l’opinion publique – laquelle peut être aussi bien positive que négative.

Pour un parlementaire, ces plates-formes permettent de nouer des contacts et contribuent à établir une relation de confiance avec les électeurs de sa circonscription. Ces réseaux ont été très importants pour moi. Je fais appel à ma famille ou à des amis pour diffuser mes messages sur ces réseaux.

Il est important d’utiliser des réseaux de type Facebook et Twitter et utiliser l’un ne dispense pas d’utiliser les autres. Plus on emploie d’outils et plus on a de possibilités de diffuser son message et c’est comme ça qu’on fait changer les choses.

A votre avis, ces outils ont-ils joué un grand rôle dans le “printemps arabe” ?

Je pense que ces plates-formes ont joué un rôle important dans le processus de transition démocratique de la région. On a pu voir leur influence dans les révolutions égyptienne et tunisienne.

Ces réseaux sont aussi très utilisés en Jordanie et ils influent globalement sur la volonté/l’évolution politique.

En Jordanie, cette influence ne s’oriente pas vers une révolution, au sens d’un renversement du régime, mais plutôt vers ce que nous appelons une révolution “blanche” – un processus de réforme. Ces outils jouent un rôle très important dans la demande de changement.

Les Jordaniens veulent des réformes et des mesures anti-corruption, et ces réseaux représentent une importante plate-forme de mobilisation, d’organisation et de diffusion des informations sur ces questions. Les réseaux sociaux sont aussi importants pour l’expression de ce désir de réforme que pour l’expression des parlementaires.