Dimanche 6 février est la Journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines (MGF). Toutes les 10 secondes, quelque part dans le monde, une fille est victime de MGF. Quatre millions de filles courent le risque d'être excisées chaque année. Bien que les MGF puissent mettre la vie des femmes en danger, elles restent profondément ancrées dans certaines sociétés. Cette pratique ancienne qui, contrairement aux croyances populaires, n'est prônée par aucune religion, expose les jeunes femmes à des risques irréversibles pour la santé reproductive. L'Afrique centrale et de l'Ouest comprend 17 des 27 pays africains où sont pratiquées les MGF, et plus de 40 millions de filles et de femmes ont subi des MGF dans la région. En Sierra Leone, le taux de prévalence des MGF au niveau national est de 86,1 pour cent.
En juillet 2021, le Groupe parlementaire de la Sierra Leone sur les mutilations génitales féminines s'est une nouvelle fois réuni, grâce au soutien de l'Union interparlementaire, pour défendre sa vision d'une nation dans laquelle les femmes et les filles seraient libérées des MGF sous toutes leurs formes.
Des efforts antérieurs en vue d’ériger ces actes en crimes n'ont pas abouti. L'intention de pratiquer des MGF est plus fréquente parmi les femmes qui ne sont pas instruites, les jeunes femmes, ainsi que les femmes appartenant aux catégories de revenus les plus modestes.[i] La question ne doit toutefois pas être appréhendée de manière trop simpliste et les interventions visant à mettre un terme aux MGF doivent porter sur les normes et le contexte social élargis.
Le Groupe parlementaire sur les MGF soutenu par l’UIP a été créé pour garantir la continuité du travail de renforcement des capacités et pour servir de vitrine aux efforts pour mettre un terme aux MGF, conformément à l'Objectif de développement durable 5, qui vise à instaurer l'égalité des sexes et à autonomiser les femmes et les filles. Ce Groupe parlementaire a pour mission de servir de relais à la Sierra Leone pour mettre un terme aux MGF. Pour les trois années à venir, il aura comme objectif global de dialoguer avec les parties prenantes, de produire des connaissances communes et de nouer des partenariats par le biais de consultations et d'auditions parlementaires.
La Sierra Leone n'a pour l'instant pas de loi interdisant explicitement les MGF à l'échelon national et les punissant. Cette pratique a lieu à l'occasion de la cérémonie initiatique au cours de laquelle les jeunes femmes deviennent membres de la Société Bondo. Cette société, qui existe depuis des centaines d’années et qui a joué un rôle majeur en Afrique de l’Ouest, est une société secrète féminine, groupe exclusivement réservé aux femmes et dirigé par des femmes, organisé selon l'origine ethnique et porteur de valeurs culturelles et politiques fortes. La cérémonie d'initiation sanctionne le passage d'une fille au statut de femme dans sa communauté. Les MGF sont le premier acte posé au cours de la cérémonie.
Faire évoluer l'attachement à une pratique profondément enracinée et sa perception n'est pas une mince affaire. Le Groupe parlementaire œuvrera dans un esprit de dialogue, en s'appuyant sur les responsabilités parlementaires que sont la représentation et le contrôle. À court terme, le Groupe parlementaire n'a pas l'intention de proposer des lois interdisant les MGF, car ses membres veulent dans un premier temps convaincre à l'échelon national qu'il est possible d'éliminer les MGF tout en assurant la pérennité de la pratique du Bondo et en lui préservant sa valeur.
Au cours de ce mois de février auront lieu, avec le concours de l'UIP, des séminaires de formation visant à préparer les 60 membres du Groupe parlementaire à leur mission de sensibilisation et de dialogue avec d'autres parlementaires et dirigeants politiques concernant l'abandon de la pratique des MGF dans leurs régions et districts. Les membres du Groupe parlementaire développeront également les connaissances et les compétences requises pour mener avec les Chefs suprêmes et les Soweis (exciseuses) des consultations visant à déterminer comment séparer la pratique des MGF du Bondo.
À l'occasion de la Journée internationale de tolérance zéro à l'égard des MGF, l'UIP réitère son engagement à soutenir le Groupe parlementaire et le Parlement de la Sierra Leone dans son ensemble dans leurs efforts pour mettre un terme aux MGF.