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Opinions

Opinion : Utiliser le pouvoir des parlementaires pour améliorer la santé et le bien-être des femmes, des enfants et des adolescents

Pediatric clinic in Viet Nam

Service de pédiatrie à Ho-Chi-Minh-Ville, Viet Nam. © GODONG / BSIP

Article d'opinion rédigé par Helga Fogstad, Directrice exécutive, Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant (PMNCH), et Martin Chungong, Membre du Conseil du PMNCH et Secrétaire général de l'UIP.

En cette Journée mondiale de la Santé, qui se déroule durant la  plus grave pandémie que nous ayons connu depuis la grippe de 1918, nous devons garder à l’esprit à quel point la bonne santé de la population est importante dans le fonctionnement de nos sociétés. L’épidémie actuelle de COVID-19 aura des conséquences importantes sur la santé et au niveau socio-économique. Le manque de données ventilées par sexe relatives à l’épidémie actuelle n’empêche pas les acteurs de la santé au niveau mondial d’attirer l'attention sur les vulnérabilités des femmes et des filles dans le contexte des perturbations de l'approvisionnement mondial en contraceptifs, des risques accrus liés à leur rôle de dispensatrices de soins, des risques de violence potentiellement accrus et des problèmes liés à la santé mentale. Les crises exacerbent les inégalités et mettent en danger les femmes, les filles et les autres groupes vulnérables. Aujourd'hui, nous devons œuvrer main dans la main pour que la santé des femmes, des enfants et des adolescents reste une priorité.

Les parlementaires du monde entier ont une responsabilité en ce qui concerne l'amélioration des résultats en matière de santé et jouent un rôle important à cet égard. Sans eux, nous ne pourrons pas réussir. C'est pourquoi l'UIP et le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant (PMNCH) appellent ensemble toutes les parties prenantes à intensifier leurs efforts et à collaborer avec les parlementaires pour parvenir à une couverture sanitaire universelle, en donnant la priorité aux femmes, aux enfants et aux adolescents.

Où en sommes-nous ?

Malgré les progrès louables réalisés depuis 2000, qui se traduisent notamment par une réduction de 29 pour cent de la mortalité maternelle et de 43 pour cent de la mortalité infantile, les femmes, les enfants et les adolescents sont toujours confrontés à des défis sanitaires considérables, devenus plus complexes ces dernières années en raison de la charge croissante des maladies non transmissibles. Aujourd'hui, 295 000 femmes et 5,9 millions d'enfants de moins de 5 ans continuent de mourir chaque année de causes largement évitables, et si davantage d'enfants survivent à leurs jeunes années et atteignent l'adolescence, ils connaissent des problèmes de santé majeurs liés aux affections maternelles, à la santé mentale, à la toxicomanie et aux accidents. En outre, ces progrès n'ont pas été égaux d'un pays à l'autre et au sein même des pays – le sort des personnes dépend de plus en plus de l'endroit où elles vivent, de leur niveau de richesse, de leur sexe et des écoles qu'elles fréquentent, lorsqu’elles ont la chance d’aller à l’école.

L'amélioration des résultats en matière de santé des femmes, des enfants et des adolescents dépendra en grande partie de systèmes de santé fonctionnels reposant sur un personnel de santé compétent, motivé et soutenu, qui est en mesure de garantir l'accès à des services appropriés de la plus haute qualité au moment et là où ils sont nécessaires. Les infirmières et les sages-femmes jouent un rôle essentiel dans la prestation des services de santé. Elles représentent plus de 30 pour cent du personnel, sont responsables de la fourniture de la majeure partie des soins de santé primaires et sont souvent le premier et le seul contact médical au niveau local. L'Organisation mondiale de la Santé a estimé que neuf millions d'infirmières et de sages-femmes supplémentaires seront nécessaires pour parvenir à la couverture sanitaire universelle d'ici 2030.

