Les Pôles du CIP pour l'Afrique australe et pour les parlements hispanophones ont organisé, le 12 mai et le 19 juin respectivement, une visioconférence Zoom à l'intention de leurs parlements membres[1]. Les directeurs et les cadres supérieurs des services informatiques assistaient à ces réunions, qui visaient à faciliter l'échange de connaissances entre les parlements des deux régions respectives, plus particulièrement pour ce qui est des projets TIC en cours ou prévus relatifs au télétravail, aux réunions en ligne et aux plateformes de vote permettant de faire face à la pandémie de COVID-19 et aux bouleversements qu'elle a entraînés dans les activités parlementaires. La réunion de l'Afrique australe, organisée par l'hôte du pôle, à savoir l'Assemblée nationale de la Zambie, comptait avec la participation de M. Boemo Sekgoma, Secrétaire général du Forum parlementaire de la CDAA. La réunion du Pôle hispanophone, organisée par la Chambre des députés du Chili en sa qualité d'hôte du pôle, a bénéficié du soutien de l'UIP et de l'Institut national démocratique (NDI).
Au cours de ces deux réunions, le Centre pour l'innovation au parlement de l'UIP a présenté une vue d'ensemble de l'enquête actuellement en cours dans le cadre de la campagne de l'UIP intitulée Les parlements en période de pandémie. Cet aperçu a été suivi de brèves interventions des parlements des pôles, qui ont donné des précisions concernant l'état actuel de l'activité parlementaire, notamment les réunions plénières et des commissions, le déploiement éventuel de solutions de télétravail et de visioconférence, la gestion du télétravail et la mesure dans laquelle le cadre légal de l'activité parlementaire facilitait l'adoption des mesures susmentionnées. Une séance de questions/réponses animée est venue conclure ces réunions.
Les réunions ont permis de mettre en évidence des points saillants, parmi lesquels :
- Les bouleversements offrent des perspectives formidables en matière d'innovation. Les dirigeants parlementaires sont plus que jamais impliqués dans la réflexion autour de l'innovation et connaissent de mieux en mieux les problématiques numériques.
- La majeure partie des parlements sont confrontés au même défi, qui consiste à préserver la continuité des activités parlementaires et à mettre en œuvre des solutions permettant le télétravail et les visioconférences. Un grand nombre des services informatiques des parlements se trouvent à l'une ou l'autre des étapes suivantes : évaluation, acquisition et mise à l'essai des plateformes puis élaboration de procédures d'exploitation, intégration de fonctionnalités parlementaires supplémentaires (p. ex. registre des présences, vote, ordre de prise de parole, gestion du temps) et examen/amendement du règlement intérieur.
- Il y a beaucoup de points communs dans les solutions mises à l'essai et mises en œuvre. Les plateformes de télétravail telles que MS Teams et Zoom sont les plus fréquemment utilisées, mais d'autre solutions, telles que Cisco WebEx et Jitsi, sont aussi tentées.
- L'inclusion est une priorité. Dans les deux régions, en effet, certains parlementaires doivent se connecter à partir de régions reculées, où la connexion Internet est de mauvaise qualité. Les parlements tentent de trouver des solutions en offrant de meilleurs services vocaux et de données. D'autres se tournent vers le modèle hybride, dans lequel les parlementaires les moins bien connectés se rendent au parlement et siègent dans des pièces plus petites réparties dans le bâtiment pour respecter la distanciation sociale, tandis que les autres participent aux réunions depuis leur domicile (p. ex. depuis la capitale ou les grandes villes). Les réunions ont quoi qu'il en soit lieu en ligne.
- Tels sont les enseignements tirés au fur et à mesure du déploiement des dernières innovations. Les solutions de visioconférence sont relativement conviviales pour les parlementaires, mais elles exigent néanmoins beaucoup de support technique dans d'autres domaines, notamment les modes de connexion aux systèmes parlementaires ou l'utilisation des appareils. D'autres " problématiques nouvelles" apparaissent, parmi lesquelles la gestion de l'image et de la réputation électroniques des parlementaires (c.-à-d. la bonne impression à donner lors des réunions en ligne) et les solutions permettant de mener des réunions en ligne bien structurées.
- Les réunions des commissions se déroulent en format réduit en raison du respect de la distanciation sociale et des mesures sanitaires.
- Les parlements ayant assisté à la réunion ont estimé indispensable de mettre en commun leurs connaissances en matière de télétravail et de visioconférences (outils et pratique). Les pôles régionaux tenteront d'y contribuer, mais de façon plus structurée, par le biais des groupes WhatsApp déjà existants.
- Le vote à distance est de loin la plus grande difficulté et les solutions techniques doivent garantir la sécurité et l'intégrité (c'est-à-dire le caractère vérifiable) de la procédure de vote. Toutefois, le vote peut au départ se dérouler très simplement (s'il est bien réglementé), par exemple en brandissant des cartons de couleur (exemple du Paraguay). À long terme, il faudra assurer une intégrité majeure à la procédure de vote.
- Enfin, les hauts responsables des services informatiques sont unanimes à dire qu'il n'y aura pas de retour en arrière. Plusieurs administrations étudient des solutions à long terme exigeant une transformation numérique profonde, qui repose sur les piliers du parlement numérique que sont la signature électronique et les solutions et procédures de mise à disposition de documents en ligne.