Les engagements des parlementaires

Les parlementaires peuvent contribuer à l'amélioration du bien-être des femmes, des enfants et des adolescents. Ils adoptent des lois, approuvent des budgets et mobilisent des ressources, assurent un contrôle visant à garantir que le gouvernement rend des comptes de manière transparente, encouragent l'action multisectorielle, veillent à la mise en œuvre des engagements mondiaux au niveau national et favorisent la participation des électeurs au discours politique.

Les parlementaires sont clairement déterminés à améliorer la santé de la population. En 2012, l'UIP a adopté une résolution inédite, intitulée L'accès à la santé, un droit fondamental : quel rôle les parlements peuvent-ils jouer pour garantir la santé aux femmes et aux enfants ? (actualisée par un addendum en 2017), puis, en 2019, la résolution Réaliser l'objectif de couverture sanitaire universelle d'ici 2030 : le rôle des parlements pour garantir le droit à la santé.

Dans ces résolutions, les parlementaires ont demandé que des services de santé de qualité pour les femmes, les enfants et les adolescents soient disponibles, accessibles, abordables et acceptables. Ils ont prié les États d'allouer davantage de ressources au recrutement du personnel médical et à l'équipement des établissements de santé. Les parlementaires, quant à eux, se sont engagés à utiliser leurs fonctions en vue de créer un environnement juridique et financier favorable qui permettra d'appuyer une main-d'œuvre efficace au service des femmes, des enfants et des adolescents, et à demander des comptes au pouvoir exécutif afin que celui-ci s’efforce d’obtenir de meilleurs résultats en matière de santé.

De nombreux exemples démontrent que les parlementaires contribuent considérablement à l'amélioration de la santé, notamment en soutenant le renforcement des piliers du système sanitaire et notamment le personnel médical. En Tanzanie, par exemple, les parlementaires ont joué un rôle important en veillant à ce qu'au lieu d'être fermés, les centres de santé les moins efficaces des zones rurales reçoivent un soutien sous forme de subventions peu élevées qui les aident à améliorer leurs résultats[1]. En Ouganda, en 2012, le Parlement a bloqué le budget national et a forcé le Gouvernement à augmenter le budget de la santé afin de garantir la disponibilité des personnels médicaux dans les centres de santé de base.

Placer les parlementaires au cœur du programme pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents

Reconnaissant l'importance du leadership des parlementaires dans l'amélioration des résultats en matière de santé, l'UIP et le PMNCH ont publié conjointement un nouveau guide sur la santé des femmes, des enfants et des adolescents, qui fournit un cadre axé sur l'action pour appuyer les parlementaires dans leurs processus décisionnels. Ce guide est un outil important pour le renforcement des capacités des parlementaires en matière de santé.

Outre les instruments de connaissance tels que le guide, l'UIP et le PMNCH proposent également des mesures de sensibilisation et des ateliers de renforcement des capacités, mais il convient d'accroître l'engagement concret à long terme dans le cadre de partenariats multipartites.

Les faits indiquent qu’il est possible d’accroître le rythme et l'efficacité des efforts des parlementaires pour améliorer les résultats en matière de santé grâce aux partenariats multipartites nationaux et infranationaux qui facilitent leur accès aux données et aux informations ainsi qu'aux modèles de lois. Par exemple, une étude de cas récente montre la manière dont un partenariat pluridisciplinaire en Italie, qui incluait des femmes parlementaires, a pu réduire les taux d'accouchement par césarienne.

La collaboration entre l'UIP et le PMNCH, qui peut compter sur plus de 1 000 organisations partenaires dans le monde entier, se concentre de plus en plus sur la création de ces partenariats pour changer réellement la vie des femmes, des enfants et des adolescents. En ces temps d'incertitude, nous demandons instamment à la communauté mondiale de la santé de suivre cette même voie. Nous demandons également aux parlementaires de donner suite à leurs engagements en faveur de la couverture sanitaire universelle et de l'amélioration de la santé des femmes, des enfants et des adolescents. Leur contribution est plus que jamais nécessaire.

 


[1]    Talhiya Yahya et Mohamed Mohamed (2018), Raising a mirror to quality of care in Tanzania: the five-star assessment, section Comment, The Lancet, vol. 6, numéro 11, p. 1155.